Godzilla: King of the Monsters



L'agence crypto-zoologique Monarch doit faire face à une vague de monstres titanesques, comme Godzilla, Mothra, Rodan et surtout le redoutable roi Ghidorah à trois têtes. Un combat sans précédent entre ces créatures considérées jusque-là comme chimériques menace d'éclater. Alors qu'elles cherchent toutes à dominer la planète, l'avenir même de l'humanité est en jeu…






I. Less is More

Flashback. Mai 2014. On sort de la projection de Godzilla réalisé par Gareth Edwards (Monsters). Résultat ? Le réalisateur fait montre d’un formidable doigté dans l’art de la mise en scène. Aux antipodes des geeks animés par des purs plaisirs régressifs tel que Guillermo Del Toro et ses batailles homériques de Pacific Rim, le trentenaire a retenu la règle essentielle dictée jadis par Sir Ridley Scott (Alien) et le maître de l'entertainment Steven Spielberg (Jaws): moins t’en dévoiles, plus c’est flippant. Autrement dit: jouer la carte du mystère et non celle de la monstration.

II. Kaijū

Edwards évoque alors le célèbre Kaijū sans constamment le faire apparaître à l’écran. On sent sa présence, on le devine sans nécessairement le voir. Le metteur en scène s’applique davantage à montrer les conséquences de ses agissements. Résultat, le suspense et la tension en sont décuplés. Il y a évidemment une part de frustration due à cette apparition sporadique de l’élément effrayant, mais on préfère nettement plus ce traitement suggestif plutôt que recevoir une débauche d’effets numériques indigestes à la «Transformers» dans la figure.

III. King Of The Monsters

Mai 2019. Michael Dougherty reprend le flambeau et n’a strictement rien compris. Il fait table rase des qualités du premier film pour se jeter dans les frustrations des spectateurs bourrins en mal de bastons telluriques. « Vous voulez de la bagarre ? Vous en aurez ! » Et ce, ad libitum. Jusqu’à l’overdose. Et tant pis si vous sortez de la salle avec une migraine carabinée. C’est parti pour plus de deux heures où des titans s’en mettent plein la gueule à coups de morsures, griffes, rayons laser… Au menu : de la destruction massive. Purement et simplement.

IV. Battle Royal

Cela émis, il faut bien reconnaître quelques belles idées de mise en scène ainsi qu’un rendu époustouflant. Le déferlement d’effets spéciaux en met plein les mirettes. Les affrontements homériques entre Godzilla, Ghidorah, Rodan et Mothra valent leur pesant de pop-corn et méritent d’être vus sur grand écran. Certains plans sont d’ailleurs des tableaux superbement composés. Des money shots iconiques qui flattent la rétine. Le service Marketing de la Warner s’en est d’ailleurs donné à cœur joie en concoctant une mirifique bande-annonce. Mais… Il y a un mais ! La réalisation se vautre dans la gestion des échelles : les monstres changent de taille en fonction du décorum et de la présence d’humains. C’est ballot ! On ne vous parle même pas de la gestion des distances… Les continents n’ont jamais été aussi proches les uns des autres.

V. MonsterVerse

Ça devient une habitude dans le MonsterVerse, la taille du récit est inversement proportionnelle à celle des monstres. Déjà la grosse pierre d’achoppement du premier opus, la vacuité du scénario est derechef l’élément qui fâche le plus dans cette suite. Peut-on seulement parler de scénar’ tant il y a un cruel manque d’écriture: courants d’air dans l’intrigue, enjeux bidons, personnages caricaturaux, rebondissements artificiels. Fumeux, décousu, bancal, le script, parfaitement indigent, pèche par trop de simplisme, de dialogues scientifiques pontifiants, de poncifs bêtifiant… Quant aux personnages, ceux-ci sont sacrifiés sur l’autel de l’action. Disons-le sans ambages, ils ont l’épaisseur d’une feuille de papier ! Si nombre d’entre eux, sous-développés, passent à la trappe, ceux qui restent n’ont guère plus de psychologie (comportements stupides, incohérences à la pelle…).

VI. Long Live The King

Si le spectateur extrêmement indulgent et fatigué fait fi des grossières lacunes scénaristiques qui plombent le métrage et parvient à ignorer l’histoire honteusement pathétique, et qu’en sus il se concentre uniquement sur la beauté de la mise en scène, quoique bien trop boursouflée que pour être réellement appréciée, ce dernier, sur un malentendu somme toute magique, pourrait éventuellement y trouver son compte. Les autres, restés à quai, risquent de trouver le temps long, assommés par ces combats titanesques abrutissants. Il reste qu’on se montrera attentif à la rencontre entre l’icône de la Toho et King Kong prévue l’année prochaine, duel au sommet qui devrait conclure cet univers étendu. Pourvu que le film ne s’en tienne pas uniquement à son pitch improbable et développe autre chose qu’une scène de combat étirée en longueur…

Ce n’est pas gagné !

Note : 

Critique : Professeur Grant

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