Avignon

 


Comédien en perte de vitesse, Stéphane débarque avec sa troupe au Festival d’Avignon pour jouer une pièce de boulevard. Il y recroise Fanny, une comédienne de renom, et tombe sous son charme. Profitant d’un quiproquo pour se rapprocher d’elle, Stéphane s’enfonce dans un mensonge qu’il va devoir faire durer le temps du festival…mais qui va très vite le dépasser !



Avignon : une romcom au doux parfum estival

Coup de projecteur sur Avignon, une romcom au doux parfum estival qui ose s’attaquer à l’une des grandes forteresses culturelles hexagonales : le Festival d’Avignon, ses drames existentiels sous le cagnard, ses affiches maison placardées à la hussarde et ses comédiens en tongs, citant des vers entre deux verres. Sur le papier, on redoutait l’écueil habituel : un énième feel-good movie calibré pour les tranches horaires de TF1. Et surprise : non seulement le scénario est finement écrit avec ses dialogues ciselés, mais il a le bon goût de ne jamais sombrer dans le pathos ni dans les archétypes faciles.

Oui, le squelette narratif est balisé, mais le traitement l’élève au-delà du tout-venant. La grande trouvaille du film, c’est son regard méta sur la condition de comédien, exploré avec une justesse quasi-documentaire : les galères financières, la pression de la salle vide, les rivalités de chapelle entre les ayatollahs du classique et les évangélistes du vaudeville… De quoi attester qu’il y a bien un regard aiguisé et une plume malicieuse qui se cachent dans ce projet.

Derrière la caméra, un gaillard plutôt habitué à être devant : Johann Dionnet, acteur vu dans d’innombrables métrages, le plus souvent dans des seconds rôles. Avignon s’inspire de son vécu au festival où il a eu l’impression de vivre mille vies pendant un mois. Et pour un premier long, le réalisateur épate. La mise en scène, d’une sobriété élégante, joue subtilement avec le cadre tandis qu’on sent un véritable travail sur la photographie. C’est rare de voir une telle attention portée à l’esthétique d’une fiction relevant du genre téléfilmesque de la comédie populaire française.

Une galerie de personnages savoureux

Film choral oblige, la distribution se doit d’être au diapason. Baptiste Lecaplain surprend dans le rôle de l’amoureux transi : ce dernier garde sa gaucherie sympathique sans verser dans le clown triste. Il est entouré d’une jolie galerie de personnages savoureux interprétés par Alison Wheeler, Lyes Salem, Elisa Erka ou encore Dionnet lui-même. Ensemble, ils parviennent à nous faire croire à cette joyeuse troupe et à nous faire vivre leurs mésaventures. On s’y attache, on rit franchement, sans jamais tomber dans le ricanement gratuit. Une vraie réussite en matière de direction d’acteurs.

Avignon réussit là où tant d’autres échouent : être léger sans être creux, drôle sans être niais, touchant sans sortir les violons. Une bluette parfaite pour l’été, à savourer en toute simplicité : entre tendresse, ironie et quelques éclats d’émotion inattendus. Il serait dommage de ne pas s’offrir cette petite bouffée d’air frais sous le ciel de Provence.

Note : 
Critique : Professeur Grant

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