The Fall Guy

 


C'est l’histoire d’un cascadeur, et comme tous les cascadeurs, il se fait tirer dessus, exploser, écraser, jeter par les fenêtres et tombe toujours de plus en plus haut… pour le plus grand plaisir du public. Après un accident qui a failli mettre fin à sa carrière, ce héros anonyme du cinéma va devoir retrouver une star portée disparue, déjouer un complot et tenter de reconquérir la femme de sa vie tout en bravant la mort tous les jours sur les plateaux. Que pourrait-il lui arriver de pire ?



Cascadeur professionnel et doublure officielle de Brad Pitt, David Leitch s’est rendu célèbre, ces dernières années, en passant derrière la caméra. D’abord auprès des professionnels œuvrant dans la Mecque du cinéma en tant que réalisateur de seconde équipe pour des actionners pas toujours regardables, puis vis-à-vis des amateurs de bourrinades dans le costume de metteur en scène principal. Si son premier fait d’armes fut la co-réalisation de John Wick avec Chad Stahelski, pour lequel il n’est pas crédité, son patronyme apparaît pour la première fois sur le grand écran avec le simili John Wick au féminin Atomic Blonde.

Il a, par la suite, cédé au chant des sirènes des licences : un petit tour du côté de l’écurie Marvel avec le sympathique Deadpool 2 et une tête passée dans la galaxie vrombissante Fast & Furious avec l’anecdotique Hobbs & Shaw. Jusque-là, rien de mémorable, pas même son laborieux Bullet Train aux effets numériques dégueulasses qui nous avait demandé de consulter en urgence un ophtalmo pour cause de dommages irréversibles sur nos rétines. Bref, avant d’entrer dans la salle de projection pour découvrir The Fall Guy, on n’était pas spécialement rassuré.

L’histoire suit les pérégrinations abracadabrantesques d’un cascadeur campé par l’arme de séduction massive Ryan Gosling, tout en dérision et en muscles. Cet homme qui tombe à pic est amené à devoir retrouver une vedette de cinéma portée disparue (Aaron Taylor-Johnson en roue libre), déjouer un complot capillotracté et tenter de reconquérir la femme de sa vie (Emily Blunt, fidèle à elle-même) tout en bravant la mort quotidiennement sur les plateaux de tournage. Le résultat n’est pas déshonorant, David Leitch s’attachant à mettre en scène avec panache une intrigue pas spécialement enivrante, mais qui semble à tout le moins le passionner.

Le quadragénaire se fend également de quelques piques bien senties adressées à l’industrie hollywoodienne comme l’absence d’une catégorie récompensant le travail de ces fameux stuntmen aux Oscars ou encore l’utilisation de l’intelligence artificielle pour disposer du visage des acteurs à volonté. Mêlant comme à l’accoutumée humour saugrenu et action débridée, son nouveau (trop) long métrage se laisse regarder sans déplaisir, nonobstant un ventre mou, pour peu que vous ayez pris soin de laisser votre cerveau au vestiaire. Qu’on se comprenne, il est ici question d’un blockbuster sous stéroïdes hyper formaté qui préfère jouer la carte de la pyrotechnie plutôt que celle de la subtilité.

Si The Fall Guy ne réussit pas tout ce qu’il entreprend (le volet romcom patine), le film parvient à faire mouche lorsqu’il s’attache à rendre hommage aux équipes techniques qui créent l’illusion et font en sorte que la magie du septième art opère. A ce moment-là, cette superproduction au premier abord sans prétention s’offre un supplément d’âme qui l’empêche d’être considérée comme un simple divertissement lambda. Par ailleurs, au regard de la disette qui sévit depuis plusieurs années chez l’Oncle Sam en matière de comédies d’action, on ne va pas faire la fine bouche. Ne vous faites pas prier, profitez !

Note : 
Critique : Professeur Grant

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