The Jungle Book


Les aventures de Mowgli, un petit homme élevé dans la jungle par une famille de loups. Mais Mowgli n’est plus le bienvenu dans la jungle depuis que le redoutable tigre Shere Khan, qui porte les cicatrices des hommes, promet d’éliminer celui qu’il considère comme une menace. Poussé à abandonner le seul foyer qu’il ait jamais connu, Mowgli se lance dans un voyage captivant, à la découverte de soi, guidé par son mentor la panthère Bagheera et l’ours Baloo. Sur le chemin, Mowgli rencontre des créatures comme Kaa, un pyton à la voix séduisante et au regard hypnotique et le Roi Louie, qui tente de contraindre Mowgli à lui révéler le secret de la fleur rouge et insaisissable : le feu.






Introduction: le recyclage selon Mickey

Le durable impose le recyclage. Disney l’a bien compris. Pourquoi s’entêter à imaginer de nouvelles histoires (perte de temps, d’argent, d’énergie…) alors qu’il suffit de piocher dans son catalogue pour produire un nouveau métrage qui n’a de neuf que l’apparente sortie en salles. La mode aujourd’hui ? Non pas le remake ou le reboot, devenus banals, mais la recirculation en film-live des dessins animés cultes d’antan passés dans l’inconscient collectif. Après le «Alice in Wonderland» (bof, bof) de Tim Burton et autres «Maleficent» (bonne surprise) de Robert Stromberg ou «Cendrillon» (mauvaise surprise) de Kenneth Branagh, voilà-t-il pas que déboule sur nos écrans la relecture disneyenne du conte inoxydable de Rudyard Kipling: The Jungle Book. «Parfait», s’exclament les pontes du studio aux grandes oreilles, en se frottant les mains. Comme dans un cartoon de Tex Avery, les dollars clignotent dans les yeux.

La manne à fric est évidente: un produit formaté, du coup facilement marketable car connu de tous, et qui sera distribué sans aucune difficulté sur toute la planète. En effet, aucun parent, même indigne, refusera d’aller voir avec ses rejetons une resucée avec la joyeuse paire formée par Baloo et Bagheera. L’actuel carton au box-office n’est qu’une conséquence logique d’une stratégie mercantile privée de toute ambition artistique. Et comme «un c’est bien, mais deux c’est mieux», vous serez ravis d’apprendre qu’une autre version verra le jour prochainement: Warner produit actuellement «Jungle Book: Origins», réalisé par Andy Serkis, maître ès motion-capture depuis ses rôles de Gollum (la saga The Lord of The Ring) et César (la franchise Planet of The Apes). Alors, heureux ?


Nihil novi sub sole

S’appuyant assez logiquement sur le «Classique» animé de Wolfgang Reitherman sorti en 1967, Jon Favreau (Iron Man, Cowboys & Aliens, Chef) parvient tout de même à s’extirper du fameux chef-d’œuvre pour proposer sa propre vision de l’histoire, avec une noirceur totalement assumée, sans toutefois renier l’héritage laissé par la maison de Mickey. Soit un savant mélange entre séquences connues de tous mais revisitées et fantaisies originales. Tout cela fait naître chez le cinéphile un sentiment ambivalent, à la fois heureux de retrouver ce qu’il connaît, c’est l’effet nostalgique, et déçu de retrouver ce qu’il connaît, çà, c’est la lassitude. Hollywood n’aura jamais autant fonctionné à la madeleine de Proust ces derniers mois (Jurassic World, Star Wars…). Une facilité qui éloigne le cinéma d’Hollywood du «septième art» qu’il est censé représenter.

Menée tambour battant, cette relecture est aussi efficace qu’attendue. Qu’on se le dise, sur le plan scénaristique, c’est plutôt «nihil novi sub sole». Tout au plus le réalisateur dynamite le récit avec des scènes spectaculaires histoire d’envelopper son long-métrage d’une facture moderne, soit celle d’un blockbuster contemporain qui ne fait pas l’économie du tridimensionnel, s’oblige un final aux proportions démesurées à grand renfort d’effets pyrotechniques et s’octroie en sus un déballage d’images de synthèse. Des CGI en veux-tu, en voilà usités à bon escient comme en témoigne le photoréalisme de la faune et la flore de cette fameuse jungle luxuriante.


Casting vocal royal

Hormis Mowgli (extraordinaire Neel Sethi, notre coup de cœur!), tout ce qu’on peut voir à l’écran est cent pour cent numérique. En réalité, les mammifères du film sont nés d’un savant mélange entre plusieurs techniques différentes parmi lesquelles l’analyse des mouvements de véritables animaux sauvages évoluant dans leur milieu naturel ainsi que la performance capture. Qu’on se le dise, le résultat est hallucinant et laisse coi. Les équipes des effets spéciaux ont réussi la gageure de donner vie à leurs propres créatures, aussi vraies que nature, tout en altérant leurs traits avec parcimonie pour que leurs visages collent avec la performance des acteurs.

Des comédiens qui s’illustrent tous au sein d’un casting vocal prestigieux. Si le rendu des animaux parlants perturbe voire gêne au début du métrage, très vite le doute s’évapore laissant place à un plaisir non feint grâce aux dialogues savoureux et à l’exquise interprétation de la distribution toute entière: la voix suave de Ssssscarlett Johansssssson (Kaa) dans «Trust in Me», l’extraordinaire «Bare Necessities» entonné par un impérial Bill Murray (Baloo), le timbre de voix glaçant d’Idris Elba (Shere Khan), la sagesse de Ben Kingsley (Bagheera) ou encore l’extraordinaire Christopher Walken (King Louie), imposant comme jamais dans une séquence simiesque très réussie; ce dernier se permettant même de transcender le fameux «I Wan’na Be Like You».


Conclusion: «Il en faut peu pour être heureux»
Au moyen d’une mise en scène soignée et dynamique, Jon Favreau démontre que le cinéma est définitivement l’art de l’illusion. Tout paraît vrai et pourtant tout est faux grâce à la prouesse technologique. Si le grand spectacle est au rendez-vous, l’ensemble pèche toutefois par un déficit d’émotions, l’une ou l’autre scène ratée (spoiler: la disparition d’Akela, la patrouille des éléphants – où est Colonel Hati ?) et une démesure aberrante (Kaa et le Roi Louie sont disproportionnés voire… pachydermiques). A ce titre, la version animée reste indétrônable en tant que référence absolue. Cela posé, cette relecture 2016 du best-seller est un divertissement familial de haute qualité qui ne doit pas vous faire hésiter à aller le découvrir dans les salles obscures pour, l’espace d’un moment, retourner en enfance et vivre un vrai moment d’enchantement. Rappelez-vous, «il en faut peu pour être heureux». 

Note: 
Critique: Professeur Grant

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