Grace of Monaco



Lorsqu'elle épouse le Prince Rainier en 1956, Grace Kelly est alors une immense star de cinéma, promise à une carrière extraordinaire. Six ans plus tard, alors que son couple rencontre de sérieuses difficultés, Alfred Hitchcock lui propose de revenir à Hollywood, pour incarner Marnie dans son prochain film. Mais c'est aussi le moment ou la France menace d'annexer Monaco, ce petit pays dont elle est maintenant la Princesse. Grace est déchirée. Il lui faudra choisir entre la flamme artistique qui la consume encore ou devenir définitivement : Son Altesse Sérénissime, la Princesse Grace de Monaco.






Cinephages.com fait son cinéma à Cannes. Ou pas. Ou presque, avec la vision en avant-première de l’événement du printemps: «Grace of Monaco». On le sait, sur la Croisette, les passions sont exacerbées. C’est à celui qui, au sortir de la projection, crie le plus vite et le plus fort, aujourd’hui sacrément aidé par ces nouveaux joujoux de messages instantanés que sont les réseaux sociaux. Et pour être certain de se faire entendre au-delà du charivari sur la blogosphère, la twittosphère et autres blablasphères où la bêtise prime sur l'information pertinente, le critique de cinéma n’hésite pas à s’armer de sa virulence, jusque-là précieusement gardée pendant toute une année. 



Et tant pis si ce sont des attaques gratuites. Tant pis si l’article va pourrir la carrière d’un long métrage. Mais pourvu que le papier soit repris par les autres médias, devienne LA première référence sur le sujet et, surtout, fasse le buzz, soit le Saint Graal des rédacteurs en chef, davantage portés sur le quantitatif que sur le qualitatif. Ainsi une fiction décevante deviendra un navet. Une petite surprise aura la réputation d’un chef-d’œuvre. Bref, à Cannes, c’est souvent noir ou blanc. Jamais gris. Rarement dans la nuance. Bref, prenez garde aux nombreux torchons qui vicient la toile et sortent dans la presse. Il y à boire et à manger. Mais surtout - appelons un chat, un chat - un tas de balivernes et autres fadaises! Faites-vous votre propre avis, on ne le répétera jamais assez.

Dernière ineptie en date donc: le sort réservé par les scribouillards au film d’ouverture sélectionné hors compétition. Flinguée de toute part, «Grace of Monaco» a connu une deuxième mort. Qu’on se le dise, le métrage d'Olivier Dahan est loin d’être le ratage artistique annoncé. L'œuvre a même des qualités indéniables. La première, et non des moindres, Nicole Kidman, elle-même. Pas le rôle de sa vie, nous sommes bien d’accord. Mais l’actrice prouve que son talent est resté intact. Elle incarne avec grâce Kelly (trop facile, je vous l'accorde) et parvient, au moyen d’un jeu subtil, à faire oublier la différence d’âge qui les sépare. Pour l’anecdote, l’Australienne de bientôt 47 printemps incarne l’Américaine à… 32 ans! 

L’autre force majeure du métrage tient sur la volonté du réalisateur de ne pas mettre en scène un biopic traditionnel du style «la vie et la mort de...» mais bien de zoomer sur un moment clé de son existence; soit lorsque celle-ci était fasse au dilemme entre le retour au septième art suite à l’appel de son pygmalion Alfred Hitchcock et son devoir de princesse au chevet de son époux, le prince Renier, interprété par le très efficace Tim Roth. Le cinéaste français a même la bonne idée d’insister sur le conflit politique qui a vu naître un bras de fer sans précédent entre le Monégasque et Charles de Gaulle himself.

Le problème, c’est qu’Olivier Dahan, assis sur un confortable budget, s’est surtout fait plaisir durant le tournage. Son «Grace of Monaco», si clinquant soit-il en termes de costumes et de décors, ressemble davantage à un téléfilm de luxe voire même à une publicité pour une célèbre marque de parfum plutôt qu’à une œuvre de cinéma. Envoûté, ce dernier manque parfois de réserve et même de distance par rapport à son héroïne et offre un panégyrique difficile à avaler. Le final, tiré en longueur, finit par carrément canoniser la comédienne, elle qui n’en demandait pas tant. Les nombreux personnages secondaires, à peine esquissés, manquent de consistance et relèvent davantage de la caricature tandis que les situations dépeintes ont bien du mal à sortir des clichés. On aurait apprécié davantage de nuances, plus de réalisme et même quelques touches de poésie dans ce scénario lénifiant qui, finalement, n’a pas du tout l’allure de la grande fresque romanesque voulue par Dahan. Dommage.

Pas un navet. Pas un bon film. Juste une œuvre distrayante souffrant de plusieurs défauts.

Note:
Critique: Professeur Grant

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