The Batman

 


Deux années à arpenter les rues en tant que Batman et à insuffler la peur chez les criminels ont mené Bruce Wayne au coeur des ténèbres de Gotham City. Avec seulement quelques alliés de confiance - Alfred Pennyworth, le lieutenant James Gordon - parmi le réseau corrompu de fonctionnaires et de personnalités de la ville, le justicier solitaire s'est imposé comme la seule incarnation de la vengeance parmi ses concitoyens. Lorsqu'un tueur s'en prend à l'élite de Gotham par une série de machinations sadiques, une piste d'indices cryptiques envoie le plus grand détective du monde sur une enquête dans la pègre, où il rencontre des personnages tels que Selina Kyle, alias Catwoman, Oswald Cobblepot, alias le Pingouin, Carmine Falcone et Edward Nashton, alias l’Homme-Mystère. Alors que les preuves s’accumulent et que l'ampleur des plans du coupable devient clair, Batman doit forger de nouvelles relations, démasquer le coupable et rétablir un semblant de justice au milieu de l’abus de pouvoir et de corruption sévissant à Gotham City depuis longtemps.



The Bat & The Cat

Adam West, Michael Keaton, Val Kilmer, George Clooney, Christian Bale, Ben Affleck… Une pléthore d’acteurs a déjà pu endosser le costume du Dark Knight. Aujourd’hui, c’est au tour de Robert Pattinson et de Zoë « Catwoman » Kravitz de jouer au chat et à la (chauve-)souris. Mais comment faire du neuf sur grand écran quand une licence et ses personnages iconiques ont été autant exploités par le septième art ? Telle est la gageure qui s’est imposée à Matt Reeves, nouveau penseur recruté par l’association Warner Bros/DC Comics pour relancer la franchise « Batman » au cinéma. Après la version gothique de Tim Burton, la déclinaison pop et criarde de Joel Schumacher, la variante « réaliste » de Christopher Nolan et l’inspiration torturée de Zack Snyder, qu’allait bien pouvoir nous proposer le réalisateur de « Let Me In » et des deux derniers volets de la saga « Planet of the Apes » ? Réponse : un grand écart à la JCVD. Fini le justicier vieillissant de Snyder, place au jeune détective bouillant en quête de vengeance. Un Chevalier noir à l’aube de sa carrière de vigilante qui met à profit ses talents de déduction. Un fin limier qui n’agit pas tout seul. Associé à une version rajeunie du fameux commissaire Gordon, quand celui-ci n’était encore que lieutenant, et à la féline Selina Kyle, il aura fort à faire face à un redoutable némésis : le Riddler, un Homme-mystère tourmenté aux antipodes de la proposition over the top des nineties faite par Jim Carrey. Quant au ton, oubliez l’actionner décomplexé ou le superhero movie gonflé aux effets numériques tape-à-l’œil. Le metteur en scène vous offre un pur thriller noir d’inspiration fincherienne. Au programme : un film d’enquête dense façon « Se7en ». Sur le papier, on signe des deux mains. Mais, qu’en est-il du résultat sur la toile ?

Feel-Bat Movie

En un mot comme en cent, c’est va-li-dé ! Mû par la passion envers son protagoniste, le cinéaste s’escrime à offrir un grand rendez-vous cinématographique prenant l’allure d’une fresque dantesque alignant presque les trois heures de métrage sans que pour autant l’on ressente la durée dans les jambes. Un geste radical, majestueux et maîtrisé. Un tour de force narratif et visuel pour celui qui co-signe un récit des plus captivants. Pleinement convainquant, ce « feel-bat movie » nihiliste coche toutes les bonnes cases : une interprétation minimaliste et bluffante de Bat-tinson, une réalisation au rasoir à la fois hypnotisante et classieuse, une direction artistique d’une beauté et d’une créativité époustouflante (la mégapole pluvieuse, décadente et désenchantée de Gotham n’a jamais été aussi bien rendue à l’écran), bien aidée par la superbe photographie signée Greig Fraser (certains plans prenant l’allure de véritables tableaux), un scénario retors et astucieux nonobstant quelques errances (on n’évite pas l’une ou l’autre incohérence), des comédiens investis dans des rôles marquants (que du beau monde, lisez plutôt : Zoë Kravitz, Paul Dano, Jeffrey Wright, Colin Farrell, John Turturro, Andy Serkis ou encore Peter Sarsgaard), des scènes d’action chiches, mais impressionnantes (la course-poursuite en batmobile, un must !), des effets spéciaux efficaces et surtout discrets (fait suffisamment rare de nos jours dans les superproductions hollywoodiennes)… Sombre, poisseux, fascinant, « The Batman » est une réussite et mérite que vous fassiez le déplacement chez votre exploitant de salle préféré, si ce n’est déjà fait. Matt Reeves aurait-il accouché de la meilleure version du héros au cinéma ? La question mérite d’être posée tant ses qualités abondent. Le temps nous le dira.

Note : 

Critique : Professeur Grant

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