Larguées


Rose et Alice sont deux sœurs très différentes. Rose est libre et rock n’roll. Alice est rangée et responsable. Elles ne sont d’accord sur rien, à part sur l’urgence de remonter le moral de Françoise, leur mère, fraîchement larguée par leur père pour une femme beaucoup plus jeune. La mission qu’elles se sont donnée est simple « sauver maman » et le cadre des opérations bien défini : un club de vacances sur l’Ile de la Réunion…






« Larguées », titre idoine

« Larguées », comme la pantalonnade bas du front emmenée par Amy Schumer et Goldie Hawn… l’année passée. On saluera donc au passage l’originalité du titre imaginé par les cerveaux du service marketing de la production, lesquels, on s’en doute, ont dû pas mal cogiter pour trouver l’inspiration. Larguées, à l’instar de Miou-Miou qui se demande tout au long du film ce qu’elle vient faire dans cette bouillasse. Cette dernière galvaude son talent dans une farce inerte aux gags éculés. Larguées, à l’image du cinéphile qui peine à comprendre pourquoi le talentueux acteur flamand Johan Heldenbergh (De Helaasheid der Dingen, The Broken Circle Breakdown) se fourvoie dans un personnage aussi creux. Sans doute y voit-il une carte de visite pour attirer le regard des producteurs français comme le fut sa participation dans l’insondable navet « The Zookeeper’s Wife » vis-à-vis des majors hollywoodiennes en 2017 ; celui-ci va devoir opérer de meilleurs choix à l’avenir voire changer d’agent s’il veut percer outre-Quiévrain et outre-Atlantique.

Larguées, telles les deux Camille de l’affiche (Cottin et Chamoux, qu’on adore !), lesquelles ne parviennent pas à trouver le ton juste dans l’exercice délicat de la comédie. On doit d’ailleurs se farcir plusieurs scènes embarrassantes où l’effet comique recherché aboutit in fine à une gêne dès plus « malaisantes », comme diraient nos amis québécois. Et enfin larguées, tout comme la réalisatrice et scénariste Eloïse Lang, rendue coupable du récent « Connasse, princesse des cœurs ». Son métrage ne témoigne d’aucune idée de mise en scène tandis que son récit, sans doute scribouillé à la hâte sur un ticket de métro, est d’une platitude consternante.

Pensez à votre épargne pension !

L’histoire, adaptée du film suédois « All Inclusive », lui-même un remake du long-métrage danois homonyme (également le titre du prochain délire du tandem Dubosc/Onteniente… décidément, vive l’inventivité dans le cinéma !), on l’a déjà vu mille et une fois en nettement mieux. Malgré cela, l’auteure nous fait le coup d’une aventure totalement inédite à l’écran, comme si elle venait d’inventer le genre du film de vacances, comme si les Bronzés n’avaient jamais existé, comme si le pitch de « il faut sauver maman en la sortant de son train-train quotidien après que papa soit parti avec une jeunette », on ne l’avait jamais vu à la télé. La pauvre débarque naïvement dans le septième art en faisant fi de tout ce qui existe déjà sur le sujet au rayon comédie. On a beau réfléchir encore et encore, rembobiner le film sans cesse dans notre tête, se refaire toutes les scènes les unes après les autres et tenter vaille que vaille d’imaginer un semblant de cohérence dans cet enchaînement foutraque de séquences sans queue ni tête, on peine véritablement à trouver quelque chose à sauver.

Bonne âme de nature, on notera bien l’une ou l’autre saillie pas piquée des hannetons qui a débouché sur un sourire - plus ou moins - complice de notre part ou encore l’implication sans faille des deux Camille en mode « on cabotine à qui mieux mieux pour combler le vide intersidéral du scénario », lesquelles donnent largement de leur personne. Mais au final, rien n’y fait. Ces maigres lots de consolation ne sauvent pas ce « Larguées » du naufrage artistique. Pour finir, notre conseil relève du bon sens : économisez vos petits deniers dûment gagnés pour renforcer votre épargne pension et ne vous fiez pas à la bande-annonce, laquelle se suffit à elle-même.

En substance : l’expérience du vide abyssal

En somme, pendant que Miou-Miou se demande ce qu’elle fait dans cette galère, le cinéphile, lui, s’interroge sur la présence quasiment anachronique du talentueux acteur flamand Johan Heldenbergh dans ce qui s’avère être une comédie plus proche du navet intersidéral que du chef-d’œuvre cosmique. Ainsi, tout le monde se questionne et personne ne semble convaincu ; le spectateur, plongé dans un état proche de la léthargie, faisant la douloureuse expérience du vide abyssal.

Note : 

Critique : Professeur Grant

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