I Feel Pretty
Renee (Amy Schumer), une jeune femme complexée, se réveille d'une chute en croyant qu'elle est la femme la plus belle et la plus compétente de la planète. Sa nouvelle confiance lui permet de vivre sans peur, mais que se passe-t-il quand elle réalise que son apparence n'a jamais changé?
Intro :
« Moi, belle et jolie »
Le culte de la beauté et
de la minceur atteignait déjà son paroxysme à travers la publicité ces trente
dernières années. Mais avec la toute-puissance d’Internet, des réseaux sociaux
et des applications de rencontres en ligne, le phénomène (couplé à celui de l’egotrip) n’a fait que prendre de
l’ampleur. Au point que certain(e)s, mal dans leur peau, le vivent très mal au
quotidien. C’est le cas de Renee, héroïne complexée de la comédie « I
Feel Pretty » à découvrir dès le 2 mai dans les salles obscures. Le
célibat lui colle aux baskets, son environnement de travail est pourri,
personne ne la remarque et son corps ne lui convient pas. Elle décide donc de
se prendre en charge et se met au spinning,
entendez du vélo de chambre intensif pratiqué en groupe avec un coach. Du
cardio-training pour devenir une bombasse, telle est sa quête. Seulement, péchant
par trop d’enthousiasme, la jeune femme se heurte violemment le ciboulot et
perd connaissance. A son réveil, plus de peur que de mal. Mieux, celle-ci se
voit tout d’un coup comme la plus belle meuf
du monde. Au moins aussi hot que la
top biche Emily Ratajkowski qui a un petit rôle dans le film. Une situation qui
lui donne des ailes et lui ouvre toutes les portes, tant au niveau relationnel
que professionnel. Nouveau job, nouvel entourage, nouvelle vie ! Seulement,
son corps, lui, n’a pas bougé d’un iota. Qu’adviendra-t-il lorsqu’elle
comprendra que ses yeux la trompent ?
L’amour
extra-large
A mi-chemin entre
« Shallow Hal » (L’amour extra-large), pour le propos, et « Bridesmaids »
(Mes meilleures amies), pour le ton, « I Feel Pretty » s’affiche
comme une romcom de saison, légère et
ensoleillée, soufflant un vent de fraîcheur potache sur le cinéma indépendant
américain. Digne héritière des frères Farrelly et des productions Apatow, Amy
Schumer est incontestablement l’atout numéro un de ce long-métrage. Le
spectateur a droit à un véritable one-woman-show
qui prouve son indéniable talent pour la comédie. On se remémore avec bonheur
son rôle dans l’excellent « Trainwreck » (malheureusement inédit dans
nos salles). Il faut la voir se la péter, concourir à « miss t-shirt
mouillé » en toute spontanéité, draguer à tout-va en maniant l’audace
comme personne. L’assurance inébranlable de Renee lui permet de changer de vie
alors que son corps n’a pas bougé d’un poil. Et c’est là l’autre atout de ce
film : son scénario malin et son message universel et bienveillant sur
l’estime de soi. Abby Kohn et Marc Silverstein prolongent ce matériau
écrit par une bonne idée de mise en scène : on ne voit jamais la femme au
physique parfait que Renee croit être devenue après sa commotion cérébrale
salutaire. Ainsi, le tandem de réalisateurs parvient à nous la faire voir plus
belle et rayonnante lorsqu’elle se croit fine et sans imperfection. La beauté
se manifestant uniquement par son regain de confiance.
Outro :
humour léger et final prudhommesque
Si l’humour léger fonctionne
à plein régime grâce à l’abattage d’Amy Schumer et aux talents combinés des autres
comédiens (on retrouve notamment une étonnante Michelle Williams à
contre-emploi), on regrette le manque de subtilité insufflé dans un récit
relativement convenu qui caresse le spectateur dans le sens du poil sans
creuser son sujet. Si l’on fait fi du final neuneu et prudhommesque, « I
Feel Pretty » s’affiche in fine comme une honnête comédie qui atteint son
but : titiller gentiment nos zygomatiques sans nous brusquer.
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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