Astérix : Le Secret de la Potion Magique


À la suite d’une chute lors de la cueillette du gui, le druide Panoramix décide qu’il est temps d’assurer l’avenir du village. Accompagné d’Astérix et Obélix, il entreprend de parcourir le monde gaulois à la recherche d’un jeune druide talentueux à qui transmettre le Secret de la Potion Magique…





I. En attendant Kaamelott…

« On en a gros d’attendre le long métrage Kaamelott ! », dit l’émotion. « Mieux vaut patienter pour un bon film que de se contenter d’une rapide bouse », répond la raison. « C’est pas faux », rétorquera alors la première. Dans la caboche de l’aficionado, la frustration atteint des degrés paroxysmiques. Alexandre Astier peine à satisfaire ses fans qui voient leur désir inassouvi.

C’est que la promesse est « hénaurme ». Au moins aussi grande que l’attente. Voyez plutôt : rien de moins qu’une trilogie cinématographique. Le quadragénaire sait qu’il n’a pas droit à l’erreur car une incommensurable communauté de geeks l’attend au tournant. C’est que la saga, rapidement devenue culte sur la petite lucarne, a la folie des grandeurs. Le petit écran, c’est bien pour commencer. Mais son créateur a toujours secrètement rêvé de la grande toile blanche.

D’ailleurs, quand M6 lui a proposé de s’extirper de son format court de 3 minutes 30 pour embrasser le long (40 à 50 min.), ce dernier ne s’est pas fait prier et a livré à ses producteurs des épisodes aux ambitions clairement cinématographiques comme en témoigne la dernière saison tournée dans les mythiques studios italiens Cinecitta, cet écrin fellinien, ou encore le dernier plan, en cinémascope (21:9), transition toute naturelle vers le septième art.

Mais, pour l’heure, les amateurs doivent prendre leur mal en patience. Rien de neuf à se mettre sous la dent, le projet étant reporté aux calendes grecques. De guerre lasse, ces derniers se passionnent pour les autres activités du boulimique auteur comme ses spectacles désopilants (L’Exoconférence, Que ma joie demeure !), ses tomes de bande dessinée Kaamelott ou ses autres métrages.

Si Astier s’est quelque peu loupé sur son premier film (le prétentieux David et Madame Hansen), il s’est largement rattrapé en co-réalisant le premier long-métrage d’Astérix en images de synthèse. Une icône culturelle française qui connaît aujourd’hui une suite dans les salles obscures.

II. Astérix vu par Astierix

La cueillette du gui, ce n’est pas une sinécure. Panoramix peut en témoigner. A la suite d’une spectaculaire chute, ce dernier décide qu’il est temps de former un jeune druide à la recette de la potion magique, secret bien enfoui s’il en est. Avec ses compagnons Astérix et Obélix, celui-ci crapahute à travers la Gaule à la recherche de la perle rare. Un casting qui s’avère bien compliqué tant les talents ne sont pas monnaie courante dans les contrées gauloises.

Suite au triomphe critique et commercial du «Domaine des Dieux», le duo formé par Alexandre Astier, scénariste et gestionnaire du doublage, et Louis Clichy, la caution technique formée à l’école Pixar, s’est réuni derechef pour se lancer dans une nouvelle aventure cinématographique centrée autour des irréductibles Gaulois qui résistent encore et toujours à l’envahisseur romain.

Contrairement au film sorti en 2014, «Le Secret de la Potion Magique» ne puise pas son origine dans une bande dessinée en particulier mais bien dans un matériel neuf. En effet, le papa de la saga «Kaamelott» l’avait exigé à ses producteurs : il reviendrait si et seulement s’il pouvait signer une aventure inédite. Un scénario original donc, véritable atout de cette suite.

A l’image du cultissime «Mission Cléopâtre», avec lequel Alain Chabat était parvenu avec brio à s’approprier les codes de la paire René Goscinny et Albert Uderzo tout en ne trahissant pas son univers humoristique décalé, ce «Secret de la Potion Magique» est un mélange réussi entre la recette Goscinny/Uderzo et les ingrédients pimentés de la sauce Astier. Le Lyonnais ne se privant pas de petites références à son univers (le générique de Kaamelott) ainsi que de (running) gags cartoonesques bien amenés.

Drôles, rythmées et bénéficiant d’une animation irréprochable se rapprochant des standards hollywoodiens et canons esthétiques des grands studios Pixar (Toy Story), DreamWorks (Shrek), Illumination (Minions) ou Blue Sky (Ice Age), ces nouvelles aventures totalement originales apparaissent comme une vraie bénédiction pour le tout-regardant.

III. Me Too

En sus, le film se double d’une belle critique sur le sexisme à l’heure du mouvement « Me Too » : les femmes du village en résistantes, l’ingéniosité et la bravoure de la petite Pectine face à l’organisation patriarcale des Gaulois (la Forêt interdite aux femmes). Sans oublier ce beau message sur la place des aînés dans la société et sur l’importance de la transmission à la jeune génération.

Comme pour le précédent volet, cet opus est réussi parce qu’il fonctionne tant au premier degré qu’au deuxième, ce qui en fait un divertissement familial haut de gamme de tout premier choix pour petites pupilles et grandes mirettes. Mené tambour battant, « Le Secret de la Potion Magique » se regarde aussi vite qu’on lit une bande dessinée.

Petit bémol tout de même, ce n’est plus Roger Carel - voix emblématique d’Astérix depuis un demi-siècle - qui prête ses cordes vocales au petit moustachu, Christian Clavier prenant la relève. Un choix qui fait sens puisque le Bronzé incarnait déjà le protagoniste dans les versions cinéma de Claude Zidi et Alain Chabat. A découvrir dans les salles obscures dès le 5 décembre prochain.

Note : 

Critique : Professeur Grant

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