Le magasin des suicides



Imaginez une ville où les gens n’ont plus goût à rien, au point que la boutique la plus florissante est celle où on vend poisons et cordes pour se pendre. Mais la patronne vient d’accoucher d’un enfant qui est la joie de vivre incarnée. Au magasin des suicides, le ver est dans le fruit…


L’exemple typique du piètre long métrage qui aurait pu être un excellent court. Le Magasin des Suicides - titre énigmatique et intriguant - commence fort mais trébuche très vite, dès la fin du premier quart d’heure. Pourquoi? En substance: parce qu’il n’a rien à raconter! 

Le nouveau film de Patrice Leconte (la trilogie Les Bronzés), qui s’essaye pour la première fois au cinéma d’animation, prend 
d’emblée son envol avec une séquence vertigineuse où un pigeon traverse une ville habitée par des suicidaires et manque plusieurs fois de se tuer à cause des désespérés sautant depuis leur balcon. Le ton est donné, l’ambiance est morbide, le rendu est sinistre et rappelle par instant les œuvres gothiques des nineties comme La Famille Adams ou la filmographie de Tim Burton. 

Mais après un sympathique prologue, le dessin animé (du 2D projeté en 3D) se suicide dans une succession de scènes répétitives et abominablement chantées. Et c’est là le gros défaut de cette comédie noire: non seulement il y a trop de chansons mais en plus elles se ressemblent! Les personnages entonnent inlassablement la même antienne. Les paroles et les thèmes sont quasi identiques, et surtout, c’est très mal chanté. Bref, c’est toujours la même ritournelle et c’est pénible. Entre voix stridentes et chants incompréhensibles, les esgourdes du spectateur sont mises à rude épreuve. Et que dire du scénario! Il fait du surplace. Le récit n’avance guère, les enjeux sont inexistants. 
Ni totalement pour les enfants à cause de certaines scènes dérangeantes (la sœur nue devant son petit frère), ni vraiment pour les adultes (la morale à deux balles, les discours enfantins, les chants horripilants, le final ahurissant de bêtise), le film aura beaucoup de mal à trouver son public. Même si on apprécie le côté transgressif et macabre de l’ensemble, Le Magasin des Suicides reste hélas une énorme déconvenue.

Note:
Critique: Professeur Grant

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