Sausage Party

Une petite saucisse s'embarque dans une dangereuse quête pour découvrir les origines de son existence...





En 2007, pendant la promotion de 'Knocked Up', un journaliste demanda à Seth Rogen quel serait son prochain film. 'Sausage Party' répondait-t-il sur le ton de la plaisanterie. Près de dix ans plus tard, qu'en est-il de ce qui était à l'origine une blague graveleuse ? La mayonnaise a-t-elle pris ?

Disons-le sans plus attendre : 'Sausage Party' est réussi à bien des égards. Aussi hilarant que subversif, le film innove. De mémoire de cinéphile, nous n'avions jamais vu de film semblable jusqu'ici. Il faut dire que les films d'animation pour adultes ne courent pas les rues. Bien sûr, il y a 'South Park : Bigger, Longer & Uncut' et 'Anomalisa'. Toutefois, ces deux-là ne jouaient pas dans le même registre que 'Sausage Party' qui n'hésite pas à parodier le studio à la célèbre lampe de bureau (Cfr. le court-métrage 'Luxo Jr.'). 'Sausage Party', c'est un peu comme si « Woody » et « Buzz » se promenaient sur le plateau de 'Caligula'.

Les références et autres clins d’œil sont légion. En première ligne : un bel hommage à 'Saving Private Ryan' au moment où les héros tentent de sauver un pot de moutarde suicidaire. Et puis il y a aussi un chewing-gum savant (parodiant un célèbre physicien en fauteuil roulant) en mode T-1000 (le méchant de service dans 'Terminator'), les gants blancs de Mickey Mouse et un bagel qui n'est pas sans rappeler un certain Woody Allen. Le conflit Israélo-palestinien, quelque peu tourné en ridicule, assure quelques tranches de rire. Musicalement parlant, le film s'amuse à parodier quelques classiques. Tendez attentivement l'oreille.

'Sausage Party' est doublement méritoire. Tout d'abord, il rassasie malgré un petit budget : 20 M$, soit le budget d'un Pixar « saucissonné » en cinq. 'Sausage Party' devait à l'origine avoir l'air bien plus vilain. Pas vraiment du niveau d'un Pixar, le résultat final est tout de même bluffant !
En outre, de par son irrévérence outrancière et sa vulgarité, 'Sausage Party' innove incontestablement. Le film est tout ce qu'un Pixar n'est pas. Cela fait du bien au spectateur (qui pour une fois va voir un film d'animation pour adultes). Il suffit de voir le récent travail des animateurs de chez Pixar sur le court-métrage 'Borrowed Time', pour deviner un réel désir de s'affranchir des codes du film d'animation (violence graphique à l'écran, bonjour ! ).

Pour donner vie à leur vision commune, les « BFF » que sont Seth Rogen et Jonah Hill se sont adressés à Greg Tiernan et Conrad Vernon (les gars derrière 'Madagascar3', 'Monsters vs Aliens' et 'Shrek 2'). Côté vocal, Kristen Wiig, Michael Cera, Paul Rudd, Salma Hayek, James Franco et bien évidemment Seth Rogen et Jonah Hill donnent de leur personne.

Quelques zones d'ombre s'invitent fâcheusement à l'addition. Avec sa scène d'intro façon « musical », le film ne décolle pas tout de suite… mais crescendo. Et puis il y a cet énorme manque de cohérence. Toute la nourriture s'anime et se rebelle. Quid du papier toilette ? Du préservatif ? Du méchant de service ? Ces objets sont anthropomorphes quand d'autres (couteaux, bols, etc) semblent inanimés. Dommage ! 

Les fans de Seth Rogen & Co feront ripaille devant les images de 'Sausage Party'. Les créateurs ont salement détourné le concept de « Food porn » avant de le porter sur grand écran. Toute la finesse du film est dissimulée sous une couche plutôt osée (scènes d'onanisme, orgie, etc). La cerise sur le gâteau ? La scène finale, ou un concentré de débauche suprême… Âmes innocentes s'abstenir ! Vous l'aurez compris : 'Sausage Party', loin d'être périmé, se consomme sans modération !

