Green Book
En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité.
Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l’âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu’ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune.
Dans
la famille Farrelly, on demande l’aîné: Peter
Tout le monde connaît les
frères Farrelly. Ce binôme drolatique né sur la grande toile dans les années
nonante est à l’origine de nombreuses crises de fous rires vécues lors des
visionnages de « Dumb & Dumber », « Something About Mary »
ou encore « Me, Myself & Irene ». Des comédies potaches au ton
résolument licencieux qui ont fait le bonheur de tous ceux qui savent apprécier
l’humour scabreux bien suintant. Aujourd’hui, chaque moitié de la fratrie fait cavalier
seul pour des métrages sis aux antipodes des pantalonnades susmentionnées. Si
on attend toujours le « One Night Stan » de Bobby, le cadet, annoncé
depuis belle lurette, c’est le « Green Book » de l’aîné Peter qui
fait la une de l’actualité cinématographique.
Hollywood breakdown: based on
a true story
« Un film inspiré d’une
histoire vraie » comme le vend d’emblée le générique. Un soi-disant gage
de qualité pour une industrie hollywoodienne toujours en panne d’inspiration,
entre ses remake, reboot et autres sequel. Cet appel du pied devenu un argument commercial incontournable
pour les départements marketing des studios nous dit en filigrane qu’il sera
question d’un récit hors du commun. De fait. C’est un peu « Miss Daisy et
son chauffeur »… à l’envers ! A l’orée des golden sixties, dans une Amérique ségrégationniste, deux hommes que
tout oppose (couleur de peau, culture, éducation, richesse) vont nouer une
amitié inattendue voire inespérée. Le premier, répondant au nom de Tony Lip, est
un Italo-américain du Bronx qui travaille dans les « relations publiques »
comme il aime le dire. Comprenez, c’est un videur bien bâti. Sa réputation le
précédant, ce dernier est engagé par un label discographique pour conduire et
protéger le pianiste noir de renommée mondiale, le Dr Don Shirley, lors d’une
tournée de concerts à risque car donnés dans le Sud, toujours empêtré dans un
racisme violent.
L’efficacité
Farrelly
Construit sur le
ressort classique de la rencontre de deux antagonistes qui vont peu à peu s’apprivoiser,
le scénario emprunte des chemins balisés qui le rendent on ne peut plus
convenu. Cousu de fil blanc et dénué de tension, le récit enchaîne les
situations attendues dans une mise en scène beaucoup trop factuelle. Une
réalisation mollassonne et didactique, bien qu’appliquée, qui peine à
convaincre. Ce road movie scolaire et
sans aspérité apparaît même consensuel et parfois peu subtil dans sa volonté de
dépeindre le(s) racisme(s). On n’évite pas les clichés narratifs ni quelques
personnages secondaires caricaturaux. Néanmoins, le script est suffisamment
bien charpenté que pour tenir le spectateur en haleine. On reconnaît bien là l’efficacité
d’un cinéaste issu de la comédie. Peter Farrelly, également coscénariste, a le
sens du rythme, du dialogue et du divertissement, c’est indéniable. Par
ailleurs, il parvient à distiller dans ses scènes suffisamment d’humour que
pour ne pas sombrer dans la mièvrerie.
De
véritables stradivarius !
Il est donc plaisant de
suivre la route tracée par notre tandem au premier abord mal assorti. Et pour
donner de la chair aux deux personnages, le réalisateur peut s’appuyer sur une
magnifique paire d’acteurs. De véritables stradivarius ! A ma gauche, un
surprenant Viggo Mortensen (l’éternel Aragorn dans The Lord of the Rings), à
contre-emploi, qui joue les Robert De Niro en plus avenant. A ma droite, l’oscarisé
Mahershala Ali (pour Moonlight) épate à nouveau dans un rôle exigeant. Tous
deux offrent une prestation mémorable et parviennent, par leur virtuosité, à nous
faire relativiser certaines scènes superfétatoires comme cette séquence purement
gratuite de placement produit pour une chaîne de restauration rapide.
Golden
Globes et Oscars
Un feel-good movie humaniste, un métrage conventionnel, une histoire vraie
touchante, une comédie dramatique prévisible, « Green Book », c’est
tout ça à la fois. Difficile de tirer des plans sur la comète mais admettons
que si cette dramédie n’a pas les
reins assez solides que pour affronter un ténor comme le chef-d’œuvre « The
Favourite », par exemple, sur le ring de l’Oscar du « meilleur film »,
nonobstant son Golden Globe subtilisé au nez et à la barbe de Yórgos Lánthimos le
week-end dernier (une incompréhension totale !), elle peut toutefois
prétendre à de belles statuettes dans les catégories « meilleur acteur »
et « meilleur second rôle masculin ». Et ce ne serait pas volé !
Note : ★★★
Critique: Professeur Grant
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