The Loft


Dans le plus grand secret, cinq hommes mariés partagent un loft dans lequel ils reçoivent leurs maîtresses et nouvelles conquêtes en toute quiétude. Un arrangement de premier ordre, jusqu’à un froid matin d’hiver où ils y découvrent le corps d’une jeune femme. Aucun d’eux ne la connait, ne sait d’où elle vient, ni comment elle est arrivée dans ce loft, dont ils sont les seuls à posséder une clef.
Ils doivent dès lors essayer de comprendre ce qui s’est passé et pourquoi, mais ils se méfient de plus en plus les uns des autres. Il semble maintenant qu’ils se connaissent beaucoup moins bien qu’ils ne le pensaient.



 
Enfin! Non mais, enfin!!! Enfin, le cinéphile peut voir débouler dans les salles obscures cette Arlésienne tournée au temps de Mathusalem. Les bobines du film commençaient sérieusement à prendre la poussière dans les tiroirs d’Universal Pictures. Le métrage en question: «The Loft». On revient sur sa genèse quelque peu compliquée. Petit coup d’œil dans le rétroviseur.

Rétroactes. Automne 2008. La crise financière mondiale débutée en 2007 s’amplifie et provoque la chute des cours des marchés boursiers ainsi que la faillite de plusieurs établissements bancaires. Ce marasme économique fait la Une des canards. Mais plus loin, dans les pages culturelles, un autre séisme fait buzzer la presse écrite. Le film flamand «Loft» cartonne dans les cinémas. Personne n’aurait misé un kopeck sur ce thriller sulfureux sorti de nulle part.

Et pourtant, bingo!, c’est le jackpot. Le nouveau long métrage d’Erik Van Looy qui avait précédemment gagné le gros lot avec son «De Zaak Alzheimer» (La Mémoire du Tueur) fait florès aux quatre coins de la Flandre et à Bruxelles. Il remporte un large triomphe critique et commercial. Les chiffres atteignent des sommets. Astronomique! Voyez plutôt: 1.207.110 entrées, soit le plus grand succès du cinéma noir-jaune-rouge. «Loft» bat le précédent record détenu par «Koko Flanel» du réalisateur Stijn Coninx (Daens, Sœur Sourire, Marina).

Ce raz-de-marée au box-office dans notre petit royaume où rien ne se passe provoque des vagues, que dis-je, un tsunami, qui atteint les côtes outre-Atlantique. La machine à fric Hollywood sent le bon - et juteux - filon et s’empare du phénomène. S’enchainent alors rendez-vous, discussions, contrats entres les différentes parties et puis, un beau jour, hop!, l’affaire est dans le sac.

Ainsi, «Loft» deviendra «The Loft», un remake plutôt fidèle produit par une major et remis à la sauce américaine. La Flandre devient la Louisiane et le casting est dominé par les belles gueules du moment: Karl Urban (Star Trek), James Marsden (X-Men), Wentworth Miller (Prison Break). Eric Stonestreet (Modern Family) et notre Matthias Schoenaerts national (Rundskop) - qui joue exactement le même rôle que dans l’original - complètent la distribution. A la barre, Erik Van Looy reprend le flambeau.

Été 2011, le tournage débute dans l’Etat du Pélican, lequel n’est pas choisi par hasard. Depuis le passage de l’ouragan Katrina, Bâton-Rouge et ses alentours offrent des tarifs très avantageux pour attirer les productions cinématographiques. Une manière pour les autorités de reconstruire l’économie locale.

Mais le plateau déménagera également dans les contrées nettement plus exotiques de… Vilvorde! Objectif des producteurs: profiter du Tax Shelter, incitant fiscal permettant à toute entreprise de bénéficier d’une exonération de 150% du montant investi dans une production audiovisuelle. Autrement dit: un bon coup à jouer. Seule condition: une partie du film doit être tournée au Plat Pays avec des techniciens belges. Ceci explique donc cela!

Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Bonne humeur sur le tournage, bonne entente entre les membres de la production et même les projections tests se révèlent positives. Du coup, cette adaptation se concrétise. Une bande-annonce sort dans la foulée et, finalement, le film connaît sa première date de sortie: fin 2012. Première? Oui, car le métrage se perdra dans les méandres des bisbilles entre distributeurs et producteurs. Même le trailer a disparu de la toile… Et ce n’est jamais de bon augure.

Finalement prévu en 2013 pour débarquer dans les salles du monde entier le 29 août 2014, Universal a brusquement décidé de virer «The Loft» du planning de ses sorties. Sans commentaire. Frileuse, la maison de production semble ne pas vouloir engager des frais dans la distribution d’un film qui ne correspond pas aux attentes actuelles du public. Il est vrai que de plus en plus de thrillers sombres connaissent des carrières directement en dvd/blu-ray/vod.

C’est que «The Loft» se situe aux antipodes des super-héros et autres franchises maousses. Le studio s’est peut-être dit que la conjoncture n’est pas bonne pour un genre comme celui-là. Un accord a toutefois été trouvé avec le réalisateur pour quand même sortir le film en Belgique. Il sera sur les écrans le 15 octobre prochain après sa première mondiale au prestigieux «Festival du Film de Gand». Remarquez toutefois le peu de moyen engagé dans la promotion du film. On a rarement vu une affiche aussi fade! Quant à une sortie «worldwide», il n’en est pas encore question. «Wait and see» comme on dit dans ces cas-là.

[Mise à jour] 

Jusqu'à ce que notre rédaction reçoive un communiqué de presse ce mercredi 24 septembre où l'on nous annonce que «The Loft» recevra bel et bien la fameuse et attendue (et presque inespérée) sortie américaine dont l’équipe du film a toujours rêvée. Open Road Films distribuera le métrage le 23 janvier 2015 sur un minimum de 2.000 écrans aux Etats-Unis. 

«Il faut parfois être patient et laisser les choses suivre leur cours», explique Erik Van Looy. «Nous avons connu un parcours de distribution fort tourmenté, mais nous terminons avec une large sortie dont nous rêvions, une excellente date de sortie, et un film qui est, selon Open Road Films, entièrement prêt à conquérir les Etats-Unis et par extension, le reste du monde».

Cela dit, la presse a déjà pu voir ce remake. Qu’en est-il réellement? Disons-le tout de go, l’attente fut longue mais le résultat est à la hauteur des espérances. Plus que le casting qui tient la route sans briller, c’est le scénario complexe, tortueux et machiavélique qui épate dans cette production belgo-américaine. Une histoire que n'aurait pas renié David Fincher.

Durant 1h45, le spectateur va de surprises en rebondissements. Il ne se passe pas une minute sans que l’on ne soit tenu en haleine par la progression d’un récit malin à multiples tiroirs diablement efficace et généreux en coups de théâtre. Bien futé celui qui aura deviné le dénouement.

Au scénario finement écrit s’ajoute un travail précis sur le montage. Assemblé comme un puzzle de flashbacks qui assurent un rythme haletant au métrage, «The Loft» se révèle un formidable thriller psychologique mâtiné de paranoïa. La mise en scène glaciale d’Erik Van Looy finit par convaincre le spectateur sceptique. Ceux qui adorent les films d’enquête à la recherche du parfait coupable adoreront.

Une belle surprise!

Sortie nationale: le 15 octobre.
Première mondiale: le 14 octobre avec l'équipe du film au «Film Fest Gent».

Note:
Critique: Professeur Grant

Commentaires

  1. J'avais vu la "version originale" flamande. Ce que j'en ai retenu : terriblement bien ficelé, bien joué, bien pensé, bien filmé.
    Un bon policier sans explosions dans tous les sens !

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