Note : 
Critique : Goupil 


Autre critique, autre point de vue: Sausage Party vu par le Professeur Grant


Parce que vous voulez éviter des heures de psychanalyse à votre progéniture, vous n’irez pas voir « Sausage Party » avec eux et vous réserverez cette séance pour votre poteau à l’humour bien gras. Vous savez, celui qui prend un malin plaisir à disserter sur des sujets tabous et à employer des mots fleuris comme « caca » à tout bout de champs. Film d’animation conçu par des adul…escents polissons pour des adulescents tout aussi égrillards, cette pantalonnade « ultrash » aux accents hautement licencieux conte « la vie privée des aliments » comme le vend très bien l’affiche.
En substance, une petite saucisse d’un supermarché, dont le rêve ultime est de s’introduire dans une miche de pain façon hot-dog, s’embarque dans une dangereuse quête pour découvrir les origines de son existence... Car oui, on ne vous l’avait peut-être pas dit, mais les aliments ont une vie. Ils parlent, bougent et sont même dotés d’une spiritualité. Ces derniers croient fermement en un certain au-delà, une terre promise qui commence là où se ferment les portes du magasin. Fruits, légumes, boîtes de conserve et autres amis de la grande distribution n’ont qu’un désir : être l’élu de la ménagère.
Autrement dit, celui qui sera adopté par le consommateur pour partir en caddy vers des contrées paradisiaques. Et si la gratification d’être choisi par le client dans un rayon de supérette n’était qu’une vaste supercherie ? Tel est le point de départ. Et si les aliments se rendaient compte qu’ils sont nés pour être broyés, dépecés, ébouillantés, déchiquetés, mangés ? Se rebelleraient-ils ? Oui, clairement oui. Et c’est parti pour une heure et demi de facéties à la sauce « n’importe nawak » très, très épicée.
Passé maître dans l’art de manier l’humour dégénérescent, le tandem infernal Seth Rogen/Evan Goldberg et leurs potes reviennent avec un concept pour le moins original, prétexte à une débauche de délires gores et lubriques. Les amateurs du duo seront en terrain connu. On retrouve leurs obsessions : vulgarité, grivoiserie, fumette et esprit de franche camaraderie. Evidemment, ça ne vole pas très haut, voire ça stagne souvent en dessous de la ceinture. Mais quelques fulgurances drolatiques s’avèrent purement jouissives. On pense notamment à la scène de la cuisine (« They’re eating children ! ») ou encore à la séquence revisitée du débarquement de « Saving Private Ryan ».
Et que dire de cette bacchanale endiablée « plus explicite tu meurs » ? Autant culotté que déculotté, ce « Toy Story » enfants non admis ne s’embarrasse pas du politiquement correct et clame haut et fort son droit à être subversif et impertinent. Ainsi, tout le monde en prend pour son grade à coup de grossières caricatures. D’aucuns apprécieront notamment la façon dont les scénaristes se jouent du conflit israélo-palestinien avec un pain lavash qui fantasme sur les 77 bouteilles d’huile d’olive, extra-vierges cela va sans dire, qui l’attendent au paradis et son bagel d’ennemi au look très WoodyAllenien.
Des auteurs qui n’hésitent pas à bouffer à tous les râteliers en passant en revue différents genres : western, slasher, film de guerre, thriller, heroic fantasy… Bref, il y a à boire et à manger et c’est justement là où se situe la limite. Le côté résolument foutraque de l’ensemble en fait davantage une grosse blague de fin de soirée plutôt qu’une satire pertinente sur la société de consommation. En sus, certaines idées tombent à plat (le taco et ses irrépressibles envies saphiques ou la méchante pompe vaginale plus fatigante qu’hilarante) tandis que les private jokes lassent à mesure qu’avance le récit.

Par ailleurs, la trivialité constante et surtout injustifiée (jurons à foison et obscénités à gogo) dans les dialogues déforce l’humour. S’il ne faut pas se focaliser sur une certaine cohérence narrative, on est par contre admiratif du travail opéré sur l’animation, plutôt bien torchée pour une marrade débilitante. Une esthétique qui, combinée à l’excellent boulot du casting vocal, lequel se lâche complètement (à voir en version originale, cela va de soi), font qu’on prend un malin plaisir à regarder cette avalanche de gags potaches purement régressifs. Con, mais bon !

Note:
Critique: Professeur Grant

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