Lukas


Un ancien garde du corps qui enchaine les petits boulots de sécurité dans des boites de nuit pour élever sa fille de 8 ans se retrouve contraint de collaborer avec la police. Sa mission: infiltrer l’organisation d’un dangereux chef de gang flamand.







Cela fait un petit moment qu’on n’a plus vu notre Jean-Claude Van Damme national s’illustrer sur la grande toile. La plupart de ses longs-métrages ne passent pas par la case classique de l’exploitation cinématographique mais empruntent d’autres circuits de distribution comme la diffusion via les DVD, Blu-ray et autres plateformes VOD ou de téléchargement légal. De mémoire de cinéphile, ça remonte à 2012, lorsque son ami Sylvester Stallone le conviait à participer à «Expendables 2», la suite de sa saga façon «Salut les musclés», avec les dinosaures Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis, Chuck Norris, Dolph Lundgren etc. Notre quinquagénaire (57 ans) y jouait un méchant dans un film bien meilleur que l’original. Si JCVD a poursuivi sa carrière dans des séries B voire Z, il s’est également frotté au format télévisuel avec l’étonnante mais inaboutie série «Jean-Claude Van Johnson» produite par Amazon et Ridley Scott. Aujourd’hui, le Bruxellois est de retour sous les feux des projecteurs et fait parler de lui avec «Lukas» du Français Julien Leclercq, réalisateur des efficaces «L’Assaut» et «Braqueurs». Dans ce polar, The Muscles from Brussels incarne un ancien garde du corps qui enchaîne les petits boulots de sécurité dans des boîtes de nuit pour élever sa fille de huit ans. Seulement, ce dernier se retrouve contraint de collaborer avec la police. Sa mission: infiltrer l’organisation d’un dangereux chef de gang flamand.

Dans ce film de genre plus subtil que les productions de seconde zone auxquelles il est attaché, le ket de Berchem-Sainte-Agathe fait montre de toute l’étendue de sa palette de jeu. Ainsi, comme la dive bouteille, celui qui peut paraître has been se bonifie avec le temps! Aux antipodes de ses nombreux rôles où la taille du cerveau est inversement proportionnelle à celle des muscles, Jean-Claude Van Damme livre une prestation de très grande qualité. Ce dernier incarne la figure paternelle avec une belle justesse et une sensibilité rare, celle-là même que l’on a pu déceler dans l’ovni « JCVD » signé Mabrouk El Mechri. Visage marqué par le temps, les yeux fatigués, la voix rocailleuse, l’acteur épate tout en faisant taire ses détracteurs. On sent que, cette fois-ci, le protagoniste qui d’ordinaire s’extirpe de situation dangereuse risque de ne pas y arriver. Pas d’héroïsme malvenu, pas de scènes abracadabrantes, Leclercq a le bon goût de ne pas en faire des caisses dans sa mise en scène et d’accorder sa pleine confiance au comédien, lequel dégage une série d’émotions sans forcer avec un jeu animal, quasiment instinctif. D’ailleurs, la sobriété de la réalisation n’est pas sans rappeler les polars flamands et scandinaves, influences par ailleurs revendiquées par le cinéaste. C’est réaliste, noir, sale, brute de décoffrage. Pas d’enjolivures ni d’effets tape-à-l’œil pour faire de l’épate, seuls le récit et la progression des personnages importent.

D’ailleurs, on appréciera l’espace laissé aux seconds rôles, souvent sacrifiés sur l’autel de l’action dans les séries B faciles. Sami Bouajila (Omar dans Omar m’a tuer), Sveva Alviti (Dalida dans… Dalida) ainsi que le duo belgo-belge Sam Louwyck (crédible en méchant) et Kevin Janssens (qui ne quitte pas le polar après sa participation dans Tueurs) apportent tous de l’épaisseur à leur personnage. Sans réinventer le genre et malgré un scénario déjà vu, « Lukas » se laisse regarder sans déplaisir. Un résultat épatant quand on sait que le film fut préparé, tourné et post-produit en seulement six mois ; les premiers tours de manivelle furent donnés en Belgique au début de l’année. Les Bruxellois s’amuseront à reconnaître les lieux de tournage dans la capitale. Sortie : le mercredi 22 août prochain.

Note : 

Critique : Professeur Grant

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