Kaamelott: Premier Volet
Le tyrannique Lancelot-du-Lac et ses mercenaires saxons font régner la terreur sur le royaume de Logres. Les Dieux, insultés par cette cruelle dictature, provoquent le retour d'Arthur Pendragon et l'avènement de la résistance. Arthur parviendra-t-il à fédérer les clans rebelles, renverser son rival, reprendre Kaamelott et restaurer la paix sur l'île de Bretagne ?
Trois coups de cor
retentissent et nous voilà rassurés. Nous demeurons bel et bien dans la bonne
salle obscure. Douze ans après la diffusion du dernier épisode de la sixième
saison d’une licence télévisée entretemps devenue culte, « Kaamelott » change
de canal, bifurque de la petite lucarne vers le grand écran tout en conservant
l’artiste derrière cette saga, à savoir l’auteur, inventeur et démiurge
Alexandre Astier.
Plus d’une décennie que
le Lyonnais songeait à poursuivre en cinémascope la geste arthurienne
pittoresque entamée sur M6. Exit les « livres », terme choisi pour caractériser
la série, voici donc les « volets ». Dont le premier est sorti durant une
saison estivale 2021 marquée par une pandémie, des vaccins et un pass
sanitaire. Ça, c’est pour le contexte. Mais qu’en penser ? L’attente en valait
la peine, certes, mais le métrage ne tient pas toutes ses promesses, loin s’en
faut. Explications.
En substance, ce premier
épisode d’une trilogie en devenir se montre plutôt fidèle à sa figure
paternelle et met en exergue tant ses qualités que ses défauts. Véritable
homme-orchestre, notre Rémy Bricka s’illustre devant et derrière la caméra en
tant qu’acteur-producteur-réalisateur, mais aussi à la plume du scénariste, à
la baguette du compositeur et à la table du monteur. Et qu’on se le dise, ça
fait beaucoup de casquettes pour une seule tête.
Loin de nous la volonté
de minimiser ses talents, mais comme redouté, Astier, engoncé sous un ego
étouffant, surestime ses compétences à certains postes. Si le quadragénaire est
un dialoguiste et un orchestrateur hors pair, ce dernier n’a clairement pas
l’étoffe d’un metteur en scène de fresque aventureuse. Il maîtrise le langage
musical et la rythmique des répliques, pour l’occasion parfaitement ciselées,
mais éprouve quelques difficultés à appréhender le tempo de l’intrigue.
Sa pellicule pèche par
une absence totale de souffle épique et d’entrain romanesque. Un comble pour
une production qui joue dans la catégorie « heroic fantasy ». Sans relief, et
même d’une platitude désolante, on constate en sus un manque criant de
surprises, d’idées, de créativité tant en termes de narration que de réalisation.
Lesté d’une interminable galerie de personnages, le film bute sur quelques
maladresses : lourdeurs, longueurs, gags tombant à plat, rôles et flash-back
superfétatoires…
Toutefois, le
divertissement fonctionne. Ce n’est clairement pas le Graal espéré, mais
l’humour décalé, la photographie soignée, le jeu inspiré des acteurs (les
anciens comme Lionnel Astier ou Joëlle Sevilla, mais aussi les nouveaux à
l’image de Guillaume Gallienne et Clovis Cornillac) et la direction artistique
léchée sont autant d’atouts qui permettent aux initiés de passer un bon moment.
Quant aux néophytes, on leur conseillera de zyeuter l’œuvre télévisuelle avant
de passer par la case cinéma.
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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