Les âmes de papier




Paul exerce un drôle de métier, il écrit des oraisons funèbres. Victor, son ami et voisin, ne sait plus comment s’y prendre pour le sortir de sa solitude. Un jour, Emma, une jeune veuve, fait à Paul une demande inédite : raconter son mari disparu à son fils de 8 ans. Mais, alors qu'une idylle se noue entre Paul et Emma, les fantômes du passé resurgissent…

Une histoire d’amour… et de revenants !






Visionné en avant-première en préambule de la conférence de presse du dernier ‘Be Film Festival’ début décembre, il était quasiment acquis que «Les âmes de papier», nouveau film du Bruxellois Vincent Lannoo, franc-tireur du cinéma belge, sortirait courant du mois, pile-poil à temps pour la période lucrative de Noël. Nenni! Si les premières projections ont effectivement eu lieu le 25 décembre dans l’hexagone, les distributeurs belges, eux, se montraient frileux et n’annonçaient pas encore de date de diffusion dans les salles obscures du royaume. Une situation ubuesque quand on se souvient de la maigrichonne offre cinématographique du moment: peu de contes fantastiques pouvaient se montrer en tant que concurrent redoutable hormis sans doute ‘The Secret Life of Walter Mitty’ de Ben Stiller. C’est donc avec étonnement que l’on voit cette fable débouler aujourd’hui sur les écrans noir-jaune-rouge.


Avec étonnement? Pas vraiment, en réalité. Les distributeurs ont profité de l’actualité "people" pour sortir dare-dare cette fiction déjà tombée aux oubliettes. C'est que le long métrage a accusé un flop cuisant au box-office français. Mais, ô chance!, ceux-ci ont pu bénéficier d'un événement extra-cinématographique inespéré: le "Closergate". En effet, ils se sont frottés les mains quand l’éminent magazine d’investigation journalistique à la déontologie irréprochable, le bien nommé 'Closer', a décidé d'ébruiter les irrévérencieuses affaires du triangle amoureux infernal François Hollande-Valérie Trierweiler-Julie Gayet. Car, effectivement, cette dernière tient le rôle féminin du film. Et voilà une publicité gratuite bienvenue qui devrait faire buzzer un tantinet cette production franco-belge qui, soi dit en passant, ne casse pas trois pattes à un canard. Merci qui? Merci 'Closer'!



L’histoire, teintée de surnaturel, tourne autour de Paul, incarné par l’excellent trublion du PAF Stéphane Guillon. Au contraire des autres humoristes qui, dès qu’ils sont à l’écran, en font des caisses (l'histrion Frank Dubosc qui n'en finit pas de cachetonner, l'imbuvable Kev Adams qui n'a rien à faire au cinéma, le duo Eric & Ramzy surjouant dans tous leurs films etc.) le chroniqueur drôlement cynique et impertinent, lui, est juste, sobre voire presque effacé. Autrement dit en phase avec son personnage traînant son regard de chien battu. Dans ce récit, le comédien exerce une profession particulière: il est auteur d’oraisons funèbres. Victor, son ami et voisin de palier (formidable Pierre Richard que l’on adore voir cabotiner assez bizarrement), ne sait plus comment s’y prendre pour le sortir de sa solitude. Mais un jour, Emma (Julie Gayet, donc), une jeune veuve, fait une demande inédite à Paul: raconter son mari disparu à son fils de huit ans. Mais, alors qu’une idylle se noue entre Paul et Emma, les fantômes du passé resurgissent…



Si on adhère au postulat fantastique, l’heure et demie peut sembler relativement plaisante. On peut même se laisser charmer par la distribution, la vraie surprise du film. Il faudra toutefois veiller à faire fi des faiblesses d’un scénario malingre et avare en humour. En sus, ce récit rachitique éprouve bien des difficultés à se situer entre le conte de Noël aux accents dramatiques ou la comédie douce-amère sur le deuil avec quelques sursauts d’humour noir. Et, au moment de conclure, le film s’étire en longueur, pontifie, les personnages palabrent et l’œuvre n'en finit plus de s'achever. Le spectateur reçoit une œuvre hybride, un mélange des genres disgracieux qui se trouve plombé par une mise en scène digne d’un téléfilm d’après-midi dominical. In fine, le cinéphile se dit que «Les âmes de papier» aurait dû être un court-métrage passionnant plutôt qu’un long en demi-teinte.


Note:
Critique: Professeur Grant

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