Spy


Susan Cooper est une modeste et discrète analyste au siège de la CIA. Héroïne méconnue, elle assiste à distance l’un des meilleurs espions de l’agence, Bradley Fine, dans ses missions les plus périlleuses. Lorsque Fine disparaît et que la couverture d’un autre agent est compromise, Susan se porte volontaire pour infiltrer le redoutable univers des marchands d’armes et tenter d’éviter une attaque nucléaire…







Cette année, James Bond en prend plein la figure. Est-ce parce que de nouvelles aventures sont attendues en automne dans le «Spectre» de Sam Mendes (Skyfall), toujours avec ce bon vieux Daniel Craig? Mystère et boule de gomme… Après le so british «Kingsman: The Secret Service» avec le délicieux Colin Firth, c’est au tour des Américains de balancer leur parodie avec «Spy». Pour tourner l’agent secret de sa Majesté en dérision, faites confiance à Melissa McCarthy. Celle qui nous vient du stand-up est peut-être ce qui est arrivé de mieux à la comédie américaine ces dix dernières années. En l’espace d’une poignée de longs métrages, la comédienne a réussi à asseoir son aura comique au sein du tout Hollywood. Un style singulier, une voix reconnaissable d’entre toutes, un faciès tel un kaléidoscope de simagrées, la quadragénaire possède en outre ce talent de pouvoir transformer une séquence somme toute banale en scène désopilante et déjantée. Cette dernière parvient même à voler la vedette aux têtes d’affiche de films où elle n’incarne qu’un personnage secondaire. Un génie qui lui a déjà value une nomination à l’Oscar. Remember: c’était en 2012 pour son rôle de l’irrésistible bourrine Megan dans «Bridesmaids» de Paul Feig. Culte!

Merveilleuse transition, Paul Feig est justement un réalisateur que l’actrice a très vite retrouvé par la suite. C’était en 2013 pour «The Heat», un buddy-movie quelque peu poussif avec Sandra Bullock. De vous à moi, une pantalonnade qui ne restera pas dans les annales de la comédie US. Et puis, comme le dit l’adage, jamais deux sans trois. Aujourd’hui, Melissa McCarthy joue les espionnes pour le même metteur en scène, lequel s’est amusé pour sa part à écrire une parodie de Bond, James Bond (voir le générique). Ecrivons-le d’emblée, son «Spy» n’apporte rien de neuf à ce genre plus qu’éculé. Des pastiches de films d’espionnage, il en sort treize à la douzaine chaque décennie. La plupart tombe aux oubliettes. Pour un excellent «Kingsman: The Secret Service», combien de navets nous faut-il endurer… 



Mais est-ce que «Spy» est à l’image de son titre, c’est-à-dire peu inspiré? Oui. Clairement oui! Toutefois, le film est sauvé non pas par son scénario, cousu de fil blanc, mais par la qualité de la distribution: la tchatche de Melissa McCarthy, le flegme british auto-parodique de Jude Law en espion narcissique, les élucubrations mémorables d’un Jason Statham à contre-emploi qui joue ici un sombre abruti macho de toute première classe, sans oublier l’hilarante Miranda Hart et un excellent Peter Serafinowicz, savoureux en barbouze rital aux mains baladeuses. Tout ce beau monde se promène dans un récit pas franchement folichon mais qui a cependant le mérite de ne laisser aucun temps mort. Pas une minute de répit n’est accordée au spectateur. Paul Feig dynamise sa fiction délirante non pas à coup de scènes d’action tonitruantes mais au moyen de dialogues drôlissimes et de punchlines bien senties. C’est con mais qu’est-ce que c’est bon! 



L’intrigue convenue, voire anodine, sert finalement de prétexte pour détourner les codes du genre. Et, nonobstant nos réticences en début de métrage, il faut avouer que la sauce prend. Car Paul Feig a pu réunir les principaux ingrédients qui forment une bonne recette de comédie: un casting en or massif, un certain sens du rythme, une louche de dérision ainsi qu’une dose bien sentie d’impertinence (métaphores trash, phallus énorme sur grand écran… on en passe et des meilleurs!). D’aucuns diront que l’humour est douteux. Nous, on y a vu une galéjade potache qui s’affirme sans complexe. Si lors de l’avant-première belge de «Spy», il y a deux semaines, peu de spectateurs avaient finalement fait le déplacement, les quelques privilégiés ont souvent ri aux éclats faisant penser que la salle était pleine. Bref, mission réussie pour l’équipe du film.


Note: 
Critique: Professeur Grant

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