Tron: Ares
L'étonnante aventure d’un Programme hautement sophistiqué du nom de Ares, envoyé du monde numérique au monde réel pour une mission dangereuse qui marquera la première rencontre de l'humanité avec des êtres dotés d'une intelligence artificielle…
Troisième itération d’une saga
que l’on croyait rangée au musée des curiosités numériques, Tron: Ares surprend par son point de
départ qui change le paradigme : cette fois, la frontière s’inverse. Ce n’est
plus l’homme qui s’aventure dans le programme, mais l’intelligence artificielle
qui infiltre notre monde. Une idée simple, efficace, presque élégante — et que
le film, hélas, exploite sans l’audace qu’elle méritait.
Le yes man norvégien Joachim Rønning, exécutant docile mais compétent
du paquebot Disney (Pirates of the Caribbean 5, Maleficent 2), trouve malgré
tout un équilibre rare entre commande de studio et souffle épique. Son sens du
cadre et du rythme maintient le métrage à flot, tandis que la direction
artistique impressionne par sa cohérence : architectures géométriques, textures
métalliques, lumières pulsées. Tout respire le soin, la précision, la maîtrise.
Visuellement, c’est un triomphe.
Chaque plan semble calibré pour hypnotiser, soutenu par un sound design
démentiel et une composition musicale électro-industrielle percutante signée
Nine Inch Nails qui prolonge l’héritage de Daft Punk sans le singer. L’alliance
image/son fonctionne à plein régime (voyez-le en Imax !), ce qui nous
donne droit à une symbiose sensorielle où la froideur du code devient matière
sonore.
Et pourtant, la machine cale. Le
scénario s’enlise dans des schémas convenus. Les incohérences s’accumulent, les
dialogues semblent générés en mode « bêta », et les seconds rôles
manquent cruellement d’écriture. La pauvre Gillian Anderson, en particulier,
semble condamnée à réciter des lignes qui n’appellent aucune incarnation. Le
sommet du malaise reste ce caméo absurde de Jeff Bridges, visiblement venu
cachetonner entre deux méditations bouddhistes : présence superfétatoire,
regard absent, nostalgie forcée. Bref, du mauvais fan service.
On ressort partagé. Tron: Ares éblouit autant qu’il frustre :
il fascine par son vernis esthétique
et son ambition visuelle, mais son cœur narratif reste désespérément inerte.
Une épopée néonisée spectaculaire, rutilante en surface, qui semble redouter de
penser jusqu’au bout ce qu’elle montre.
Note : ★★
Critique : Professeur Grant

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