Le test de Bechdel

 



Que peuvent bien avoir en commun « The Devil Wears Prada », « Hidden Figures », « Goodfellas », ou encore « Titanic » ? Le test de Bechdel, pardi ! Le test de Bechdel, me direz-vous ? Vous ne savez pas ce qu’est le test de Bechdel et votre curiosité a été attisée ? Cet article a été écrit pour vous ! 

 


Le test de Bechdel, ou test de Bechdel-Wallace, a été imaginé par la dessinatrice Alison Bechdel et son amie Liz Wallace. Wallace aurait été inspirée par Virginia Woolf dans l’essai «  A Room of One’s Own » où l’autrice peine à trouver des romans centrés sur une amitié féminine et ne présentant les femmes que comme des épouses d’hommes importants.


C’est dans une des planches de la bande dessinée américaine « Dykes to Watch Out For » (« Guines à Suivre », en français) d’Alison Bechdel que les critères de passation de LA règle sont expliqués.

Le test se compose de trois critères :

- Premièrement, l’œuvre doit inclure deux personnages féminins dont les noms sont connus.

- Deuxièmement, ces deux femmes doivent discuter entre elles à un voire plusieurs moments.

- Troisième point à respecter, leur discussion doit porter sur un autre sujet que les hommes.

On ne cesse de louer ce test comme indicateur de représentation (et de complexité des rôles) des femmes sur grand écran. Peut-on s'y fier entièrement ? Pour tout dire, il montre des limites puisqu’un film comme « Gravity » (2013) ne le passe pas alors qu’il n’est aucunement sexiste tandis qu’un film plus neuneu tel que « Twilight » (2008) le réussit de justesse. Idem pour « American Pie 2 » (2001) qui est loin d’être une ode féministe mais dans lequel deux personnages féminins parlent simplement de … vêtements ! 

 

Avant de vous parler des films qui passent le test Bechdel, penchons-nous un moment sur les films qui ne le passent pas. Dans les « mauvais élèves », on retrouve « Shrek » (2001) – bien que les séquelles le passent, la trilogie « The Lord of the Rings » (2001-2003), « The Hurt Locker » (2008) – pourtant réalisé par une femme. Même constat pour l’adaptation du roman de Stieg Larsson « The Girl With the Dragon Tattoo » (2011). « The Avengers » (2012), « Bullet Train » (2022), « Uncharted » (2022), « Nope » (2022), ou plus récemment encore « Indiana Jones and the Dial of Destiny » (2023) et « The Holdovers » (2023) tombent dans la même catégorie. Quid du meilleur film de l’an dernier ? « Oppenheimer » échoue malheureusement.

                                                 Oppenheimer, Los Angeles: Universal Pictures, 2023.

Étonnement, on retrouve aussi le film de Marc Webb « (500) Days of Summer ». Si cette romcom indé sortie en 2009 a plutôt bien vieilli, elle rate le test de peu. Pourquoi ? Parce qu’elle se focalise exclusivement sur le point de vue de Tom (l’excellent Joseph Gordon-Levitt). Pour prendre la défense de cette pépite filmique, on soulignera que le cinéaste présente tout de même Summer (la talentueuse Zooey Deschanel) comme une femme indépendante et accomplie. Dans « Jerry Maguire » (1996) les personnages joués par Renée Zellweger et Tom Cruise tentent de convaincre un footballeur américain en pleine ascension (Cuba Gooding Jr.) de les suivre dans leur nouvelle start-up d’agents sportifs. Si Dorothy (Zellweger) a bel et bien une conversation avec une autre femme, elle tourne autour de Jerry et de son travail. Dans « Breakfast at Tiffany’s » (1961), Paul (George Peppard), un écrivain qui peine à percer, s’éprend pour Holly Golightly (Audrey Hepburn), une jeune call-girl chic qui n’a pas encore trouvé sa place dans la société. Iconique, cette adaptation d’un roman de Truman Capote comporte plusieurs rôles féminins mais dénombre beaucoup d’interactions avec des hommes.

                                                 Jerry Maguire, Culver City: Sony Pictures, 1996.

À l’inverse, certains longs-métrages passent le test haut la main. On pense d’abord au film de 2006 intitulé « The Devil Wears Prada » dans lequel les trois protagonistes interprétées par le trio Streep / Blunt / Hathaway parlent de tout sauf de la gent masculine. Dans « Little Women » (2019), adaptation la plus récente du roman de Louisa May Alcott, les héroïnes discutent de leurs rêves et aspirations futures. Pas certain que deux personnages masculins se parlent dans ce film, c’est pour dire ! Parler de ce test sans évoquer « Barbie » (2023) serait un sacrilège. C’est logique quand on sait que le film a été mis sur pied par l’actrice et productrice Margot Robbie et que la cinéaste n’est autre que Greta Gerwig (et dont la filmographie est exemplaire en termes de représentation de la gent féminine). 

                                                 Barbie, Burbank: Warner Bros. Pictures, 2023.

On peut aussi inclure « Some Like It Hot » (1959), « 10 Things I Hate About You » (1999), « Mean Girls » (2004), « Wonder Woman » (2017) et plus récemment encore « Poor Things » (2023), « Anatomie d’une Chute » (2023) et enfin « Dune : Part Two » (2024), si on compte le langage Bene Gesserit.


Après quelques recherches, et à notre grande surprise, « Jurassic Park » (1993), le diptyque « Kill Bill » (2003-2004), « Mad Max: Fury Road » (2015) ou encore « The Batman » (2022) font aussi partie des bons élèves. Comme quoi, certains réalisateurs font tout de même attention !

En conclusion, le test de Bechdel est donc un outil pour évaluer la représentation des femmes sur grand écran. C’est aussi une manière d’attirer l’attention sur l’inégalité des genres et les préjugés sexistes. Le test n’est par contre aucunement un gage de qualité cinématographique. Le passer ne signifie pas que l'œuvre est exempte de stéréotypes de genre. Le rater ne fait pas non plus du film en question un long-métrage misogyne. Espérons qu’un tel outil permettra de faire avancer la discussion à ce sujet et que les cinéphages du monde entier se tourneront davantage vers des films plus inclusifs. 



Goupil



Sources :

https://bechdeltest.com/

www.imdb.com

www.thewomens.network/blog/the-best-movies-that-pass-the-bechdel-test

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