Still Alice


Mariée, heureuse et mère de trois grands enfants, Alice Howland est un professeur de linguistique renommé. Mais lorsqu’elle commence à oublier ses mots et qu’on lui diagnostique les premiers signes de la maladie d’Alzheimer, les liens entre Alice et sa famille sont mis à rude épreuve. Effrayant, bouleversant, son combat pour rester elle-même est une magnifique source d’inspiration.






Ces dernières semaines, «Still Alice» a fait couler beaucoup d’encre dans la presse. Le film a fait parler de lui de manière positive avec l’Oscar décroché par la talentueuse Julianne Moore, enfin couronnée à sa juste valeur après une - déjà! - longue carrière marquée par des rôles exigeants. Une récompense amplement méritée pour la comédienne qui peut désormais se targuer d’avoir (enfin!) une statuette de l’Académie à pouvoir poser sur sa cheminée en guise de trophée. 



Mais après le succès vient l’infortune: le 10 mars dernier, le co-réalisateur Richard Glatzer décède des suites de la maladie de Charcot. Une bien triste publicité qui tombe cependant à pic, si l’on peut dire, soit en plein milieu de la promotion européenne. De quoi relancer l’intérêt des médias pour ce petit film indépendant.



En deux mots: la célèbre rouquine américaine joue le personnage d’Alice Howland, une mère de famille qui apprend qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer dans sa forme la plus précoce. Une épreuve pour cette linguiste universitaire qui en vient assez vite à perdre ses mots. La réalité tombe comme un couperet: la mémoire fout le camp. Commence alors pour elle un long combat afin de rester celle qu’elle était aux yeux de sa famille, rongée par une douloureuse affliction. 

Avec un tel matériau de base, on avait peur de basculer d’emblée dans le mélodrame démonstratif comme ceux qu’on peut subir en semaine sur Rtl-Tvi après le journal télévisé de 13 heures. Heureusement, les réalisateurs Richard Glatzer et Wash Westmoreland nous épargnent le misérabilisme et abordent la maladie et ses conséquences sur le noyau familial avec beaucoup de pudeur et de justesse dans le ton. 

Pas de trémolos dans les sentiments, pas de voyeurisme lié à la pathologie. Le tandem n’use pas (trop) d’artifices pleurnichards. Ici, les effets tire-larmes sont évacués au profit d’une subtile sincérité dans la démarche. Le scénario évite l’écueil du pathos gratuit et horripilant. Et grâce à la qualité de l’interprétation, les émotions sonnent justes. 

Bouleversante, divine et tout simplement exceptionnelle, Julianne Moore est l’atout majeur de cette fiction anxiogène et compassionnelle. Mais on aurait tort d’oublier le jeu brillant d’Alec Baldwin, second rôle de tout premier choix. A deux, ils donnent du corps à cette famille nucléaire qui va connaître un bouleversement inattendu et sans précédent dans sa propre histoire. 

Malheureusement, le film convainc nettement moins dans sa mise en scène, académique, plate et sans inspiration. A croire que les cinéastes ont oublié qu’ils destinaient leur film au circuit cinématographique. Outre sa facture exagérément scolaire, le choix de traiter le sujet depuis le seul point de vue de la mère de famille nous chipote. 

Ce faisant, Wash Westmoreland et Richard Glatzer ne laissent aucune place aux personnages secondaires. Les enfants sont ainsi écartés de l’histoire, or le thème des conséquences sur la famille est l’un des plus importants, si pas le principal moteur du récit. Kristen Stewart (Panic Room) mais surtout Kate Bosworth (21) et Hunter Parrish (Weeds) n’ont aucune occasion de les faire exister à l’écran. Du coup, certaines scènes manquent d’épaisseur et in fine d’intérêt. 

On ne comprend pas non plus pourquoi les scénaristes privilégient le personnage de Kristen Stewart, sans réel intérêt, plutôt que celui de Kate Bosworth qui méritait davantage d’attention, de par l’épreuve qu’il traverse. 

De belles qualités, de gros défauts. «Still Alice» est un joli film. Ni plus, ni moins. 

Note: 
Critique: Professeur Grant

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