Deadpool
Deadpool, est l'anti-héros le plus atypique de l'univers Marvel. A l'origine, il s'appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d'un humour noir survolté, Deadpool va traquer l'homme qui a bien failli anéantir sa vie.
Avec une filmographie peu ou prou chaotique ou s’entrecroisent le tout et surtout le n’importe quoi, Ryan Reynolds a rarement brillé sur le grand écran. Pour une performance digne de louanges dans «Buried», combien de navets, blockbusters ronflants (R.I.P.D., Safe House, Blade 3) ou comédies potaches et/ou romantiques (The Change-Up, The Proposition) a-t-on dû subir ? Beaucoup trop, pour être honnête. Le summum du nanar étant l’inévitable «Green Lantern», fiasco monumental, tant critique qu’économique, qui est parvenu à plomber une franchise dans l’œuf. Aux dernières nouvelles, Warner Bros. ne s’en remet toujours pas!
C’est qu’il en tire des
déconvenues le Canadien. Si bien qu’Hollywood lui donne de moins en moins sa
chance nonobstant son physique de beau gosse et sa dégaine facétieuse. A force
d’accepter n’importe quel premier script venu, par facilité, par cupidité ou
pour faire la roue devant des producteurs influents, le comédien s’est
finalement grillé les ailes et taillé une réputation de cossard. Même ses bons
films passent inaperçus comme les récents «Woman In Gold» ou «The Voices». Du
coup, pour se refaire, il a bataillé ferme auprès de la Fox afin que le studio mette
en chantier un spin-off de la saga lucrative «X-Men» centré sur le personnage
de Deadpool, rôle qu’il avait déjà endossé dans le catastrophique premier
«Wolverine»…
Ainsi, après maints
reports, le voilà enfin qui débarque dans les salles obscures. Précédé d’une
excellente promotion débutée dès l’entame du tournage, le résultat est conforme
aux attentes. A la fois déjanté et spectaculaire, «Deadpool» balance ad nauseam
des références cinématographiques «priceless» et des allusions sexuelles égrillardes
dans un fourre-tout d’humour noir corrosif et décomplexé. Le personnage,
rejeton rejeté de l’écurie Marvel, est une sorte de psychopathe polisson
conscient de jouer dans un long métrage, ce qui nous vaut des séquences
face-caméra et autres interpellations du spectateur des plus jouissives. Cette
figure atypique du monde des héros en costume moulant se moque de tout, de tout
le monde, à commencer par lui-même. Les initiés au genre super-héroïque et les aficionados
de l’acteur apprécieront d’ailleurs les nombreuses «private jokes».
L’autodérision, plutôt bienvenue, fonctionne à plein régime!
Licencieux et
particulièrement irrévérencieux, le mauvais goût est ici érigé en modèle avec
notamment quelques «punchlines» graveleuses à souhait et autres «money shots»
bien burnés. Action débridée, franc-parler grivois et gore à outrance parsèment
encore cette parodie transgressive où le rire est volontiers gras et souvent
placé en dessous de la ceinture. Si «Deadpool» se moque joyeusement des films
de super-héros et de leur formatage, on l’aurait aimé encore plus impertinent. Tim
Miller n’ayant pas encore sauté toutes les barrières. Pour la suite, le
réalisateur, qui signe ici sa première œuvre, devra oser davantage pour asseoir
son statut de «vilain petit canard» de Marvel. Cela dit, si le metteur en scène
ne convainc pas toujours dans ses velléités de casser les conventions, il
tourne suffisamment les codes du genre en dérision pour faire de cette «origins
story», certes classique dans sa structure et un peu brouillon dans son montage,
une fiction à la hauteur de ce protagoniste hors-norme.
En substance,
«Deadpool», ce n’est pas cher (50 millions d’euros de budget – à titre de
comparaison, «X-Men: Days of Future Past» dépasse les 200 millions), c’est sans
filtre (à ne pas mettre devant toutes les pupilles) et ça fait du bien dans un
genre qui commençait à tourner en rond. Fun.
Note: ★★★
Critique: Professeur Grant
PS: Au passage, ne
manquez ni le générique de début, ni la scène post-générique de fin. A se
rouler par terre !
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