Fantastic Beasts: The Crimes of Grindelwald


1927. Quelques mois après sa capture, le célèbre sorcier Gellert Grindelwald s'évade comme il l'avait promis et de façon spectaculaire. Réunissant de plus en plus de partisans, il est à l'origine d'attaque d'humains normaux par des sorciers et seul celui qu'il considérait autrefois comme un ami, Albus Dumbledore, semble capable de l'arrêter. Mais Dumbledore va devoir faire appel au seul sorcier ayant déjoué les plans de Grindelwald auparavant : son ancien élève Norbert Dragonneau. L'aventure qui les attend réunit Norbert avec Tina, Queenie et Jacob, mais cette mission va également tester la loyauté de chacun face aux nouveaux dangers qui se dressent sur leur chemin, dans un monde magique plus dangereux et divisé que jamais.






I. Into the Potterverse

En 2011 se clôturaient les aventures cinématographiques du sorcier Harry Potter. La fin d’une époque et avec elle une génération qui a pris dix ans dans la figure. Une décennie, huit longs-métrages et une kyrielle de séquences cultes à se remémorer. Mais l’auteure J.K. Rowling n’avait pas écrit son dernier mot. Au regard du succès de la franchise, le studio Warner Bros et la romancière ont élaboré un spin-off. L’idée maîtresse: explorer le Potterverse, soit l’univers étendu, avec d’autres personnages et d’autres époques. C’est ainsi qu’est né le projet «Fantastic Beasts» centré sur le bestiaire insolite du monde magique imaginé par l’écrivain britannique. Un scénario original qui a permis au studio de capitaliser sur ce qui est devenu une marque aussi inestimable que les joyaux de la Couronne britannique. Objectif : augmenter les déclinaisons sur le plan du merchandising. Nonobstant des critiques mitigées, le film fut un carton interplanétaire. Une suite était donc inévitable. Voilà qu’elle débarque dans les salles obscures. Une histoire qui fait revenir le méchant sorcier Gellert Grindelwald (Johnny Depp himself, irréprochable malgré sa coiffe punk peroxydée), le professeur Albus Dumbledore quand il était jeune (un charismatique Jude Law trop peu présent) ainsi que son ancien élève Norbert Dragonneau (le héros campé par le lunaire Eddie Redmayne, étonnamment en sous-régime).

II. Tant pis !

On le redoutait, ils l’ont fait ! Les producteurs ont reproduit les deux mêmes erreurs que dans le premier épisode. Premièrement, ces derniers ont redonné les clefs au routinier David Yates pour tourner ce deuxième opus. Oubliez donc l’inventivité visuelle, la finesse du découpage ou l’audace artistique. Ce tâcheron n’en est définitivement pas capable. Dès le prologue qui détaille l’évasion carcérale de Grindelwald, le spectateur est invité à remettre son déjeuner dans son paquet de pop-corn à peine entamé. Caméra virevoltante, montage épileptique, bouillabaisse d’effets numériques, la lisibilité de l’action s’avère impossible. En même pas dix minutes, le réalisateur vous refile une migraine et vous fait déjà regretter l’achat du ticket. C’est bien simple, notre yes man se montre totalement incapable de maîtriser une caméra. Un constat loin d’être gratuit, sa filmographie ne penchant clairement pas en sa faveur. Sa réalisation manque, en outre, de subtilité. Tout est dévoilé sans mystère, sans ingéniosité, sans magie. Un comble pour un monde de sorciers ! Pas de moments suspendus, pas de scènes de contemplation, juste un enchaînement foutraque de séquences brouillonnes. Pour le bien des spectateurs et même du septième art, il est urgent de lui interdire l’entrée sur un plateau. S’obstiner à asseoir ce béni-oui-oui dans le siège du metteur en scène est une absurdité qui confine à la bêtise sinon à l’irresponsabilité. Mais comme tous les studios, Warner Bros ne se soustrait qu’à une seule religion : l’oseille. Et les chiffres, eux, parlent pour notre champion. Ses films ont beau afficher une médiocrité à peine croyable, ils sont vus par plusieurs paires d’yeux. Et le tiroir-caisse de sonner. Tant pis pour les aficionados. Tant pis pour le cinéphile. Tant pis pour le cinéma.

III. Imbroglio scénaristique

Et comme si cela ne suffisait pas, J.K. Rowling se retrouve à nouveau seule pour conduire le scénario. Et, à l’instar du premier volet, c’est bien son récit qui coince. D’une trame au premier abord limpide, elle parvient à la rendre nébuleuse en multipliant les sous-intrigues façon télénovelas ainsi que les personnages secondaires insipides. Du coup, on se fout pas mal de certaines historiettes (l’amourette de pacotille entre Queenie et le comic relief Jacob) tandis que bon nombre de seconds rôles se révèlent inconsistants (Tina, Leta, Theseus…). Un embrouillamini qui freine la progression narrative et anéantit toute dramaturgie. Il est un fait que l’auteure doit se résoudre à accepter : elle a beau être un bon écrivain, celle-ci est une mauvaise scénariste. Non, on n’écrit pas un script comme on rédige un roman. Par ailleurs, son histoire des plus capillotractées est handicapée par l’ambition démesurée de la Britannique, laquelle imagine une saga d’au moins cinq épisodes. Ce « Crimes of Grindelwald » prépare donc le terrain et doit être vu comme un intermède bancal plutôt qu’une œuvre originale avec un début et une fin. D’ailleurs, la révélation finale vous donne l’amère impression que le film vient seulement de commencer. Dès lors, on peine à comprendre pourquoi la romancière n’est pas secondée dans ses tentatives par un script-doctor aguerri. Elément de réponse : peut-être parce que la major craint de fâcher l’ego de la maman de la poule aux œufs d’or…

Il en résulte in fine un film-fouillis à la fois confus, inutilement chargé, rébarbatif, prolixe et poussif. Une nouvelle déconvenue pour cette licence à peine entamée qui s’en va en eau de boudin. Et dire que le duo Yates/Rowling se réjouit d’accoucher trois autres longs-métrages ensemble…

Note : 

Critique : Professeur Grant

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