Star Wars: The Last Jedi
Les héros du Réveil de la force rejoignent les figures légendaires de la galaxie dans une aventure épique qui révèle des secrets ancestraux sur la Force et entraîne de surprenantes révélations sur le passé…
Il
y a bien longtemps…
Il y a bien longtemps,
dans une galaxie lointaine, très lointaine.... On connaît la musique, celle de
John Williams en l’occurrence. L’illustre compositeur rejoue des cuivres pour
nous plonger une huitième fois dans l’univers « Star Wars » avec
« The Last Jedi », autrement dit le film le plus attendu de l’année. Après
une relative sortie de route, il y a un an, avec « Rogue One », spin-off placé entre les épisodes 3 et
4, LucasFilm renoue avec la chronologie du vaisseau amiral. Pour cet « Episode
VIII », J.J. Abrams passe la main à Rian Johnson, réalisateur indé dont les
seuls faits d’armes sont l’audacieux « Looper », qui fut mouche en
2012, et l’extraordinaire épisode « Fly » de la série « Breaking
Bad ». Deux cartes de visite de qualité aux yeux de Kathleen Kennedy,
productrice en chef et gardienne de la poule aux œufs d’or. Ça, c’est pour la
présentation. Mais que vaut finalement ce nouvel opus ?
Libéré,
délivré
Que les fans de la
première heure et autres amateurs se rassurent, point de crime de lèse-majesté
au menu. Le pape George Lucas et J.J. Abrams, qui officie désormais en tant que
producteur exécutif (avant de reprendre la main pour le neuvième épisode),
peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Scénariste et metteur en scène, Johnson
réussit sur les deux tableaux. Non seulement ce dernier arrive sans peine à
s’inscrire dans le sillage des deux gourous susmentionnés, mais en sus il
parvient à emprunter des tracés inédits dans la saga. Des surprises, il y en a.
De l’action, à la pelle. De l’émotion, pareil. Mais surtout, son métrage propose
du neuf là où Abrams, dans un rôle ingrat, se limitait à réaliser une
compilation de tout ce qu’on avait déjà pu voir dans la franchise. Libéré
(délivré ?) de toute charge nostalgique, le jeune cinéaste ne se contente
pas d’innover, il ose et livre des séquences mémorables qui resteront à jamais
gravées dans la mémoire des aficionados.
The
Empire Strikes Back
Avec « The Last
Jedi », on a véritablement le sentiment que la franchise prend un virage à
180 degrés, à la manière de cet autre film de transition que représente
« The Empire Strikes Back », mais dans une moindre mesure (on oublie
volontairement l’« Attack of the Clones » de la prélogie). Particulièrement
sombre, le récit distille tout de même, çà et là, quelques touches d’humour
salvatrices bienvenues : le sabre laser jeté par-dessus l’épaule comme un
vulgaire bibelot, un fer à repasser filmé comme une machine de guerre, les
nombreuses péripéties de BB-8 etc. Visuellement aussi, le métrage impressionne.
Si les combats au sabre laser percutent, ce sont surtout les batailles
spatiales qui en mettent les mirettes. Elles ont rarement été si généreuses et
aussi spectaculaires. De même que graphiquement, les idées de mise en scène
épatent : on se souviendra encore longtemps de la séquence sur une planète
de sel.
Ils
et… Elles !
Avec sa trame principale
et ses nombreuses sous-intrigues, le film allonge facilement les 2h30 sans que
le spectateur ne doive regarder sa montre à tout bout de champ. Car le suspense
fonctionne. Et il marche d’autant mieux que chaque comédien s’investit
pleinement dans son rôle. Même les petits nouveaux (les chevronnés Laura Dern
et Benicio Del Toro, le retour de Mark « Luke Skywalker » Hamill
ou encore l’inconnue au bataillon Kelly Marie Tran) s’immiscent facilement
dans l’histoire. Ainsi, Rian Johnson prouve non seulement qu’il est capable de
tenir une caméra, mais qu’il est aussi très à l’aise lorsqu’il s’agit de
coucher sur papier un scénario qui tienne la route, en prenant soin de
développer la psychologie des protagonistes. Dès lors, même les comédiens
incarnant des rôles secondaires ont de la matière à défendre. Mieux encore, le script
met en avant des personnages féminins forts, c’est suffisamment rare dans les
superproductions que pour être souligné !
Cahier
des charges : check !
Ce nouveau volet n’est
toutefois pas exempt de tout défaut : on note l’une ou l’autre
invraisemblance tandis qu’on n’évite pas quelques séquences ridicules et
particulièrement ampoulées. Certaines idées passent carrément à la trappe à l’instar
du robot BB-9E, version dark de BB-8.
Mais le plus horripilant, c’est lorsque la maison-mère Disney met son grain de
sel dans la production et en profite pour ajouter des éléments gratuits en vue
de vendre des gadgets de merchandising. L’œuvre artistique s’efface alors au
profit du produit purement mercantile. Ainsi, tout ce qui relève du bestiaire (à
quoi sert ce Porg à part parasiter l’image ?) n’a aucun intérêt dans
la narration. Dommage qu’il faille endurer ces incartades. Mais ne boudons pas
notre plaisir, « The Last Jedi » remplit parfaitement son cahier des
charges. Et le spectateur, lui, en aura pour son argent.
Post-scriptum :
l’expérience 4DX
On connaissait l’IMAX. On
connaissait la 3D. On connaissait la technique HFR. Voilà-t-il pas que la
technologie 4DX débarque au Kinepolis de Bruxelles, censée « hisser le
cinéma à un niveau quadridimensionnel ». Autrement dit, votre siège bouge
dans tous les sens comme dans l’attraction « Star Tours », à
Disneyland Paris. On a découvert « Star Wars : The Last Jedi »
dans ces conditions et le résultat est plutôt impressionnant. Bourrasque, pluie,
parfums et jeux de lumière, l’expérience est inédite et renversante.
Evidemment, le procédé ne fonctionne qu’avec des superproductions. On imagine
mal un Woody Allen diffusé dans ce type de salle obscure. Cela émis, refaites-vous
la scène cul(te) des toilettes de la comédie potache « Dumb & Dumber » :
Jeff Daniels, ballonné bien malgré lui, largue une pétarade de vesses des plus
juteuses. Vous, spectateur, ressentez des petites secousses dans le dos, une
enfilade de petits vents brusques dans la figure, le tout saupoudré de jets d’eau
(juteuses on vous disait…). Maintenant, imaginez l’odeur… Majoration du ticket
de cinéma : 6 euros (8 euros en 3D).
Note : ★★★★
Critique : Professeur Grant
Critique : Professeur Grant
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