Yves Saint Laurent


Paris, 1957. A tout juste 21 ans, Yves Saint Laurent est appelé à prendre en main les destinées de la prestigieuse maison de haute couture fondée par Christian Dior, récemment décédé. Lors de son premier défilé triomphal, il fait la connaissance de Pierre Bergé, rencontre qui va bouleverser sa vie. Amants et partenaires en affaires, les deux hommes s’associent trois ans plus tard pour créer la société Yves Saint Laurent. Malgré ses obsessions et ses démons intérieurs, Yves Saint Laurent s’apprête à révolutionner le monde de la mode avec son approche moderne et iconoclaste.





Classieux. Le film ‘Yves Saint Laurent’ est une œuvre habillée de façon sublime. Classieux dans la mise en scène tout d’abord avec une jolie exécution, à la fois précise et cohérente, de la part de Jalil Lespert, le réalisateur au regard déjà très affûté sur son précédent long métrage «Des vents contraires». Le metteur en scène reconstitue avec précision les différentes époques traversées grâce à une direction artistique irréprochable. Il a en outre pu obtenir les robes authentiques provenant directement de la collection YSL. Voilà du bel ouvrage!
Classieux aussi dans l’interprétation, véritable atout majeur de cette super production hexagonale. En haut de l’affiche, deux sociétaires de la prestigieuse Comédie-Française, soit ce qui se fait de mieux en matière d’acteurs «made in France». A ma droite, Pierre Niney (vu précédemment dans la romcom mielleuse ‘20 ans d’écart’), alias Yves Saint Laurent. Méconnaissable, il parvient à se plonger entièrement dans le costume du jeune prodige de la haute-couture grâce notamment à un fabuleux travail de mimétisme sur la gestuelle et sur la voix du grand couturier. Sa prestation relève quasiment de l’incarnation tout comme celle de Guillaume Gallienne (à qui l’on doit le succès foudroyant de 2013 ‘Les Garçons et Guillaume, à Table’, à qui nous prédisons une future razzia lors de la cérémonie des Césars), à ma gauche, en Pierre Bergé, l’homme d’affaires amoureux, confident et souffre-douleur du génie de la mode.
Lespert réussit le pari de raconter avec sincérité une poignante histoire d’amour passionnée et passionnante faite de hauts et de bas sans pour autant tomber dans l’écueil de la mièvrerie. Il manque cependant le coche d’approfondir la révolution artistique (les choix esthétiques de YSL comme le clin d’œil à Mondrian), ainsi que l’évolution sociologique (la femme comme l’égale de l’homme – les smokings pour dames), deux thèmes indissociables qui ont traversé l’œuvre de cet esthète iconoclaste tourmenté par ses vices. Saluons toutefois l’audace de la production à lever le voile sur les nombreuses parts d’ombre du personnage: ses errances libertines et licencieuses, son addiction aux substances illicites, son mal-être face à l’Algérie de son enfance, son penchant maniaco-dépressif… Ses excès ne sont pas édulcorés ce qui fait de ce premier film sur Yves Saint Laurent - un autre titré ‘Saint Laurent’ avec le duo Gaspard Ulliel/Jérémie Renier verra le jour en automne prochain - un biopic crédible et non une hagiographie douceâtre.
Note:
Critique: Professeur Grant

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