Lincoln



Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.






Si l’on regarde d’un peu plus près la filmographie de Steven Spielberg, on remarque que celui-ci a toujours adoré faire des grands écarts entre le cinéma de divertissement (Jurassic Park, Indiana Jones, Tintin, Jaws, ET etc.) et les chroniques historiques (Schindler's List, Amistad, Saving Private Ryan, War Horse). Même à la télévision, ce dernier oscille entre les deux: il produit à la fois des séries de science-fiction (Terra Nova ou encore Taken) et des sagas sur la seconde guerre mondiale (Band of Brothers, The Pacific et bientôt des épisodes sur la force aérienne). Le réalisateur est à la fois le roi incontesté et incontestable de l’entertainment hollywoodien et un cinéaste passionné de l’Histoire.
Pour le cinéphile et fan inconditionnel que nous sommes, Spielberg et Lincoln, c’en était devenu une Arlésienne. Cela fait facilement dix ans, si pas plus, que le metteur en scène d’Amistad et de The Color Purple prépare un biopic sur le seizième président des Etats-Unis. Aujourd’hui, c’est désormais chose faite. Le film sobrement intitulé "Lincoln" est sorti en salle ce mercredi 23 janvier. Que faut-il en retenir ? Que c’est davantage une leçon d’Histoire dispensée par Steven Spielberg plutôt qu’un cours de cinéma. Avec une mise en scène paresseuse et on ne peut plus classique, le papa d’E.T. se concentre sur les enjeux de la ratification du treizième amendement qui a mis fin à l’esclavage. Séduit par le personnage, sa caméra ne le quitte pas d’un poil. Sa fascination pour Abraham Lincoln transpire dans toutes les scènes. Sans angélisme ni manichéisme, Spielberg dépeint un président qui n’hésitait pas à "faire la chattemite" pour arriver à ses fins. D’ailleurs, la fin justifie-t-elle les moyens? Le républicain s’est posé la question. D’autres belles interrogations politiques sur la démocratie traversent ce film.
Et pour incarner le président mais aussi l’époux et le père dans ce qui est avant tout un portrait intime, Steven Spielberg a choisi le meilleur comédien qui soit: Daniel Day-Lewis (Gangs of New-York, There Will Be Blood). Comme à l’accoutumée, l’Anglais livre une performance incroyable qui vaut son pesant d’Oscar. Rentrera-t-il dans l’Histoire du septième art comme le premier acteur à recevoir trois sésames? Réponse le 24 février prochain. A ses côtés, d’autres pointures du cinéma brillent de mille feux. Tommy Lee Jones notamment. Celui-ci impressionne dans les joutes oratoires. Il mérite de repartir avec le fameux trophée en tant que «supporting actor» tout comme Sally Field, également nommée. David Strathairn ou encore James Spader excellent eux aussi. Joseph Gordon-Levitt aurait pu s’illustrer si seulement Spielberg lui avait donné de la matière. Son personnage est sacrifié sur l’autel du montage final.
Le scénario est passionnant, pour autant qu’on s’intéresse un tant soit peu sur cet épisode sombre de le l’Histoire des Etats-Unis, et tient en haleine nonobstant les deux heures et demie du métrage. Un rien longuet et un chouïa trop mou, Lincoln souffre en sus de sa facture fort académique ce qui le laisse à distance du chef d’œuvre espéré. Il n’en reste pas moins un très bon film!

Note: ★★★
Critique: Professeur Grant

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