Belle
Inspiré d’une histoire vraie, « Belle » place l’action en Angleterre, au XVIIIe siècle. Dido Elizabeth Belle, une métisse, fille illégitime d’un amiral de la Marine Royale, est élevée par son grand-oncle aristocrate et Président de la Haute Cour d’Angleterre, Lord Mansfield, et son épouse. Son héritage biologique lui accorde certains privilèges, tandis que la couleur de sa peau et l’étiquette l’empêchent de participer à toutes les activités sociales liées à son rang. Alors qu’elle se demande si sa situation lui permettra de jamais rencontrer l’amour, Belle rencontre Mr Davinier, fils de vicaire et idéaliste, qui souhaite changer le monde.
Derrière sa romance et son ancrage historique, « Belle » propose une réflexion sur la condition sociale, l’intégration, et se penche sur un volet de l’Histoire souvent occulté de nos jours.
Dès les premières minutes du film, nous nous trouvons dans un univers qui ressemble à celui de Jane Austen, et pourtant l’action se situe un siècle avant la publication de son tout premier roman. Cet univers, et l’apparition de Lady Mary Murray (Penelope Wilton, ‘Downton Abbey’) ont tout pour nous accrocher dès le départ.
Lady Mary est la « vieille » tante célibataire qui, au fil des mois, donnera à Belle et sa cousine Elizabeth les meilleurs conseils en matière de rencontre amoureuse. On retiendra notamment qu’il ne faut attendre aucun homme qui fait des promesses en l’air...
Mais revenons-en à notre héroïne, Belle. Déchirée entre ses origines africaines et britanniques, elle a bien du mal à trouver sa place dans la société ; mais à l’écran il n’y a aucun doute, Gugu Mbatha-Raw sait ce qu’elle fait. Elle nous livre une prestation tout en émotions et passion, mais malgré tout avec retenue. Il est clair que l’esclavage, même si elle n’y est pas confrontée directement, la touche droit au cœur et la saisit aux tripes. Son oncle Lord Mansfield (incarné par un Tom Wilkinson sans égal), Président de la Haute Cour d’Angleterre, se penche sur l’affaire du Zong. Il s’agit d’une sombre affaire, puisque sur ce navire négrier, environ 150 esclaves ont été tués. La « cargaison » étant malade, les propriétaires ont préféré les noyer, espérant toucher une prime d’assurance.
C’est là que John Davinier (Sam Reid, ‘The Railway Man’, ‘Whitechapel’) entre en scène. Fils de vicaire, il ne devrait pas pouvoir suivre une formation en droit auprès de Lord Mansfield ; il s’agit toujours d’une histoire d’étiquette. Mais cet idéaliste compte sauver le monde, et ce ne sont ni son rang, ni les normes sociales de l’époque, qui l’empêcheront de poursuivre son objectif. Sam Reid incarne la détermination mieux que tout autre sentiment. Tout en se liant d’amitié avec Belle, il réalise que l’affaire du Zong ne concerne pas que les esclaves, mais bien chacun.e : condamner les propriétaires du Zong permettrait-il à la société de faire un pas en avant ?
Côté casting, n’oublions pas de souligner l’apparition de Tom ‘Drago Malfoy’ Felton aux côtés de James Norton : les frères Ashford qui cherchent leur future épouse ne partagent pas la même vision du monde. Il y a là le « gentil » et le « méchant » (nous ne révélerons pas lequel est qui), tous deux tiraillés entre leur instruction, leur bon sens, et le qu’en-dira-t-on.
Au final, Amma Asante (‘A Way of Life’) réalise ici bien plus qu’une jolie romance historique. On se demande pourquoi ce film de 2013 arrive seulement maintenant sur nos écrans.
Note : ★★★
Critique : Choupette
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