Henri


Henri, la cinquantaine, d’origine italienne, tient avec sa femme Rita un petit restaurant près de Charleroi, "La Cantina". Une fois les clients partis, Henri retrouve ses copains, Bibi et René, des piliers de comptoirs ; ensemble ils tuent le temps devant quelques bières en partageant leur passion commune, les pigeons voyageurs. Rita meurt subitement, laissant Henri désemparé. Leur fille Laetitia propose alors à Henri de se faire aider au restaurant par un "papillon blanc", comme on appelle les résidents d’un foyer d’handicapés mentaux proche de "La Cantina". Rosette est de ceux-là. Elle est joyeuse, bienveillante et ne voit pas le mal. Son handicap est léger, elle est simplement un peu "décalée". Elle rêve d’amour, de sexualité et de normalité. Avec l’arrivée de Rosette, une nouvelle vie s’organise.






Ça y est! L’ineffable Yolande Moreau fait le grand saut en solo. Après avoir co-réalisé ‘Quand la mer monte’ avec Gilles Portes en 2004 et reçu deux César pour le «meilleur premier film» et la «meilleure actrice», la Bruxelloise émigrée en Normandie retourne derrière la caméra avec ‘Henri’, une fable sortie dans les salles obscures le 11 décembre dernier. Une fiction noire-jaune-rouge avec ses deux unités de lieu que sont la province de Hainaut et la côte belge, à Middelkerke.

Le récit - plutôt ténu - tourne autour de la rencontre entre Henri, quinqua à peine veuf, et Rosette, un «Papillon», entendez une jeune handicapée mentale. Celle-ci est prête à l’aider dans son restaurant qu’il a du mal à faire tourner depuis la disparition de sa femme. Éteint, le restaurateur d’origine italienne va peu à peu se réveiller au contact de cette fille un peu simple d’esprit qui a «une soif de vie et une aptitude naturelle au bonheur», comme l’explique la réalisatrice.

Pour son premier métrage en seul et unique capitaine du navire, l’ex-Deschiens sonde l’âme de ces personnes trop vite classées comme marginales. Avec un regard poétique et une mise en scène intelligente qui laisse place aux silences, souvent plus parlant que la logorrhée, Yolande Moreau touche au plus profond des cœurs, sans pathos ni trémolo, mais avec une sensibilité et un humanisme qui ne laissent pas indifférent. Saupoudré çà et là de petites touches humoristiques, d’un zeste de mélancolie et de quelques envolées lyriques, ‘Henri’ n’est autre qu’un hymne à l’amour et à la liberté fortifié par l’interprétation sans faille et toute en finesse de Pippo Delbono et Candy Ming.

En dépit d’une apathie éprouvante en fin de métrage avec quelques scènes qui tirent en longueur, nonobstant des personnages à peine esquissés et malgré une progression dramatique lente et sans surprise qui voit les protagonistes se diriger là où on les attend, ‘Henri’ est au final un joli conte qui, s’il ne paye pas de mine au premier abord, se révèle plutôt envoûtant sur la durée.

Note:
Critique: Professeur Grant

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