Only God Forgives



À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue.
Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers.
Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics…







Avec Nicolas Winding Refn, il faut toujours se méfier. Le cinéphile n’est jamais à l’abri d’un faux-pas de la part du réalisateur. Le Danois peut vous pondre un quasi chef-d’œuvre kubrickien (Bronson) tout comme il peut vous balancer à la figure un sombre navet prétentieux (Valhalla Rising). Malheureusement, avec Only God Forgives, on lorgne davantage du côté obscure de sa filmographie.

Ceux qui s’attendent à un «Drive 2» vont être déçu. Le réalisateur s’est retranché dans son cinéma le plus expérimental. Conscient de l’impact de son propre style, le metteur en scène se fout complètement du récit qu’il est censé nous conter et investit tous ses efforts dans la forme. Seul compte l’esthétique, par ailleurs fortement inspiré de Gaspar Noé (Enter The Void). Et, il est vrai, de ce point de vue-là, le film est une véritable leçon de cinéma. La mise en scène stylisée y est flamboyante.

Seulement, d’une histoire de vengeance qui tient sur une ligne, le cinéaste nous en sort une fiction d’une heure trente. Comment a-t-il fait? Il n’y a pas trente-six solutions. Refn ralentit les images de son court-métrage pour en faire un long. Tout, absolument tout est en slow-motion! Les personnages parlent lentement, marchent lentement, courent lentement, se battent lentement… On les surprend même à respirer lentement! Voilà l’ingénieux système utilisé pour passer d’un matériau de 40 minutes à un long-métrage d’une heure trente. Ce n’est pas sorcier en fin de compte! Et le pire, c’est que nous exagérons à peine…

Comme il n’y a rien à raconter, il n'y a forcément rien à dire. Hé oui, Only God Forgives possède autant de lignes de dialogues que The Artist, le film muet multi-oscarisé avec Jean Dujardin. Ryan Gosling y est, une fois n’est pas coutume, mutique. Il n’est même pas en mode Drive, ni Driver mais bien Drivest: c’est Drive puissance dix. On ne peut pas parler de jeu d’acteur étant donné qu’il n’a rien à jouer. Il se contente alors de balader son air de chien battu à divers endroits de Bangkok. Seule Kristin Scott Thomas tire son épingle du jeu et trouve de la matière pour son personnage de mère blonde platine aux intentions vindicatives. On peut quelque part parler de performance car on se doute que Nicolas Winding Refn a donné son scénario sur un timbre-poste...

On a la méchante impression que Refn s’auto-parodie. Son neuvième long-métrage ne décolle jamais. Pis, tout ce qu’il avance tombe à plat. Même ses sursauts d’ultraviolence pour réveiller le spectateur enfoui dans un état léthargique ne fonctionnent pas. On rigole plus qu’autre chose lors des scènes de torture. Aucune crainte, aucune empathie, aucun intérêt. Claquemuré dans son symbolisme abscons, le Danois livre au final un film ésotérique réalisé pour son bon plaisir plutôt que pour celui d’une quelconque audience. En substance: un nanar de luxe!

Note:
Critique: Professeur Grant

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