Upside Down


Dans un univers extraordinaire vit un jeune homme ordinaire, Adam, qui tente de joindre les deux bouts dans un monde détruit par la guerre. Tout en luttant pour avancer dans la vie, il est hanté par le souvenir d’une belle jeune fille venant d’un monde d’abondance : Eden. Dans cet univers, son monde se trouve juste au-dessus de celui d’Adam - si près que lorsqu’il regarde vers le ciel, il peut voir ses villes étincelantes et ses champs fleuris. Mais cette proximité est trompeuse : l’entrée dans son monde est strictement interdite et la gravité de la planète d’Eden rend toute tentative extrêmement périlleuse.






Au sortir de la grande salle des Bozar qui diffusait jeudi dernier l’avant-première belge d’Upside Down dans le cadre du trente-et-unième festival du film fantastique de Bruxelles (BIFFF pour les intimes), c’était la déception qui se faisait sentir. Dans d’autres mains, ce long-métrage aurait pu être un monument de science-fiction. On ose à peine imaginer une telle œuvre retravaillée par les Wachowski par exemple. Si l’on fait fi de la myriade d’incohérences qui parsème le film, si l’on se montre d’une extrême tolérance par rapport à la kyrielle de scènes «cul-cul con-con», on peut se laisser bercer par cette histoire ultra simple et sans gros suspens qui reprend peu ou prou la trame de Roméo et Juliette.

Mais, qu’on se le dise, le scénario chétif déçoit et n’ambitionne rien d’autre que le divertissement doucereux. Un récit alourdi par de trop nombreuses séquences «niaiseuses» comme diraient nos amis québécois. Pourtant le concept est hallucinant et l’idée de base plutôt originale. Les effets-spéciaux sont corrects et la mise en scène atteint par moment des sommets d’art visuel. 

Le problème, c’est que Juan Solanas est davantage un peintre voire un photographe plutôt qu’un réalisateur. S’il affiche une virtuosité indéniable dans la réalisation des plans dont certains s’apparentent à de somptueuses compositions picturales, l’Argentin éprouve nettement plus de difficulté à filmer les interactions entre les acteurs. Il a manifestement du mal à rester en place et s’oblige à mettre constamment sa caméra en mouvement voulant absolument donner une dimension artistique à certaines séquences là où finalement la sobriété était préférable. On a d’ailleurs souvent la méchante impression que le réalisateur se regarde filmer avec une complaisance qui frise le ridicule. Insupportable!

Côté casting, Jim Sturgess s’en tire bien. Normal, il est talentueux. Et Timothy Spall, lui, restera à jamais un second rôle de choix. Par contre, on a bien du mal à éprouver une quelconque empathie pour le personnage joué par Kirsten Dunst, une actrice particulièrement éteinte ces dernières années. Seul son rôle (prix d’interprétation à Cannes) dans Melancholia de Lars Von Trier la sauve de l’oubli. Mais jusque quand?

En définitive, on aurait préféré que le film soit plus intimiste, moins démonstratif, qu’il ait une portée plus métaphysique que romantique sans toutefois virer dans le délire philosophico-soporifique The Fountain réalisé par Darren Aronofsky. Bref, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. Reste une œuvre d’une beauté plastique saisissante qui ravira les pupilles mais qui décevra les neurones.

Note: ★★
Critique: Professeur Grant

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