Netflix Chronicles: Chapter Nin9

 


Confinement, contenu, septième art et… canard ! Voici le programme du neuvième chapitre de notre rubrique « Netflix Chronicles ». Et comme à l’accoutumée, nos mini-critiques des dernières productions de la plateforme de streaming.


Confinement : Season Final ?

Confinement. Saison 2. Episode… On ne va pas se mentir, on a arrêté de compter. Et c’est donc reparti pour un tour de carrousel dans ce quotidien aussi perturbé que perturbant. Et les cinéphages de chiner derechef dans le catalogue Netflix à la recherche de la petite perle rare qui viendra égayer son après-midi de confiné. Résultat : hormis l’une ou l’autre nouveauté d’une qualité toute relative, ce n’est pas bien folichon. Cela émis, on a apprécié retrouver feu Sir Sean Connery dans « The Hunt for Red October » (A la poursuite d’Octobre Rouge, en français), nouvelle acquisition de la plateforme de streaming. Au programme : de l’action plein les mirettes, de l’aventure menée tambour battant, des performances d’acteurs aux petits oignons (Alec Baldwin, Sam Neill, Scott Glenn, James Earl Jones, Stellan Skarsgård), un récit haletant et finement ficelé ainsi que des effets spéciaux qui n’ont pas trop mal vieillis pour un long-métrage tourné au crépuscule des eigthies. Et à la fin du générique de se dire : « John [McTiernan], reviens-nous vite ! ». Car on ne sait pas vous, mais nous, on en peut plus de la nouvelle génération d’actionner.

Cinéaste et béni-oui-oui

Plus les années passent, plus la qualité des superproductions s’appauvrit. Aujourd’hui, les jeunes réalisateurs sont d’excellents faiseurs d’images, bien aidés par les prouesses technologiques en termes d’effets numériques, ces fameux CGI pas toujours heureux qui inondent les grands écrans au détriment des trucages et astuces mécaniques. A contrario, ce sont de moins en moins des conteurs. Le noble profil de cinéaste est délaissé au profit du statut moins éclatant de yes man. Autrement dit, des béni-oui-oui à la solde des producteurs. Ceux-ci sont davantage intéressés par le rythme frénétique, l’esbroufe et l’improbabilité d’un plan - quitte à défier toutes les lois de la physique - que par la science du storytelling, soit le déroulé et la cohérence du récit. Ou quand les procédés de la publicité et du clip vidéo (qui est une réclame en soi) occulte l’art cinématographique. Car c’est bien de septième art dont on parle. Hormis les films de l’un des rares auteurs de blockbusters restants (citons le Britannique Christopher Nolan ou encore le Canadien Denis Villeneuve), difficile de percevoir des œuvres artistiques dans la production hollywoodienne contemporaine, l’industrie californienne préférant vendre des produits surmarketés pour minimiser les risques financiers.

Contenu pour cerveaux léthargiques

Et il en va de même avec les services de streaming. D’ailleurs, ceux-ci ne nous mentent pas dans leur communication : ils parlent essentiellement de contenu quand il s’agit de présenter leur offre. Terme so shocking ! et vu comme dépréciatif pour tout bon cinéphile qui se respecte. Il suffit de visionner les derniers métrages apparus sur la plateforme au N écarlate. Comment parler de septième art avec des fictions telles que « Holidate », « Jingle Jangle » ou « Hubie Halloween » ? Ces productions transpirent la formule toute-faite, le produit surcalibré, l’objet convenu et impersonnel réalisé dans le seul et unique but de convenir à une saison. A savoir les téléfilms de Noël pour la fin de l’année ou encore les métrages d’épouvante pour la période automnale. Des « œuvres » (il faut le dire vite…) facilement marketables qui brossent le spectateur dans le sens du poil. Surtout le divertir. Surtout ne pas le surprendre. Surtout ne pas le faire réfléchir. Bref, du contenu pour des cerveaux léthargiques. Néanmoins, faisons preuve d’honnêteté intellectuelle, Netflix parvient parfois à nous étonner et à donner une consistance à son répertoire. L’exception qui confirme la règle : « His House ». Un rafraîchissant film d’effroi qui revisite complètement le genre.

