Wiener-Dog



Le portrait d'un teckel et de tous ceux auxquels il apportera un bref instant de bonheur.   
 



Et si Todd Solondz – enfant terrible du cinéma américain – accouchait avec 'Wiener-Dog' d'un de ses meilleurs films. Et si, a contrario, le réalisateur avait « un poil » perdu de son intelligence corrosive ?
Prenez un teckel poil ras. Faites-en le sujet de ce qui s’apparente à une farce. Un film dans lequel il passerait (à première vue) pour le protagoniste principal. Une pseudo-comédie dans laquelle quatre familles vont accueillir ledit protagoniste. « Pseudo » car le réalisateur n'essayerait-il pas plutôt d’utiliser une diversion (par exemple… un chien saucisse) afin de passer la société américaine à la loupe pour mieux dénoncer ses travers ? On relèvera ainsi la quête de l'hyper-fonctionnalité. À la moindre malfonction, il faut jeter et remplacer. Cadeau empoisonné, vendetta personnelle, visites intéressées : tout – ou presque – se retrouve disséqué.
Vous l’aurez compris, le teckel n’est pas le sujet de ce film mais plutôt le moyen ; l'excuse pour s’intéresser à des personnages et à leurs vices.
Présenté sous forme de vignettes, 'Le Teckel' (titre adopté chez nous) s'offre le luxe d'une pseudo-entracte loufoque sur fond de musique texane (‘The Ballad of the Wiener-Dog’). Il fallait oser et Todd Solondz l'a fait ! Oser, c'est ce que le réalisateur new-jersien fait de mieux. Il va même plus loin en « recyclant » deux personnages de sa filmo (‘Welcome to the Dollhouse’ & ‘Palindromes’) : Dawn Wiener (jouée par la gracieuse Greta Gerwig) et Brandon (Kieran Culkin… oui, le frère de Macaulay). On notera également la présence de Danny DeVito (certainement le meilleur personnage de cette production quadripartite), Julie Delpy en mère poule et Ellen Burstyn en grand-mère désabusée.
Solondz s'accorde les services d'Ed Lachman (‘Carol’) dont la photographie sublime l'ensemble.
Avec cette comédie à l'humour noir et à la structure narrative plutôt inhabituelle, Todd Solondz parvient encore à s'exprimer subtilement sans avoir besoin de hausser le ton. Il s'accorde même le plaisir de se moquer de Woody Allen.
Anxiété, silences gênants, gags visuels (incluant une blague scatologique), twist final absurde, etc. Le dernier Todd Solondz a tout de même du chien. Lors du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville, Todd Solondz disait à propos de son film (et ce, dans un français qui l’honore) : « c'est une comédie triste devant laquelle le spectateur peut choisir de rire… ou de ne pas rire. »
Avec 'Wiener-Dog' le réalisateur ajoute un nouveau film plutôt réussi à son pedigree. Excentrique, marrant et cynique, ‘Wiener-Dog’ ne parvient toutefois pas à ce qu’on s’attache à lui plus de 88 minutes. Seuls les fans de Solondz seront en admiration devant cette pauvre bête. 
Goupil

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