The Night Before


Trois amis d'enfance se rendent à New York pour leur traditionnelle sortie annuelle du réveillon de Noël.





Vous l’avez sans doute remarqué dans les programmes télé. Les chaînes privées (et publiques - parce que quoi qu’on en dise, elles produisent toutes «the same old shit» en fin de compte) font la part belle aux fictions prenant pour cadre les festivités de Noël. Et oui, c’est reparti pour les «Home Alone», «Le Père Noël est une Ordure», «La Course aux Jouets» et j’en passe et des meilleurs… Ou des pires, c’est selon. Car on a aussi droit à tous ces téléfilms vendus en family pack soldés à nos télévisions par des distributeurs qui ne savent plus trop à qui les refourguer. 


Vous savez, ces produits con-con-cul-cul qui racontent tous peu ou prou la même histoire: il faut retrouver les cadeaux de Papa Noël, Maman ne sera jamais à l’heure pour le dîner, on est en panne au beau milieu de nulle part alors qu’on doit se rendre au réveillon de papy à l’autre bout du pays, je suis malade et je veux vivre le plus beau des Noël, je suis le cousin de Santa et je n’arrive pas à me faire une place dans la famille des elfes… Bref, vous voyez le topo! On les repère vite sur la grille TV, ils commencent par «Miracles sur…», «Le plus beau des…», «Joyeux Noël à…» etc. 



Avec «The Night Before», sorti il y a quinze jours dans les salles obscures, on reste bien dans le con-con, mais on évite soigneusement le cul-cul. C’est toujours ça de pris, notera l’optimiste. Cela dit, voilà encore un long métrage qui n’aura survécu qu’une seule et unique semaine dans les trois cinémas du royaume qui ont osé le diffuser. Et pour cause, nous étions six dans la salle. Avec son histoire d’indéfectible amitié, sa musique enchanteresse, sa voix-off de bon Santa Claus, la présence d’elfes, comme si le tout était enrobé dans un papier cadeau avec des sapins joliment décorés, «The Night Before» a tout du bon film de Noël par excellence. 



Mais même sorti en décembre, entendez donc dans le meilleur des contextes, ce conte rigolard n’aura pas fait long feu. Nous l’avions prédit car, de fait, son sort était joué d’avance. Sony n’ayant engagé aucun budget pour sa promotion tandis que les critiques, hormis l’un ou l’autre illuminé, ont brillé par leur absence. Merci la presse! En France, le distributeur a carrément décidé de ne pas le diffuser. Le raz-de-marée «Star Wars» n’aidant pas… Dommage, car le film ne manque pas de qualités. Bon, on ne va pas se mentir, on est bien loin du métrage incontournable. Mais ce dernier n’a pas à rougir face aux autres comédies hollywoodiennes qui pullulent les mercredis. 



Après avoir livré un très beau «50/50», une comédie douce-amère sur l’impact de la maladie dans les interactions amicales et affectives, le trio gagnant Jonathan Levine – Joseph Gordon-Levitt – Seth Rogen revient avec une farce moins subtile sur les relations entre potes. Particularité: tout se passe le soir de Noël, période qui a scellé la fraternité d'une bande de copains lors des années collège lorsque l’un d'eux a perdu ses parents dans un accident. C’est alors qu’une nouvelle famille s’est formée pour lui. Du coup, chaque 24 décembre, le réveillon est propice à une soirée démentielle pour célébrer ce moment unique. Sauf que cette fois-ci, ce sera la der des ders, symbole du passage à l’âge adulte. C’est que les responsabilités deviennent de plus en plus lourdes à porter; la parenté pour l’un, la célébrité pour l’autre. Reste notre orphelin au milieu qui a du mal à construire sa vie. 

Les détracteurs du cinéma proposé par le duo Seth Rogen - Evan Goldberg (This Is The End, Superbad, The Interview) diront que, comme à l’accoutumée, on nage dans le vulgos bien lourd, le trash gratuit et l’humour scatologique. C’est pas faux! C’est donc sans surprise qu’on assistera à une scène de vomissure ou des moments sous influence de produits illicites. Rien de nouveau sous le soleil donc. Mais, ce serait réducteur. Car on y trouve également de vrais instants de comédie avec l’une ou l’autre fulgurance désopilante. La scène de repas de Noël où des phallus sont envoyés sur un smartphone malencontreusement échangé est, à ce titre, extraordinaire. Evidemment, il faut pouvoir rire d’un humour qui se place résolument en dessous de la ceinture, sans quoi on restera de marbre face à toutes ces joyeusetés. 

Certains gags s’avèrent faciles et les vannes pas toujours fines mais, dans l’ensemble, le déferlement potache livré par les protagonistes, totalement à l’aise dans l’art de dérider, participe à donner un véritable moment de détente comme tout bon feel-good movie qui se respecte. On y retrouve Seth Rogen, fidèle à lui-même, Joseph Gordon Levitt, capable de nous faire passer des rires aux larmes en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, ainsi qu’Anthony Mackie, comme un poisson dans l’eau. On appréciera en outre la manière dont nos joyeux lurons se jouent des conventions et tournent en dérision le placement produit (la limo Red Bull). Grâce à ce casting, on se met à vivre par procuration cette débauche totale où, nonobstant la bacchanale, l’esprit de Noël survivra. 

Enfin, «The Night Before» vaut également pour ses caméos (James Franco, Miley Cyrus, Tracy Morgan) mais surtout pour l’interprétation délirante de Michael Shannon, à contre-emploi en dealer plutôt louche. On ne vous le cache pas, on se fait l'avocat du diable car on a un petit faible pour le cinéma produit par Seth Rogen et ses comparses («Zack & Miri Make a Porno», notre inavouable film de chevet). Après tout, on a tous nos petits vices cinématographiques cachés. Le tout étant de les assumer, n’en déplaise à certains. 

Note: 
Critique: Professeur Grant (méchamment influencé par une dénommée «Julie» pour la cotation finale)

Ps: Et puis, tant qu'on y est... Joyeux Noël!

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