If Beale Street Could Talk


Harlem, dans les années 70. Tish et Fonny s'aiment depuis toujours et envisagent de se marier. Alors qu'ils s'apprêtent à avoir un enfant, le jeune homme, victime d'une erreur judiciaire, est arrêté et incarcéré. Avec l'aide de sa famille, Tish s'engage dans un combat acharné pour prouver l'innocence de Fonny et le faire libérer…





I. A la place du cœur

Oscar du meilleur film en poche après le sacre de « Moonlight » en 2017, Barry Jenkins revient dans les salles obscures avec l’adaptation du roman « If Beale Street Could Talk », déjà porté à l’écran par Robert Guédiguian dans « A la place du cœur ». Une œuvre écrite par James Baldwin, poète mis à l’honneur dans le formidable documentaire « I Am Not Your Negro » signé Raoul Peck. Si Beale Street pouvait parler celle-ci conterait une tragédie intemporelle et touchante sur le lien indissoluble du couple. Elle raconterait l’histoire impossible de Tish et Fonny, deux Afro-américains vivant une passion amoureuse depuis toujours. Alors qu’ils s’apprêtent à devenir parents, le jeune homme, victime d’une erreur judiciaire, est incarcéré. Avec l’aide de sa famille, Tish se lance dans un combat acharné pour disculper son amoureux.

II. Puissance lyrique

Avec cette love story contrariée prenant ses racines dans un contexte ségrégationniste, le cinéaste fait montre de sa puissance lyrique. Dans sa mise en scène tout d’abord, racée, élégante, poétique. Une réalisation léchée mise en lumière par la sublime photographie du chef opérateur James Laxton. Tous les artisans de la production semblent s’être passés le mot. L’excellence est partout dans ce long-métrage. Pas une fausse note comme en témoigne entre autres la superbe partition de cuivres et de claviers de Nicholas Britell. Nommé à l’Oscar, le jeune compositeur de 38 ans est promis à un bel avenir. Quant à l’adaptation, Barry Jenkins a eu la lumineuse idée de déconstruire son scénario en jouant sur les temporalités afin de le rendre plus dynamique.

III. L’exaltation du sentiment amoureux

Si le réalisateur embrasse le mélodrame sans retenue, ce dernier évite l’écueil de la bluette sentimentale. L’exaltation du sentiment amoureux n’est jamais mièvre. Rarement les émotions apparaissent aussi vraies à l’écran. Il y a une véritable pureté dans sa démarche artistique, dans sa manière d’aborder cette histoire. Pour autant, il ne verse pas dans la naïveté et parvient à donner du corps et du sens à ses scènes, notamment celles de conflit : l’extraordinaire séquence de l’annonce du bébé aux familles, l’altercation avec le policier raciste, la rencontre avec la victime violée… Des moments intenses qui restent gravés dans la mémoire du cinéphile durant des jours. La direction d’acteurs y est pour beaucoup. Le metteur en scène n’a pas son pareil pour faire émerger le meilleur de ses comédiens.

IV. Un beau moment de cinéma

Barry Jenkins a réuni autour de lui un casting solide. Une distribution quatre étoiles qui rayonne notamment avec son tandem bouleversant (le très beau couple à l’écran formé par Kiki Layne et Stephan James) mais aussi grâce à des seconds rôles interprétés par des Rolls-Royce. Regina King, époustouflante, n’a pas volé son Golden Globe tandis qu’Aunjanue Ellis parvient à marquer les esprits en une seule scène. Dommage d’ailleurs que son personnage soit sacrifié par la suite. On retiendra même les troisièmes rôles parmi lesquels on retrouve quelques têtes connues comme Dave Franco, Diego Luna, Pedro Pascal ou encore Ed Skrein. Tous ont voulu s’associer à cette histoire touchante. Romantique sans être à l’eau de rose, « If Beale Street Could Talk » vous offre un beau moment de cinéma.

Note : 

Critique : Professeur Grant

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