Paterson

Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes, de William Carlos Williams à Allen Ginsberg, aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…





Le Jim Jarmusch nouveau est arrivé ! En pensant à Monsieur Jarmusch, 'Broken Flowers' vient tout de suite à l'esprit ; même si 'Coffee and Cigarettes', 'Night on Earth', et plus dernièrement 'Only Lovers Left Alive' valent également le coup d’œil. À l'inverse du Beaujolais nouveau, les films de JJ ne sont pas légion. Quand celui-ci sort un film, il y a un long processus de maturation derrière. JJ aurait eu cette idée il y a tout juste 20 ans. Qu'en est-il de sa dernière cuvée ? À consommer sans modération ?

'Paterson' ne plaira pas à tout le monde. Il plaira seulement aux amateurs du cinéma de Jim Jarmusch, aux fans inconditionnels d'Adam Driver, aux féru-e-s de poésie, aux personnes (un tantinet) méticuleuses, à celles et ceux qui redoutent les changements et se complaisent dans les gestes routiniers. Soit, 'Paterson' plaira à beaucoup de monde.

Le film s'étend sur huit jours dans la vie d'un jeune couple. Avec ce portrait de vies ordinaires, le réalisateur accorde beaucoup d'attention aux détails. Les poèmes de Ron Padgett viennent renforcer l'attachement profond visible à la nature et à la tranquillité .

Le réalisateur sème çà et là des valeurs importantes comme la compassion, l'héroïsme, la tolérance, le pardon, etc. 'Paterson' est aussi une véritable ode à la créativité et à l'accomplissement de projets personnels. Le réalisateur ajoute aussi une touche surréaliste avec une omniprésence de vrais jumeaux.

Très appliqué à l'écran, fort impliqué hors caméra (pour son rôle, l'acteur a appris à conduire un bus en trois mois), Adam Driver rappelle adroitement à ses détracteurs qu'il fait partie de ces acteurs polyvalents, aussi bien à l'aise dans le cinéma indépendant que dans les gros blockbusters pimpants. Si son interprétation bluffante dans 'Paterson' n'a rien d'étonnant, c'est parce qu'il n'en est plus à son coup d'essai dans le cinéma indie ('While we're Young', 'Hungry Hearts' ou encore 'Frances Ha'). Et dire que sa carrière d'acteur – qui incarne désormais Kylo Ren dans 'Star Wars' – ne tint un jour qu'à un fil (une blessure empêcha cet ex-Marine de partir au combat avec ses camarades).
Qui d'autre que la lumineuse Golshifteh Farahani pour lui donner la réplique ? Qui ça ? Mais si, cette actrice Iranienne vue dernièrement dans 'Les Malheurs de Sophie', 'My Sweet Pepper Land' ou encore 'Exodus : Gods and Kings'. Et que dire de la troisième roue du carrosse incarnée par un bulldog hyper-expressif ? Poilant ! À noter : la présence de Barry Shabaka Henley, un grand habitué – mais non-moins doué – aux seconds rôles.

Austère mais sincère, longuet mais presque-parfait, mélancolique mais poétique, 'Paterson' est un film profond signé par un des réalisateurs contemporains les plus intéressants qui soient. S'il ne parvient pas à vous bouleverser, 'Paterson' vous poussera sans aucun doute à méditer. 

Note :

Critique : Goupil

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