Spider-Man: Across the Spider-Verse
Après avoir retrouvé Gwen Stacy, Spider-Man, le sympathique héros originaire de Brooklyn, est catapulté à travers le Multivers, où il rencontre une équipe de Spider-Héros chargée d'en protéger l'existence. Mais lorsque les héros s'opposent sur la façon de gérer une nouvelle menace, Miles se retrouve confronté à eux et doit redéfinir ce que signifie être un héros afin de sauver les personnes qu'il aime le plus.
Spider-Man - Across
the Spider-Verse : oui…
Un chef-d’œuvre ? Allons,
allons, un peu de sérieux. La critique professionnelle et toute la blogosphère
cinéphile paraissaient à court de superlatifs pour exprimer dare-dare et à l’unisson
leur enthousiasme débordant lors de la réception du nouveau « Spider-Man »
animé, suite de l’oscarisé « Into the Spider-Verse », sorti en 2018.
Au point d’employer tous azimuts le sacro-saint terme on ne peut plus galvaudé,
lui faisant d’ailleurs perdre toute sa valeur, toute sa substance. Un « masterpiece »,
comme disent les anglophones ? Really ? Seriously ? D’aucuns
semblent avoir perdu tout sens de la mesure, de la nuance, de la distance
critique. Si nous n’éprouvons aucune peine à participer à cette allégresse
collective, nous devons, par pure honnêteté intellectuelle, remettre quelques
pendules à l’heure. Oui, le film fourmille de qualités formelles, entre
trouvailles visuelles et prouesses technologiques. On épinglera son inventivité
graphique avec un patchwork de textures et de styles bluffant, sa dimension de
spectacle total avec le shoot d’adrénaline pris directement dans les mirettes, sa
maîtrise technique d’une ambition folle avec l’objectif atteint d’une immersion
renforcée. Sidérant, euphorisant, musclé, touchant même, par bien des aspects,
ce Spidey-là est une réussite incontestable… Mais pas totale. Loin s’en faut.
…mais non !
Particulièrement dense, le métrage
souffre de quelques longueurs dommageables. Nonobstant une bande-son
assourdissante qui a de quoi réveiller un mort, nous nous
sommes surpris à piquer du nez à plusieurs reprises. Pourtant, le scénario ne
lésine pas sur les rebondissements, que ce soit des surprises plutôt bien vues
ou des coups de théâtre convenus. Foisonnant, ce récit initiatique aborde même
assez intelligemment diverses thématiques liées au poids des responsabilités. Mais
rien n’y fait. On est fatigué par cette surenchère visuelle ni motivée, ni
justifiée, éreinté par ce rythme improbable qui ferait passer les clips
musicaux de l’ère MTV au mitant des nineties
pour des publicités vantant la sérénité d’une maison de repos, assommé par
la composition électro-orchestrale grossière du très peu subtil Daniel
Pemberton. Les images, certes esthétiques, mais aussi gonflées ad nauseam de
références, s’enchaînent dans un montage chaotique qui vomit tous ces clins d’œil
et easter eggs, présents pour électriser
les aficionados du tisseur, et court-circuite la trame narrative. Car à force
de s’extasier devant ses tableaux et de s’émerveiller sur ses gimmicks de mise
en scène, le trio de réalisateurs - qui se regardent filmer - en oublie l’essentiel,
à savoir se concentrer sur le sens des images et sur les messages censés être
véhiculés par les scènes. Du coup, l’émotion n’émerge que trop rarement et les
enjeux s’esquissent de manière confuse. Quant à l'action, guère lisible, elle
donne le tournis.
Bien plus que de regrettables
peccadilles, ces maladresses nous empêchent de crier au chef-d’œuvre. Moins
équilibré dans sa cinégénie hyperactive que le précédent volet, ce deuxième
opus satisfait toutefois les attentes en tant que suite et offre en sus un bon
moment de cinéma à ceux qui pousseront les portes de la salle obscure. En
attendant le troisième épisode « Beyond the Spider-Verse », prévu au
printemps 2024, mais soudainement renvoyé aux calendes grecques.
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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