Hidden Figures



Le destin extraordinaire des trois scientifiques afro-américaines qui ont permis aux États-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale, grâce à la mise en orbite de l’astronaute John Glenn. Maintenues dans l’ombre de leurs collègues masculins et dans celle d’un pays en proie à de profondes inégalités, leur histoire longtemps restée méconnue est enfin portée à l’écran.









A l’heure où les bavures policières aux relents racistes s’enchaînent, au moment où un impétueux guignolo à la trogne orangée rêvasse, depuis son Bureau ovale, d’un mur aux frontières de son pays, le septième art revient mettre les pendules à l’heure tout en se permettant de mettre en lumière ce qui a longtemps été oublié voire ignoré. « 12 Years a Slave », « The Butler », « Selma » ou encore le récent « Birth of a Nation » sont autant de longs métrages récents qui abordent de front le lourd passé d’une patrie divisée qui peine à panser ses plaies.

« Hidden Figures » s’inscrit dans ce sillage en s’attachant au destin extraordinaire de trois scientifiques afro-américaines. Celles-ci ont apporté leur pierre à l’édifice que fut la conquête spatiale à force de sève, de sueur, d’opiniâtreté et de passion. Maintenues dans l’ombre de leurs collègues masculins et dans celle d’un pays en proie à de profondes inégalités, leur histoire, trop longtemps tue, est enfin portée à l’écran. Et c’est Theodore Melfi, metteur en scène du méconnu mais pourtant très beau « St. Vincent », sorti dans une totale indifférence, qui s’en charge.

Egalement producteur et scénariste, ce dernier multiplie les thèmes dans un récit particulièrement riche en confrontations : Noir/Blanc, homme/femme, USA/URSS, machine/humain. C’est que la Nasa du début des années 60 est un terreau fertile sur le plan sociologique, un microcosme qui rend compte des nombreux bouleversements de l’époque : la ségrégation, le féminisme, la guerre froide, la numérisation… Un scénario foisonnant à la matière captivante qui pâtît toutefois d’une narration convenue et quelque peu prévisible.

Par ailleurs, le profile oscarisable de ce film de commande semble un peu trop évident que pour être totalement honnête. En outre, le réalisateur ne s’approprie pas pleinement la mise en scène, laquelle s’avère plutôt conventionnelle. Il faut malgré tout lui reconnaître un certain savoir-faire pour emballer cette passionnante histoire. Mené tambour battant et plutôt bien charpenté dans sa structure, « Hidden Figures » s’affiche comme un divertissement efficace d’où émergent les sentiments, sans qu’il faille sortir les violons.

Enfin, une distribution sans faille (les trois drôles de dames que sont Taraji P. Henson, Octavia Spencer et Janelle Monáe) où les seconds rôles ont une réelle matière à défendre (les très bons Kevin Costner, Kirsten Dunst, Jim Parsons et Mahershala Ali), une reconstitution sixties tirée au cordeau et un dosage minutieux humour/émotions finissent par faire de cette production hollywoodienne inattendue et très « politiquement correct » un rendez-vous cinéma de bonne tenue.

Note:
Critique: Professeur Grant

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