Bernadette
Quand elle arrive à l’Elysée, Bernadette Chirac s’attend à obtenir enfin la place qu’elle mérite, elle qui a toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président. Mise de côté car jugée trop ringarde, Bernadette décide alors de prendre sa revanche en devenant une figure médiatique incontournable.
Oubliez Barbie, voici Bernie !
Vous avez adoré Barbie ?
Vous allez kiffer Bernie ! Coup de projecteur sur
« Bernadette », actuellement dans les salles obscures. On le sait, la
comédie est un genre noble, mais difficile d’exécution. Pouvoir faire rire aux
éclats le plus grand nombre tout en étant pertinent, maîtriser le rythme de la
narration comique et proposer des idées cinématographiques, ce n’est pas donné
à tous les réalisateurs. Une gageure qui n’a pas effrayé Léa Domenach
lorsqu’elle a décidé de s’attaquer à l’écriture d’un portrait fantasmé autour
de la figure de Bernadette Chirac pour son tout premier long-métrage. Une fable
satirique « librement inspirée », comme le dit la formule consacrée,
pour se dédouaner de toute fidélité historique, qui devait s'intituler à l’origine
« La Tortue », en référence au surnom donné par l’ancien président
français à son épouse.
La revanche d’une blonde
Dans les « vieilles
robes » de l’ex-Première Dame de France, l’exquise Catherine Deneuve opère
un retour fracassant après son accident vasculaire cérébral. De tous les plans,
la reine du cinéma hexagonal trouve ici un costume sur mesure parfaitement
calibré pour sa délicieuse irrévérence. La comédienne fait le bon choix en ne
cherchant pas le mimétisme. D’ailleurs, il fallait oser proposer ce rôle, tant
les deux femmes semblent venir de deux galaxies différentes. Et pourtant, on y
croit. Léa Domenach et sa coscénariste Clémence Dargent sont parvenues à
dépasser la figure pète-sec de l’Elysée pour en faire un véritable personnage
de comédie. Car Bernadette raconte, sous l’angle de la farce caustique, la
revanche d’une femme humiliée, trop longtemps cantonnée à un rôle d’épouse
moquée et de mère déconsidérée, qui décide de prendre un jour son destin en
main.
Qui est-ce ?
Si l’incarnation iconique proposée
par Deneuve brille à l’écran, le reste de la distribution joue une partition à
l’unisson follement jubilatoire. Un régal pour le spectateur qui se prend au
jeu du « qui est qui ? ». Au centre du jeu de quilles politique,
Jacques Chirac, alias Michel Vuillermoz, désopilant dans la caricature grand-guignolesque
du président. A ses côtés, on distingue Sara Giraudeau, irréprochable dans le
rôle de sa fille et plus proche conseillère, ou encore Denis Podalydès, impayable
en chef de cabinet de sa femme. Même les troisièmes couteaux font mouche :
Laurent Stocker/Nicolas Sarkozy, Artus/David Douillet, François
Vincentelli/Dominique de Villepin, mais aussi Lionel Abelanski en chauffeur
attitré du président et surtout Olivier Breitman, dans le costume de l’inénarrable
Karl Lagerfeld, qui détient l’une des meilleures scènes du film.
Votez Bernadette !
Ne cherchez pas une once de véracité
dans les échanges entre les protagonistes. Si les épisodes politiques et
événements publics sont véridiques, les conversations privées et les interactions
entre certaines personnalités s’avèrent le fruit de l’imagination débordante
des scénaristes. Et c’est justement cette liberté de ton qui donne à ce
vrai-faux biopic toute sa puissance humoristique : les dialogues ciselés,
les punchlines de derrière les
fagots, les gags burlesques… Le résultat est on ne peut plus réjouissant :
une fantaisie pop à la fois enlevée et inventive, mais aussi intelligente et
décalée, qui brocarde sans ménagement tout ce petit monde pris sous les ors de
la République chiraquienne. Bien plus que la pochade redoutée par sa promotion,
« Bernadette » s’affiche comme le divertissement idéal pour dérider
vos zygomatiques. Votez Bernadette !
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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