Interstellar


Le film raconte les aventures d’un groupe d’explorateurs qui utilisent une faille récemment découverte dans l’espace-temps afin de repousser les limites humaines et partir à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire. 







«Interstellar», c’est l’Arlésienne par excellence. Plus de sept ans qu’on l’attend de pied ferme celui-là! Sept années pendant lesquelles le projet était en développement à Hollywood. A l’origine, c’était ce bon vieux Steven Spielberg qui devait le mettre en scène. Le hic, c’est qu’avec sa kyrielle de projets qui lui tenaient particulièrement à cœur (entendez Indiana Jones 4, Tintin, Lincoln), le réalisateur croulait sous les propositions et a finalement dû jeter l’éponge. Au même moment, Christopher Nolan était à la recherche d’un script pour son prochain métrage. Avec son frère Jonathan, ils ont décidé de réécrire le scénario.

Exit donc le space opera avec la jungle luxuriante à la «Avatar», les robots humanoïdes, les scènes d’action trépidantes, les rencontres avec ce qu’il reste d’une colonie chinoise qui a naguère devancé la NASA, les extra-terrestres providentiels façon deus ex machina etc. La fratrie Nolan revoit tout de fond en comble au point qu’aucun autre intervenant n’est cité pour la confection du récit. Au divertissement pur et dur, les Nolan choisissent la quête métaphysique. A l’épopée interstellaire imaginée par le papa de «Rencontre du troisième type», ils préfèrent le voyage initiatique et intime. Adieu le merveilleux et l’exploration aventureuse si chers à Tonton Spielby. La Nolan Family opère une orientation totalement différente, entre lyrisme et mysticisme.


Disons-le tout de go, on est resté quelque peu circonspect devant un scénario aussi généreux en incohérences. Question maladresse, nous sommes aussi gâtés. L’emphase solennelle et l’horripilant happy-end plombent également le visionnage du cinéphile qui se dit assez vite qu’il doit absolument faire abstraction du gloubi-boulga scientifico-spiritualiste et accepter naïvement ce qu’on lui donne à voir s’il veut profiter un tant soit peu des deux heures cinquante de métrage. Cela dit, autant on aurait pu pardonner quelques délires dans un spectacle grand public, autant, ici, dans un registre nettement plus réaliste, certaines absurdités ont du mal à passer. 


A côté de cela, on ne peut pas s’empêcher de complimenter le jeu des acteurs, tous irréprochables, le très bon travail de composition musicale de Hans Zimmer et la qualité des effets-spéciaux en tout point magnifiques. Le spectateur est cloué sur son siège et vit cette épopée intergalactique émaillée de nombreux rebondissements dans un tourbillon émotionnel et visuel dont il n’en sortira pas indemne. On regrettera toutefois un manque d’ambition dans la mise en scène, parfois brouillonne lors des rares scènes plus ou moins épiques.


Si cette odyssée spatiale se veut monumentale de par ses prétentions formelles, on se situe aux antipodes du film majeur de l’année et encore plus loin du chef-d’œuvre de science-fiction annoncé. Le métrage doit se voir tel qu’il est, soit un honnête mélodrame écolo sidéral et sidérant. Bon? Oui. Excellent? Non. 

Cote:
Critique: Professeur Grant

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