Poissonsexe
Poissonsexe. Le titre du
film est aussi improbable que son pitch. Et quand on voit la date de sortie du
métrage, à savoir le mercredi 1er avril prochain (NDLR: finalement repoussé au 9 septembre à cause du Covid-19), on croit
vraisemblablement à un canular. Et pourtant, cette fiction n’est pas une blague.
L’histoire en deux mots ? Dans un futur proche, alors que la planète
s’émeut du sort de Miranda, dernier cétacé vivant au monde, Daniel, biologiste
chevronné, tente cahin-caha de redonner aux poissons l’envie de copuler. Célibataire
désabusé, il est lui-même hanté par le désir d’être père et compte bien traiter
ce problème scientifiquement. Mais, il y a un hic : à Bellerose-sur-Mer, on
dénombre seulement trois femmes en âge de procréer, soit une chance sur 6232,33
de rencontrer la mère de ses futurs enfants. Pourtant, un jour, en sauvant de
la noyade un étrange poisson à pattes surnommé Nietzsche, ce dernier va
réapprendre à tomber amoureux.
Axolotl
Ecrivons-le sans ambages,
on est tombé sous le charme de cette dramédie complètement barjo écrite et réalisée
par Olivier Babinet, co-auteur de la géniale série pleine d’ironie « Le
Bidule », diffusée il y a vingt ans sur Canal+ et malheureusement oubliée
de tous. Un programme court qui n’a pas pris une ride et qui parle étrangement
d’aujourd’hui. D’ailleurs, ça fait froid dans le dos. Loufoque, absurde,
surréaliste, dramatique, tendre, naïf, poétique, les qualificatifs se
bousculent dans nos doigts au moment de traduire en mots l’OFNI (objet filmique
non identifié) vu sur le grand écran. A l’image de l’axolotl, mi-poisson,
mi-monstre, à la fois mignon et effrayant, « Poissonsexe » est une
fiction qui mélange les genres. Comédie romantique, drame intime, délire de
science-fiction, cette fable écologique d’anticipation douce-amère ne peut se
résumer en une seule catégorie. Et, c’est justement ce melting-pot hétéroclite
de styles très différents qui fait tout le sel de cette histoire rocambolesque.
Coup
de cœur !
A la fois très drôle et
sensiblement émouvant, le film parvient en sus à nous faire réfléchir sur notre
condition d’humain. Quel est notre rapport au monde ? Quel avenir
laissons-nous pour cette planète ? D’ailleurs, au-delà du conte fantastique
et des éléments farfelus mis en place (la télépathie de l’amphibien), le
réalisateur s’attache à représenter la recherche en laboratoire de façon
réaliste. Babinet maîtrise son sujet. Documenté, son film est d’ailleurs
soutenu par des études scientifiques tangibles. Il réussit parfaitement à
combiner le monde de la fiction avec les enjeux du réel sans oublier le
divertissement. Car on ne s’ennuie pas une seule seconde : protagonistes azimutés
(merveilleux tandem formé par Gustave Kervern et India Hair), humour de
situation, dialogues désopilants, rythme soutenu, seconds rôles bien allumés
(le fraîchement Césarisé Alexis Manenti est parfait !)… « Poissonsexe »
est un feel-bad movie aussi déjanté
que désenchanté… qui fait du bien. Coup de cœur !
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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