20th Century Women
'20th Century Women' est une comédie douce-amère sur l'amour, la famille,
les connections que nous cherchons tous pendant notre vie. Annette
Bening (nominée pour un Golden Globe) joue Dorothea, une mère
indépendante qui élève son fils adolescent toute seule. De
temps en temps, elle demande de l'aide à Abbie (Greta Gerwig), une
artiste punk qui vit dans leur maison et à Jullie (Elle Fanning) la meilleure amie de son fils.
À
l'issue de la projection de '20th Century Women', nous ne savons trop
comment réagir. Encadrer une photo
géante de Mike Mills (le réalisateur) dans notre living ? Écrire
une lettre d'admiration au cinéaste ? Ou bien construire une statue
dans notre jardin à l'effigie de ce réalisateur né en 1966 à
Berkeley ?
'20th
Century Women' fait partie de ces films pendant lesquels le-la
spectateur-trice – complètement captivé-e – en vient à oublier
jusqu'à sa propre existence. L'espace de deux heures, nous passons
de l'autre côté de la toile pour rejoindre les cieux plus cléments
de Californie. Le film nous rappelle ce pourquoi nous aimons le
cinéma : pour développer notre sens de l'empathie, pour mieux
comprendre certains enjeux, pour découvrir d'autres cultures, etc.
Mais faire voyager l'audience ; c'est sans doute ce que ce
medium fait de mieux.
Cette
comédie dramatique, à la fois tendre et authentique, ne passe
jamais par la case mélo. '20th Century Women' est avant tout un film
qui met en exergue la relation mère/fils. Il rend hommage à toutes
ces femmes qui cherchent à aider leur rejeton quand survient
l'inéluctable croisée des chemins de l'adolescence. Le film, sans
tomber dans un féminisme radical décrié par beaucoup, présente
les femmes comme des role models
(comprenez
: des modèles
à suivre). Il offre une vision entière et respectueuse du sexe que
beaucoup appellent encore – à tord – le sexe faible.
'20th
Century Women' se résume à un sublime instantané Polaroid
d'une époque révolue : le Santa Barbara de 1979. Les tensions liées
à la crise pétrolière, au chômage et à la désillusion politique
(merci à l'affaire du Watergate)
contribuèrent à en faire une époque de grands bouleversements.
C'est dans ce contexte que le film tâche de répondre à la
question suivante : « faut-il un homme pour élever un
homme ? » (sujet par ailleurs encore d'actualité).
Le
film fait preuve d'une richesse sur bien des plans (humain,
socio-économique, sociologique et bien sûr culturel). Non
content de toutes ces qualités, le long-métrage innove avec des
plans inventifs et des effets franchement révolutionnaires (les
virées en Volkswagen Beetle
– avec une prédominance osée des couleurs primaires - sont à se
damner). De
par ses choix, le film repousse encore un peu plus les limites du
réalisme absolu vers lequel tendent les restitutions d'époque.
Aucun détail n'est omis : des sublimes voitures robustes aux
moustaches bien rétro en passant par des couleurs délicieusement
criardes.
Comme
à l’accoutumée, Annette Bening y est admirable. Cette grande dame
délivre une prestation on ne peut plus juste digne d'un Oscar. Les
jeunets que sont Elle Fanning et Lucas Jade Zumann forment un
charmant duo. Quant à Greta Gerwig (la figure du cinéma indé) et
Billy Crudup (un grand habitué aux seconds rôles), ils confirment à
nouveau leur talent et prouvent qu'il n'y a définitivement pas de
« petits rôles ».
Véritable
escapade humaine et culturelle, '20th Century Women' fleure bon les
seventies
avec son lot de jeans ringards, de musique punk, de sexe et de
favoris touffus (pas forcément dans cet ordre). Avec un œil
bienveillant, Mike
Mills livre un vibrant hommage à la gent féminine. En
filigrane se cache également un beau message porteur d'espoir à
l'attention de tous les jeunes hommes cherchant à se construire.
Projet
indubitablement personnel (en partie auto-biographique), passionné
et intelligent, '20th Century Women' est un film – à l'image du
soleil californien – tout bonnement radieux !
Note : ★★★★
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