Otez-moi d’un doute


Erwan, inébranlable démineur breton, perd soudain pied lorsqu’il apprend que son père n’est pas son père.
Malgré toute la tendresse qu’il éprouve pour l’homme qui l’a élevé, Erwan enquête discrètement et retrouve son géniteur : Joseph, un vieil homme des plus attachants, pour qui il se prend d’affection.
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Erwan croise en chemin l’insaisissable Anna, qu’il entreprend de séduire. Mais un jour qu’il rend visite à Joseph, Erwan réalise qu’Anna n’est rien de moins que sa demi-sœur. Une bombe d’autant plus difficile à désamorcer que son père d'adoption soupçonne désormais Erwan de lui cacher quelque chose…








La perle du mois de septembre

Ne cherchez plus, on l’a dénichée pour vous. La petite perle cinématographique de ce mois de septembre n’est autre que le film « Otez-moi d’un doute », présenté en mai dernier à la Quinzaine des réalisateurs, section parallèle du Festival de Cannes. Il y a cinq ans, Carine Tardieu avait déjà choisi le moment de la rentrée scolaire pour présenter son précédent métrage, la petite bulle de fraîcheur « Du vent dans mes mollets », extraordinaire feel-good movie - malheureusement passé sous le radar - qui donnait du baume au cœur à quiconque s’était approché de la grande toile par curiosité. Celle qui est également à l’origine de « La tête de maman » confirme son attrait pour les chroniques familiales un brin biscornues. L’histoire ?

Terrain miné

Il y a des bombes qu’on ne voit pas venir, qui vous éclatent en pleine poire sans ménagement et dont on a du mal à percevoir d’emblée toutes les conséquences. Erwan (le jeu minimaliste de François Damiens, juste et bouleversant), démineur, le sait pertinemment. Celui-ci en a d’ailleurs fait son métier. Mais ce dernier était à mille lieux de s’imaginer sur quoi il allait tomber : apprendre que son géniteur n’est pas le père biologique, gérer la grossesse compliquée de sa fille et tomber amoureux d’une bombe d’un autre genre, celle qui a pour visage le doux minois de Cécile De France (belle et naturelle), et qui se révèle être… sa demi-sœur. Ça fait beaucoup pour un seul homme. Vous l’aurez compris, le pétage de plomb n’est pas loin !

Quatre étoiles, sans aucun doute !

Allez-y les yeux fermés ! Cette comédie dramatique inénarrable, dans laquelle les émotions ne sont pas du chiqué, s’affiche de loin comme l’une des plus belles surprises offertes par le cinéma français cette année. A l’instar de sa précédente fiction, la réalisatrice évite l’écueil de la mièvrerie et se permet même d’aborder des thèmes délicats, notamment les turpitudes de la filiation. A l’actif du film, on épinglera encore la qualité des dialogues, l’alchimie entre les comédiens, les contours subtils des protagonistes, qui existent tous face à la caméra, des premiers rôles aux personnages secondaires (merveilleux André Wilms et Estéban), une intrigue généreuse en fantaisie mais aussi en coups de théâtre, ainsi qu’un charme et une légèreté qui font du bien en ces temps troublés.

Seul petit bémol à pointer : en confrontant la loi du sang à la logique du hasard, Carine Tardieu use et abuse des coïncidences boulevardières. De simples anicroches au regard du résultat final. Enlevé mais aussi revigorant et terriblement attachant, « Otez-moi d’un doute » mérite amplement le déplacement dans les salles obscures.


Note : 
Critique : Professeur Grant

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