Flight
Whip Whitaker, pilote de ligne chevronné, réussit miraculeusement à faire atterrir son avion en catastrophe après un accident en plein ciel… L’enquête qui suit fait naître de nombreuses interrogations… Que s’est-il réellement passé à bord du vol 227 ? Salué comme un héros après le crash, Whip va soudain voir sa vie entière être exposée en pleine lumière.
Après une décennie de délires
numériques en «performance capture» où le cinéphile a pu côtoyer le très bon (A
Christmas Carol), le vraiment moyen (Beowulf) et le super décevant (The Polar
Express), Robert Zemeckis revient enfin au film «live» avec Flight, une fiction
qui ressemble étrangement, sur certains points, à son précédent métrage en
prises de vue réelles, Cast Away: un crash aérien, un homme face à la solitude,
une performance d’acteur…
Le point de départ est captivant
et suscite l’intérêt jusqu’au bout malgré la durée abusive du film (2h20).
Une tendance en ce moment dans les salles obscures, voyez plutôt: Django
Unchained (2h45), Zero Dark Thirty (2h40), Lincoln (2h30), Les Misérables (2h30)…
L’histoire: un commandant de bord expérimenté - formidable Denzel Washington –
effectue un atterrissage d’urgence improbable avec son avion en perdition et
sauve de facto la vie de quasi tous les passagers. Mais très vite, son statut
de héros national est remis en cause suite à une commission d’enquête qui
révèle ses déboires avec l’alcool. C’est que durant la traversée, le gaillard
était chargé comme pas deux avec un savoureux cocktail de vodka orange et de
coke qui se trimbalait dans son corps. Plus qu’un récit sur un crash aérien,
Flight aborde l’alcoolisme, l’orgueil, l’autodestruction et la rédemption. Des
thèmes joliment traités grâce à un Denzel Washington qui trouve là un rôle à sa
parfaite démesure.
Qu’on se le dise, Bob Zemeckis, illustre
artisan du septième art, est en outre un formidable conteur d’histoire. Un peu
à la manière de son ami Steven Spielberg. Et comme son pote, il lui arrive
parfois de s’égarer, ce qui n’enlève rien à son génie. A propos de Flight, on
regrettera par exemple ses mauvais choix narratifs notamment lors du prologue.
Le réalisateur a la fausse bonne idée d’opérer des allées et venues entre la
situation dans l’avion et une chronique sur un personnage secondaire, une
junkie interprétée par Kelly Reilly. La tension dramatique à peine installée
dans la séquence de l’accident est brisée par ce montage-parallèle inefficace.
Il aurait été également plus judicieux de s’intéresser sur l’aspect plus
technique de l’investigation plutôt que de construire une romance bancale entre
le pilote et la toxicomane. L’avocat incarné par un toujours très bon Don
Cheadle méritait davantage d’espace à l’écran que celui de la droguée.
En substance, Flight décolle
fortement avec une scène d’introduction ahurissante, poursuit sa traversée en
pilotage automatique avec un rythme de croisière qui manque singulièrement de
turbulences pour relancer l’intérêt et atterrit platement avec un final attendu
et une morale bien-pensante. Un Zemeckis mineur au regard de sa filmographie
qui contient quelques œuvres cultes comme la trilogie Back to the Future,
Forest Gump ou encore Who framed Roger Rabbit?
Note: ★★★
Critique: Professeur Grant
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