Pas de quoi casser trois pattes à un canard

Par ailleurs, Netflix profite du confinement et de l’impossibilité de certains studios hollywoodiens de diffuser leurs pellicules pour faire ses emplettes directement auprès de ces majors en difficulté. Des fictions qui lui ont coûté la bagatelle de plusieurs millions de dollars et qui finiront directement dans l’escarcelle des abonnés, sans passer par la sacro-sainte case salle obscure. Si certaines de ces œuvres s’avèrent prestigieuses (on pense à l’excellent deuxième long-métrage d’Aaron Sorkin, The Trial of The Chicago 7), la plupart des acquisitions sont dignes des productions maison (Bronx, The SpongeBob Movie: Sponge on the Run). Pas de quoi casser trois pattes à un canard. Est-ce que pour autant l’art ne s’exprimerait-il pas à travers tous ces objets de seconde zone ? Prenons l’exemple du remake chic et toc de « Rebecca » de Sir Alfred Hitchcock par le fat et outrecuidant pubard Ben Wheatley (l’exécrable High-Rise). Les costumes, les décors, la photographie, la mise en scène… La direction artistique est chiadée voire boursouflée. Et que dire de la partition composée par le virtuose Clint Mansell, lequel n’en finira donc jamais de nous surprendre. Du véritable travail d’orfèvre ! Mais est-ce suffisant ? A vous de voir. Mais pour nous…

Coda

Quant à nous, on conclura succinctement en reprenant le leitmotiv éloquent de Jean Gabin : « il faut trois choses pour faire un bon film : d’abord une bonne histoire, puis une bonne histoire, et enfin une bonne histoire ».



His House (3/5)

Weekes réussit la rencontre improbable entre le drame social british et l’épouvante US. Une proposition rafraîchissante dans un genre éculé.



Hubie Halloween (1/5)

Même en étant indulgent avec Adam Sandler, il n’y a rien à sauver dans ce produit formaté pour remplir un contrat d’exclusivité avec Netflix



Holidate (1/5)

On ne misait pas un kopeck sur ce nouveau porte-étendard du genre film de Noël et on avait raison: une romcom niaise et sirupeuse à souhait.



Jingle Jangle: A Christmas Journey (2/5)

Plastiquement ébouriffante, cette comédie musicale pro-diversité bute sur un récit pantouflard qui ne s’embarrasse pas de nourrir des enjeux



Over The Moon (2/5)

Des fla-flas et des flonflons dans cette fable sino-américaine autour d’une déesse sélénique. Esthétiquement bluffant, narrativement bancal.



The Boys in The Band (3/5)

Sous des dehors de Cage aux folles US, cette itération de la pièce de Crowley sonne juste. Un psychodrame transcendé par son divin casting.



The Trial of the Chicago 7 (4/5)

Le génie de Sorkin s’exprime à travers un scénar parfaitement ficelé, des dialogues mitraillette acérés et un montage calibré au millimètre.



I'm Thinking of Ending Things (2/5)

Récit cabalistique, logorrhée interminable, dialogues sibyllins, réalisation apathique… L’art abscons de Kaufman élevé à son paroxysme. Dur!



Rebecca (2/5)

Rebelote, Weathley nous refourgue son pompiérisme creux. Ce fils de pub peine à concevoir que le cinéma, c’est avant tout honorer un récit.



Bronx (2/5)

Gros bras, regards méchants, gueules cassées, mâchoires serrées, Marchal nous refile des caricatures et des clichés dans un cinéma archaïque


Bonus de dernière minute



The SpongeBob Movie: Sponge on the Run (1/5)

Animation criarde, intrigue en eaux troubles, humour qui tombe à plat, caméos racoleurs, running gags assommants, ce nouveau Bob fait plouf!

 - Professeur Grant -

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