Pacific Rim

★★

Avec Pacific Rim, Guillermo del Toro accomplit un rêve de môme: faire combattre des monstres avec des robots. Et, entre nous, le film ne dépasse jamais ce stade puéril qu’on pourrait aisément résumer par la formule mathématique suivante: Transformers + Godzilla = pas bonne idée… du tout! Même s’il faut reconnaître qu’un espoir subsistait ne serait-ce que par le nom du réalisateur. Le Mexicain à qui l’on doit les merveilleux «El Labinrento del Fauno» et «El Espinazo del Diablo» était de taille a relever la gageure qui s’imposait à lui; celle d’à la fois contenter les bourrins en manque de testostérones et les cinéphiles à la recherche d’un film d’action intelligent. Si vous faites partie de cette deuxième catégorie, vous serez forcément déçus.

Tout, absolument tout, est simpliste. Les enjeux, ou devrait-on dire le seul et unique intérêt ne dépasse pas le sauvetage du monde en cassant de l’extra-terrestre démesuré. Quant aux personnages, ceux-ci sont à peine esquissés. Certains s’affichent comme de véritables caricatures insupportables. L’horripilant mathématicien campé par un Burn Gorman constamment dans l’emphase par exemple. Tellement imbuvable que notre schadenfreude s’exprime à travers la fantasme sadique d’imaginer sa mort et, si possible, violente. Idem pour le héros de l’histoire interprété par un monolithique Charlie Hunnam, sans charisme qui plus est. Lui aussi, on crève d’envie de le voir mourir. Une allégresse malveillante qui nous démanche depuis l’introduction du métrage. Une sorte de Chris Pine (Star Trek) ou Garrett Hedlund (Tron: Legacy), le talent en moins. On en vient presque à se demander si on ne préférerait pas que les kaijus détruisent carrément l’humanité avec des hurluberlus pareils. Heureusement, Idris Elba - qu’on verra bientôt en Mandela - est là pour sauver les meubles.

Mais ça ne suffit pas. Car Guillermo del Toro se fout amplement de la psychologie des personnages et semble se désintéresser complètement des deux (trois?) bonnes idées qui figurent dans son scénario. On aurait apprécié qu’il creuse la relation entre Stacker et Mako... mais non. On aurait aimé qu’il développe le mécanisme par lequel deux pilotes sont amenés à diriger un robot gigantesque (en deux mots: ceux-ci sont mentalement connectés via un programme, ils partagent ainsi leurs souvenirs, ressentis etc.)… mais non. Une belle idée de science-fiction avortée, sacrifiée sur l’autel du spectacle pyrotechnique abrutissant. Du gâchis! Seul le flashback de Mako enfant recèle quelques petites touches émotionnelles. On ne vous le cache pas, le storytelling est désastreux.

Alors, évidemment, les adorateurs loueront la qualité des effets-spéciaux, les combats dantesques à s’en décrocher la mâchoire voire le brio de la mise en scène avec des séquences quasi opératiques. C’est certain, Guillermo del Toro sait y faire en matière d’action et de déferlements sonores et visuels. Mais, il y avait matière à réaliser bien plus qu’un simple et pur fantasme de geek. De l’œuvre de SF un chouia plus fine, il ne reste finalement qu’un mégablockbuster superficiel et ultra balisé. Beaucoup de bruit pour rien.


Professeur Grant

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