Independence Day: Resurgence


La Terre est menacée par une catastrophe d'une ampleur inimaginable. Pour la protéger, toutes les nations ont collaboré autour d'un programme de défense colossal exploitant la technologie extraterrestre récupérée. Mais rien ne peut nous préparer à la force de frappe sans précédent des aliens. Seule l'ingéniosité et le courage de quelques hommes et femmes peuvent sauver l'humanité de l'extinction.



Roland Emmerich ('Stargate', 'Godzilla', 'The Day After Tomorrow', '2012') signe pour la première fois une séquelle. Panne d'inspiration ou réelle volonté de narrer un nouvelle histoire ?

'Independence Day : Resurgence' est la suite de 'Independence Day' ou 'ID4' (4 pour le 4 juillet) sorti en 1996. En vingt ans, il y a eu 'Avatar', 'Prometheus', 'District 9', 'Pacific Rim', 'The Force Awakens', et bon nombre d'autres films SF. Avec un budget de 75 millions $, 'Independence Day' fut le plus gros succès commercial de '96. 'Resurgence' fait-il mieux avec son scandaleux apport en stéroïdes (budget de près de 200M $) ?

Business is business… and the business is ugly ! On vous explique pourquoi. David Arnold, le compositeur qui avait signé la bande originale en '96, n'a pas été approché pour composer une suite. La Fox s'est approprié les musiques du compositeur. Pire : Mae Whitman – l'actrice qui jouait la fille du président Pullman – a elle aussi, été délaissée alors qu'elle connaît – à 28 ans – une carrière florissante. Pas assez jolie selon les « conventions » du studio, elle a été remplacée par une actrice de 23 ans jugée plus « sexy ».

Avec une production calamiteuse (4 jours d’arrêt de tournage) et une des stars (Will Smith) qui se retire du projet, la mise en orbite de 'Resurgence' tient plus de la gageure que de la partie de plaisir. Quid du casting ? Si l'absence de Will Smith sur l'affiche de 'Resurgence' reste floue, on peut deviner sans trop de mal cette séparation. Trop gourmand ? Pas assez nostalgique ? La faute à 'Suicide Squad' ? Will Smith s'est peut-être volontairement distancé de la SF après l'échec critique et public de 'After Earth' où il donna la réplique à son fils ?

Le reste du casting parvient-il à nous faire oublier le super-héro aux oreilles de Dumbo ?
Oui, incontestablement ! Enfiler un costume 20 ans après, ce n'est pas donné à tout le monde et force est de constater que Bill Pullman et Jeff Goldblum n'attendaient que ça ! Bill Pullman est comme un bon vin, il se bonifie avec l'âge. Quel charisme à l'écran ! Quel jeu d'acteur ! Il tire véritablement la couette vers lui dans cette grande orgie galactique qu'est 'Resurgence'. De l'autre côté, Jeff Goldblum – quoique plus discret que dans le premier film – donne la réplique avec une justesse et un ton qui font de lui l'un des acteurs les plus capables de sa génération. Rien que ça ! Sans surjouer, il se glisse à nouveau dans la peau de David Levinson, personnage qu'il avait pourtant rangé dans un vieux carton pendant deux décennies.

Judd Hirsch, qui interprète son père à l'écran, et Brent Spiner (Okun, le scientifique fou du premier volet) assurent la partie humoristique de ce film qui, rappelons-le, ne se prend pas trop au sérieux. Vivica Fox et Robert Loggia (le Général Grey dans 'ID4' mais surtout Frank Lopez dans 'Scarface') – malheureusement décédé en 2015 – reprennent eux aussi du service. Dans les « novi-arrivants », il y a l'excellent William Fichtner (Mahone, le « wrongdoer » de 'Prison Break'), la délicate Charlotte Gainsbourg – plutôt crédible – ainsi que Liam Hemsworth. D'autres jeunes acteurs relativement inconnus au bataillon gonflent les rangs : Maika Monroe, Jessie T. Usher et l'actrice/ modèle/ chanteuse « Angelababy ».

Résurgence : synonyme de reprise et, par extension, de résurrection. Tout est dans le titre. Pas un « reboot » mais plutôt une véritable suite. Nouveaux joujoux, nouvelles idées, plus de moyens, une tornade de CGI dernier cri, Emmerich s'en donne à cœur joie. Cela suffit-il ? 'ID4' avait – dès sa sortie en '96 – modernisé le « disaster movie » en inoculant une touche extra-terrestre et en empruntant aux films de « série B » cette façon de faire exploser les monuments célèbres.

Les « MONSTER-incohérences » mises à part (un coma de 20 ans voit un patient sauter de son lit ; un énorme vaisseau alien qui devrait en toute logique altérer la rotation de la Terre se pose tranquillement – telle une feuille sur un lac – sur notre bonne vieille planète ; immunologie es-tu là ? ; le Dr Okun, ou la résurrection inattendue, etc) et un paquet de vieux clichés semblant sortir d'outre-tombe (le seigneur de guerre africain représenté machette à la main), 'Resurgence' présente des qualités. En plus d'un casting talentueux, on apprécie bien évidemment les références au premier volet (photo du capitaine Hiller dans un casier, portraits des héros de la nation à la Maison Blanche, certaines répliques rappelant 'ID4', etc).

La pièce maîtresse du film, même si elle aurait pu être encore plus étayée, c'est son message (pas vraiment politiquement engagé mais il n'empêche… ). Les aliens nous envahissent pour s'approprier les richesses de la Terre. Ils ne montrent aucune considération pour la planète et en veulent uniquement aux ressources de celle-ci. Une attitude qui n'est pas sans rappeler notre mode de vie. Si on met de côté les aliens, soit le côté science-fiction, que reste-t-il sinon la Terre… et nous ?

« Dans une guerre, il n'y a pas de gagnants, il n'y a que des perdants . » Cette citation de Chamberlain semble s'appliquer ici aussi tant la Terre semble subir de lourds dégâts. Dégâts qui paraissent, sur bien des plans, irréversibles.
Moins réussi que le premier dans son plan d'ouverture, 'Resurgence' reste dans la même veine que son précurseur, avec encore plus de patriotisme américain, plus d'explosions et moins de sensibilité. « Cheesy », ce film-pas-à-prendre-trop-au-sérieux se veut aussi un passage de flambeau d'une génération à une autre. Cocktail détonnant de rythme, d'action et d'humour, le film mixe habilement grandeur et fun. Exercice pour lequel le réalisateur est passé maître dans l'art ! Pas vraiment la sortie de route annoncée pour ce postépisode.

Avec 'Independence Day', il est clair que la Fox tente de trouver un remplaçant à Star Wars, franchise perdue au profit de Disney. La formule invasion de petits hommes verts fonctionne-t-elle encore ? Peut-être serait-il sage de la laisser au frais (dans la Zone 51 ?) pendant vingt années de plus, afin de ne pas accoucher d'une deuxième séquelle prématurée et par la même occasion ternir cette trilogie en devenir ?

Note : 
Critique : Goupil
Relecture: Choupette

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