The Founder




Dans les années 50, Ray Kroc rencontre les frères McDonald qui tiennent un restaurant de burgers en Californie. Bluffé par leur concept, Ray leur propose de franchiser la marque et va s'en emparer pour bâtir l'empire que l'on connaît aujourd'hui.








Décidément, John Lee Hancock raffole des « True Stories ». « The Rookie », « The Alamo » ou encore « The Blind Side » sont tous inspirés de faits réels. Mais c’est avec « Saving Mr. Banks » que son patronyme est entré dans la mémoire des cinéphiles. Souvenez-vous, il y a pile-poil trois ans, celui-ci mettait brillamment en scène la rencontre électrique entre le magnat de l’animation Walt Disney et la romancière australienne Pamela L. Travers, mère de « Mary Poppins ». Une réussite qui a permis au cinéaste de s’attaquer cette année au biopic de Ray Kroc avec « The Founder ». Son nom ne vous dit peut-être rien mais vous avez tous déjà mangé dans un de ses restaurants.

Début fifties, ce quinquagénaire sillonne les Etats de l’Oncle Sam dans le but de vendre un mixer révolutionnaire qu’aucun restaurateur ne veut. Par hasard, il croise le chemin des frères McDonald. Ces derniers ont inventé un concept que n’aurait pas renié Henry Ford : le Speedy Service System. Lisez le travail à la chaîne dans une cuisine afin de réduire le temps d’attente des mordus d’hamburger. Le fast-food est né. Estomaqué par tant d’ingéniosité, Kroc tente de convaincre les frangins à franchiser leur idée et prêcher la « bonne » parole à tous les concitoyens américains. Objectif: faire de McDonald’s la nouvelle église made in USA. La croix du Christ étant remplacée par les fameuses arches dorées…

D’abord réticents, ils signent finalement un contrat. Mais les relations se dégradent rapidement. A l’instar de Mark Zuckerberg ou Steve Jobs, Ray Kroc a volé une idée brillante afin de construire un empire. C’est que Kroc a les crocs ! Le requin véreux, excité par l’appât du gain, a les dents longues et veut s’en mettre plein les fouilles le plus vite possible, ce qui rompt avec l’éthique de la fratrie. A travers ce portrait, le scénariste Robert Siegel évoque le rêve américain en abordant les balbutiements d’un nouveau mode économique et d’une société qui fait de la consommation sa religion. Edifiant, effarant, surprenant, passionnant, son récit est solide mais frôle toutefois l’hagiographie tant il manque de recul.

Ode à ce self-made-man, cette fresque gourmande manque de… mordant ! La critique est bien trop faiblarde tandis que des thèmes attendus sont étrangement occultés. Hancock et Siegel ne se sont jamais penchés sur les conséquences et autres dérives liées à cette success-story notamment en termes de santé publique. A l’heure où l’obésité est plus que jamais un fléau aux Etats-Unis comme ailleurs, cette absence est plutôt suspecte. Outre cette prudence équivoque, on regrettera également une mise en scène un peu trop sage, conventionnelle voire classique. Hancock se reposant uniquement sur l’extraordinaire travail de reconstitution des années 50.

Finalement, ce qui fait tout le sel de ce « Founder », cela reste l’interprétation de Michael Keaton himself. Indubitablement. L’ex-Batman apporte tout son génie dans le rôle de cet arriviste visionnaire aussi séduisant que franchement détestable. Le regard malicieux, le sourire carnassier, la verve enjouée, l’acteur connaît son personnage jusqu’au bout des doigts et l’abattage dont il fait preuve montre son appétit pour des rôles consistants comme ceux de « Birdman » ou « Spotlight ». On ne capte toujours pas pourquoi Hollywood l’a mis hors-jeu toutes ces années tout comme on a du mal à saisir son absence aux prochains Oscars. Allez comprendre…

Note: ★★★
Critique: Professeur Grant


Ps : Prenez garde ! Nous n’avons pas pu nous empêcher de terminer au McDo. Bon appétit ! 

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