Their Finest
Londres, Seconde Guerre mondiale. À présent que presque tous les hommes sont partis se battre au front, Catrin Cole (Gemma Arterton) décroche un emploi de copywriter pour des films de propagande qui ont besoin d'une touche féminine. Son flair naturel est rapidement remarqué par le prolifique producteur de films Tom Buckley (Sam Claflin). Pour remonter le moral du pays, Catrin et Buckley doivent réaliser un long métrage qui réchauffera le coeur de la nation. Malgré les bombardements incessants, Catrin découvre qu'il existe autant de drame, d'humour et de passion derrière que devant la caméra.
Basé sur le roman “Their Finest Hour and a Half” de Lissa Evans sorti en 2009, “Their Finest” emprunte aussi à Sir Winston Churchill. Le titre est en effet extrait d’une des citations de l’illustre Premier Ministre.
S’inspirant librement de la vie de Diana Morgan et de sa carrière en tant que scénariste aux Ealing Studios, le film introduit une certaine Catrin Cole. Il s’agit pourtant de la même femme. “Their Finest” fut tourné aux studios Pinewood ; tout comme plusieurs scènes apparaissant dans le film. La réalisatrice Danoise Lone Scherfig (derrière l’adaptation du roman “One Day” et du très remarqué “An Education”) nous offre un autre portrait de femme. Elle le fait ici dans une Angleterre bombardée. La réalisatrice n’a pas son pareil pour mettre en scène le combat des femmes contre la phallocratie ambiante.
Le tournage du film de propagande, scénarisé par Catrin Cole, en plus de motiver les troupes, a aussi pour but de tenter de convaincre d’éventuels autres alliés. Faut-il dès lors raconter la vérité - peu glorieuse - ou bien au contraire la réécrire afin de servir la cause alliée ? Là est le dilemme auquel devront faire face les membres du Ministère de l’Information.
Gemma Arterton (“Gemma Bovery”, “Tamara Drewe”, “Quantum of Solace”) est tout simplement parfaite ! L’actrice anglaise allie flegme et audace comme personne. Jamais la jeune trentenaire n’a été aussi lumineuse. Sam Claflin (“Me Before You”, “Snow White and the Huntsman”, “Pirates of the Caribbean: On Stranger Tides”) trouve un rôle touchant qui confirme ses qualités d’acteur. Bill Nighy - qu’il convient de ne plus présenter - est étrangement attachant dans le rôle d’un acteur imbu de sa personne. Jeremy Irons fait aussi une brève apparition pendant un conseil.
Film qui fait sacrément chaud au coeur, “Their Finest” mettra tout le monde d’accord. C’est le genre de films qu’il faut s’empresser de recommander à celles et ceux déçu-e-s par les productions actuelles.
Véritable ode au cinéma et aux femmes exerçant un métier, “Their Finest” est réellement réconfortant en ces temps où l’actualité se veut parfois morose. Sur fond de guerre, les scénaristes de propagande se feront les médecins de l’âme pour une population anglaise au moral en berne. Et au spectateur de se laisser porter par les images bouleversantes. Du grand cinéma !
Curieux de voir comment Christopher Nolan va traiter un sujet pour le moins similaire le mois prochain avec “Dunkirk”.
Note : ★★★★
Critique : Goupil
Autre
critique, autre point de vue - « Their Finest » vu par le Professeur
Grant :
La
fibre britannique, la touche danoise
La plus britannique des
Danoises est de retour sur grand écran. Après « An Education », « One
Day » et « The Riot Club », Lone Scherfig adapte un autre roman: « Their
Finest Hour and a Half », de Lissa Evans. L’histoire ? En plein
Blitz, une jeune Galloise fraîchement débarquée à Londres (merveilleuse Gemma
Arterton, aussi naturellement belle que parfaitement talentueuse) se voit
confier un projet par le Ministère de l’Information. Accompagné d’un scénariste
chevronné (extraordinaire Sam Claflin), le tandem a pour mission d’échafauder
un récit de propagande basé sur une histoire vraie - un fait héroïque de la
retraite de Dunkerque - qui doit autant galvaniser le moral des troupes que
réchauffer le cœur des citoyens, à l’heure où les bombes de la Wehrmacht
viennent tristement remodeler le paysage urbain.
Le
cinéma fait sa propagande
C’est la raison d’être du
« département films » : diffuser des métrages dans les salles
obscures pour réveiller la fibre patriotique de la population anglaise.
Seulement le projet a du mal à se mettre en place. Entre un Ministère qui chicane
sur tout et n’importe quoi, un cabot aux allures de dandy précieux et
capricieux (un grand numéro offert par l’irrésistible Bill Nighy) et un
comédien yankee non-professionnel (Jake Lacy, parfait), incapable d’aligner
deux répliques et ajouté à la hâte dans le scénario pour conquérir le marché
américain (et, par-là, inviter le pays d’Oncle Sam à se joindre aux Alliés),
notre duo aura fort à faire pour mener sa barque jusqu’à bon port.
Une
arme de manipulation massive
Là où le film s’avère le
plus pertinent, c’est lorsqu’il évoque l’univers des scénaristes, lesquels sont
facilement enclins à travestir la réalité pour raconter une bonne histoire,
avec ce qu’il faut d’héroïsme, d’amour et de moments de bravoure. « Le
cinéma, c’est la vie sans les moments ennuyeux », dira notamment un des
auteurs. Pertinent aussi lorsque le métrage évoque l’industrie
cinématographique et la réalisation d’une œuvre de propagande, arme de
manipulation massive par excellence. L’aspect poupée russe du « film dans
le film » est particulièrement bien rendu. On notera encore une
reconstitution d’époque tirée au cordeau ainsi qu’un soin tout particulier apporté
aux dialogues, entre humour et amertume.
La
carte de la contre-programmation
Par contre, et assez
paradoxalement au regard de sa filmographie, la réalisatrice se montre
nettement moins convaincante lorsqu’elle aborde les scènes d’émotion, se
permettant même de rater une séquence dramatique clef du film. On s’efforcera
donc d’oublier la romance cousue de fil blanc ainsi que l’un ou l’autre
rebondissement factice particulièrement téléphoné pour ne garder en mémoire que
les moments de comédie pure, pour le coup, vraiment réussis. En jouant finement
la carte de la contre-programmation dans une liste de sorties estivales
saturées en blockbusters pétaradants, « Their Finest » se présente
comme une dramédie qui a tout ce
qu’il faut pour mériter votre attention.
Note : ★★★
Critique :
Professeur Grant
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