Soul

 

  
 

 

Y-a-t-il une vie après la mort ? C’est à cette question que les réalisateurs de « Soul » ont décidé de ne pas répondre. Cette question, ils la laissent aux scientifiques. Pete Docter et Kemp Powers réalisent plutôt un long-métrage d’animation sur le thème des secondes chances. « Soul » n’a donc pas la prétention de répondre à la question la plus complexe de l’univers. Tant mieux ?

Dès le premier coup d’œil, le 23ème long-métrage du studio d’Emeryville épate par sa gamme de styles d’animation. 3D, 2D, photoréalisme et animation en noir et blanc n’ont pas de secret pour Pete Docter. Rappelons au passage qu’il n’est autre que l’artiste derrière l’animation du célèbre logo de Pixar. 

Passionné de jazz et professeur de musique dans un collège, Joe Gardner (Jamie Foxx) a enfin l’opportunité de réaliser son rêve : jouer dans le meilleur club de jazz de New York. Mais un malencontreux faux pas le précipite dans le « Great Before » – un endroit fantastique où les nouvelles âmes acquièrent leur personnalité, leur caractère et leur spécificité avant d’être envoyées sur Terre. Bien décidé à retrouver sa vie, Joe fait équipe avec 22 (Tina Fey), une âme espiègle et pleine d’esprit, qui n’a jamais saisi l’intérêt de vivre une vie humaine.

Dans sa première partie, « Soul » multiplie les références au septième art (« Heaven Can Wait » de 1978 ou encore « Defending your Life » - avec la talentueuse Meryl Streep - viennent à l’esprit) et les autoréférences (la fameuse camionnette Pizza Planet propre aux films Pixar, le personnage 22 en référence aux 22 longs-métrages de la boîte et le personnage de Terry faisant penser au logo Mac OS). 

La bande originale du très inspiré duo formé par Trent Reznor & Atticus Ross ainsi que les admirables compositions de jazz et autres arrangements de Jon Batiste nous transportent sans mal vers d'autres cieux. 

« Soul » traite d’enjeux existentiels (prédéterminisme, sens de la vie, la construction de la personnalité, débat de l’inné et de l’acquis) à travers le prisme de l’animation. Portés par un script brillant, les moments les plus philosophiques ne se veulent jamais lourds au vu de l’humour et de la légèreté ambiants.

Quand il choisit de se centrer sur un protagoniste noir et sa communauté afro-américaine, « Soul » amplifie l’appel à la diversité lancé trois ans plus tôt par « Coco ». D’autres films ont certes ouvert la voie avant lui (notamment « The Princess and the Frog » et « Spider-Man: Into the Spider-Verse ») mais font malheureusement encore figure d’exception.

« Soul » aurait gagné à garder davantage les pieds sur Terre. En effet, la vie de Joe Gardner le New-Yorkais est plus touchante que celle de son âme Là-Haut. Le script va parfois plus vite que la musique en se contredisant sur certains aspects. Même si les équipes ne furent pas aidées par la pandémie, « Soul » n’est pas aussi touchant qu’un certain « Inside Out » ("Vice-Versa" en VF).

Cette dramédie métaphysique s’appréciera à sa juste valeur par les humains affichant un minimum de 6000 jours de vie sur Terre au compteur. Impossible de le voir sans les enfants ? Parents, préparez-vous à répondre à une multitude de questions une fois « l’au-delà » (le générique) atteint.

Ambitieux, inspiré, inspirant et novateur, « Soul » fait des étincelles et démontre que le studio n’a pas perdu son âme. Si les fans redoutaient le pire après le départ de John Lasseter comme directeur artistique et la sortie plus tôt dans l’année du mi-figue mi-raisin « Onward », « Soul » réinscrit Pixar dans nos petits papiers.

  

Goupil

Commentaires

Articles les plus consultés