John Wick: Chapter 4
John Wick découvre un moyen de vaincre l’organisation criminelle connue sous le nom de la Grande Table. Mais avant de gagner sa liberté, Il doit affronter un nouvel ennemi qui a tissé de puissantes alliances à travers le monde et qui transforme les vieux amis de John en ennemis.
John
Wick, le début de la fin
JW4. Qui se cache
derrière ce code cinématographique ? John Wayne ? James Woods ? John
Woo ? Nenni. John Wick, pardi ! Et le quatrième, s’il vous plaît.
Mais, commençons par la fin. S’il ne fallait donner qu’un argument pour vous
convaincre de vous déplacer dans les salles obscures découvrir l’ultime chapitre
des mésaventures de l’increvable Baba
Yaga, nous évoquerions le climax dantesque dans la Ville Lumière. Une
séquence d’anthologie interminable qui résume tout ce qui fait le sel de cette
saga. Des combats au corps-à-corps parfaitement chorégraphiés, des cascades
toujours plus dingues, des mises à mort originales, des courses-poursuites
homériques, des plans-séquences virtuoses… Et surtout, le brio d’une mise en
scène inventive qui met un point d’honneur à ce que l’action soit lisible. Plus
fort, plus haut, plus long, plus fou, mais aussi plus ambitieux et plus… létal.
Plus, toujours plus, en somme. C’est épique, généreux, gourmand, jubilatoire. En
un mot : orgastique. Bref, ce nouvel opus suit le sillage laissé par le
troisième pour siéger au Panthéon du cinéma d’action populaire et décomplexé.
Production
value
Avec son ampleur
opératique et son rythme mené tambour battant, « John Wick : Chapter
4 » se différencie du reste de la production contemporaine de blockbusters
en ménageant une certaine forme de physicalité dans son approche de l’action. Ici,
le fond vert se fait discret. A l’heure du CGI-roi, le réalisateur et
ex-cascadeur Chad Stahelski ne cède pas au chant des sirènes numériques et entend
bien préserver le goût du vrai. Ou tout du moins l’illusion du vrai. Pas
question de recourir à la technique à la mode du « StageCraft Volume »
en studio pour le quinquagénaire qui privilégie davantage le dépaysement avec
des plateaux de tournage installés aux quatre coins de la planète. A ce propos,
le cinéphage appréciera la manière dont l’action
director s’approprie les spécificités des nombreux décors utilisés par la
production pour les incorporer dans le scénario. A épingler également, le soin
apporté aux accessoires et à la production
design globalement. Ce sens du détail booste la production value et transpire sur la pellicule, rendant certaines
scènes mémorables à l’image du plan-séquence démentiel dans l’immeuble parisien
filmé en plan zénithal. Une bien belle prouesse ! Le budget conséquent de
100 millions de dollars semble avoir été dépensé à bon escient tant le métrage
nous fait voyager (de New-York à Paris, en passant par Osaka et Berlin) et nous
immerge au cœur de ces bastonnades.
Ballistic-chic
Rebelote, ça cogne dur,
ça défouraille sec, ça tranche bien également, quand ça ne te démet pas une
clavicule ou te retourne tout simplement une rotule. Flingue, sabre, nunchaku,
judo, jujitsu… tout y passe pour charcuter et zigouiller à tout-va. Notre roi
des headshot à bout portant, habillé
de son costume « ballistic-chic », perfectionne sa maîtrise du
gun-fu, (s’)éclate dans des gunfight
maousses et enflamme son kill count
atteignant des records dignes de jeux vidéo. Le metteur en scène n’hésitant pas
à faire durer les altercations pour donner aux aficionados ce plaisir aussi
régressif que jouissif de voir des tueurs… s’entre-tuer. Et qu’on se le dise, notre
ronin, plus badass que jamais, n’a pas son pareil pour occire quiconque se met
en travers de son chemin. La mise en scène, à mi-chemin entre le délire
vidéoludique et le comic-book stylisé, parvient à masquer les courants d’air du
récit qui entreprend d’étendre l’univers mythologique de « John
Wick ». Un lore plutôt cohérent
qui permet de maintenir l’intérêt malgré les inévitables redondances qu’apporte
le quatrième volet d’une franchise. Nonobstant sa durée infinie (2h50 au bas
mot), la ligne narrative tient sur un simple ticket de métro, tout étant
investi dans les séquences d’action. C’est spectaculaire, certes, mais aussi
long que vain.
Contrat
de confiance
Evidemment, en allant
voir cet actionner décérébré, un
contrat de confiance lie automatiquement le spectateur à l’équipe de production.
En substance, il vous est demandé d’éteindre votre cerveau et d’allumer les
pupilles. Un marché qui devrait vous permettre d’accéder au sacro-saint divertissement
sans trop sourciller. Car Chad Stahelski vous en demande beaucoup. Trop même.
La suspension d’incrédulité est mise à rude épreuve. Il faut pouvoir accepter
sans broncher ce qui est montré à l’écran et, si possible, en imaginant que tout
cela puisse paraître réel. Il va sans dire que nous éprouvons parfois
(souvent ?) quelques difficultés. Le metteur en scène n’hésite pas à pousser
le curseur à un niveau paroxysmique. Au programme : exagération
scénaristique et emphase stylistique. Pour le fun. Pour l’anecdote. Pour la
belle image. Pour la dramaturgie facile aussi. Conséquence : le grossier
et le risible ne sont jamais très loin.
Joyeux
drilles et folie furieuse
Par ailleurs, gardons-nous
d’être trop regardant du côté de l’interprétation. Du héros christique (n’en
demandez pas trop à Keanu Reeves, fidèle à lui-même, avec son jeu monocorde) à
l’antagoniste stéréotypé (Bill Skarsgård, caricatural au possible, peu aidé par
des scénaristes qui ont confondu « rôle » avec « drôle »),
en passant par les adjuvants aux bons mots (les saillies des fidèles Ian
McShane, Laurence Fishburne et feu Lance Reddick) et les opposants originaux
(Scott Adkins, hénaurme), tout le
monde cabotine joyeusement dans cette folie furieuse qui prend par moment des
allures burlesques. Si d’aucuns s’en sortent avec les honneurs (Donnie Yen et Hiroyuki
Sanada volent la vedette), d’autres pataugent dans des compositions ridicules (Marko
Zaror, pénible). L’acting nous rappelle le terreau employé pour développer
cette saga : la série B. Bête, mais bon !
De
la suite dans les idées
Contrat rempli. Objectif
atteint. Promesse tenue. Le spectacle fournit la dose d’adrénaline attendue par
les fans hardcore de la licence et
autres amateurs de bastons. Il ne leur reste plus qu’à patienter pour la suite,
autrement dit attendre que les rejetons de la franchise pointent le bout
de leur nez : le spin-off « Ballerina » avec Ana De Armas (la Brune
qui joue la « Blonde » dans le dernier Andrew Dominik) en 2024, et,
avant lui, la série divisée en triptyque « The Continental » avec Mel
« Braveheart » Gibson, dont un « échantillon pelliculaire »,
comme diraient les Inconnus, vient de fuiter sur la toile. Rendez-vous est
pris.
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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