X-Men: Apocalypse




Depuis les origines de la civilisation, Apocalypse, le tout premier mutant, a absorbé de nombreux pouvoirs, devenant à la fois immortel et invincible, adoré comme un dieu. Se réveillant après un sommeil de plusieurs milliers d'années et désillusionné par le monde qu'il découvre, il réunit de puissants mutants dont Magneto pour nettoyer l'humanité et régner sur un nouvel ordre. Raven et Professeur X vont joindre leurs forces pour affronter leur plus dangereux ennemi et sauver l'humanité d'une destruction totale.





«Le troisième est toujours le pire», lance la mutante Jean Grey au détour d’une conversation sur le «Retour du Jedi». Voilà une réplique qui ne passera pas inaperçue auprès du fan club de la saga «X-Men» et qui sonne presque comme une profession de foi pour le réalisateur Bryan Singer. Comment ne pas lui donner raison au sortir de la projection de ce troisième épisode de la prélogie, nous, aficionados encore traumatisés du regrettable «The Last Stand» torché par un Brett Ratner dépassé, lequel clôturait la trilogie initiée à l’aube des années 2000 par un jeune surdoué abreuvé aux Comics, je vous le donne en mille, Bryan Singer.

Ce dernier n’a jamais caché son aversion par rapport à «L’Affrontement final». De même que par autodérision ou par sursaut de lucidité, celui-ci confirme que cet «Apocalypse» est en deçà des autres volets. Humour ? Mea culpa ? En est-il réellement conscient ou est-ce une boutade destinée à ravir les fans ? En définitive, le cinéphile n’en a cure. Peu lui chaut étant donné que seule la qualité de l’œuvre compte. Et dans ce cas-ci, le résultat est on ne peut plus décevant.

Un sentiment mitigé dominé par la déconvenue qu’impose la figure du mal proposée dans ce film. Un vilain aux contours grossiers, sans nuances ni psychologie approfondie nonobstant le talent d’Oscar Isaac (vu dernièrement dans Star Wars: The Force Awakens), irréprochable à son niveau. Considéré comme une divinité au temps des pyramides, il est surtout le premier mutant de l’Histoire. Son objectif est simple et ne vous demandera pas de solliciter plus d’un neurone: gloire à son espèce, sus aux faibles. L’humain doit être réduit à néant. Mais ne craignez rien, les X-Men veillent au grain.

Le fond n’attise par la curiosité, les enjeux sont minces, l’histoire déjà vue deux mille deux cent quatre-vingt-six fois - à peu près - auparavant, les dialogues nigauds et le récit, en définitive, pèche sérieusement par son manque d’originalité, d’audace et de créativité. Même si le film annonce la fin du monde, on se fout pas mal du sort réservé à l’humanité tant l’émotion est aux abonnés absents. Un péril de pacotille qui nous empêche de réellement vibrer aux aventures de Mystique, Professeur X, Magneto et compagnie.

Cela posé, le métrage n’a pas à rougir face à la concurrence, entendez les autres productions super-héroïques servies cette année. A contrario de l’irregardable «Batman V Superman: Dawn of Justice» chez Warner et au dispensable «Captain America: Civil War» chez Disney, cette production Fox s’affiche comme un divertissement fluide, efficace et peu ou prou cohérente par rapport aux autres chapitres de la franchise. Ce blockbuster remplit son contrat d’entertainment et se situe clairement au-dessus de la mêlée nonobstant ses nombreuses imperfections.

Si la direction artistique a de quoi heurter la rétine (l’introduction… tout comme la conclusion), Bryan Singer fait montre de toute sa science pour usiner des morceaux de bravoure pop hallucinants à l’image de l’irrésistible séquence de sauvetage des élèves de l’école des mutants par le génialissime Quicksilver ou encore de l’impressionnante scène de libération d’un fauve bien connu des inconditionnels, d’une brutalité rarement rencontrée dans la saga. Si certains moments parviennent à nous scotcher, d’autres s’avèrent totalement maladroits à l’instar de cet épisode malheureux sur le site intouchable d’Auschwitz. Quelle infamie!

Le climax, lui, comporte tout ce qu’on abhorre dans les blockbusters hollywoodiens contemporains, soit une surenchère numérique alimentant un final convenu tiré en longueur où les effets pyrotechniques supplantent les sentiments et toute contextualisation. Quant à la mise en scène, elle achève le spectateur avec ses (trop) nombreux mouvements de caméra nauséeux.

Enfin, concernant la distribution des nouveaux venus, pour quelques bonnes pioches (Tye «Mud» Sheridan en Cyclope ou Sophie «Game of Thrones» Turner en Jean Grey), on se retrouve avec quelques erreurs de casting à l’instar d’Alexandra Shipp en Tornade ou de Ben Hardy en Angel. Olivia Munn, elle, endosse le rôle de faire-valoir sexy censé exciter les pontes marketing de la Fox dans leur ambition de vendre le film sur le marché international. Bref, il y a à boire et à manger dans ce cinéma fast-food qui provoque l’indigestion. 

Note: 
Critique: Professeur Grant

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