Fantastic Beasts and Where to Find Them
Les
aventures de Norbert Dragonneau, l'auteur du livre Les Animaux
Fantastiques qu'étudiait Harry Potter. 1926. Norbert Dragonneau
rentre à peine d'un périple à travers le monde où il a répertorié
un bestiaire extraordinaire de créatures fantastiques. Il pense
faire une courte halte à New York mais une série d'événements et
de rencontres inattendues risquent de prolonger son séjour. C'est
désormais le monde de la magie qui est menacé.
'Fantastic Beasts and Where to Find Them', une remarquable addition à l'univers de J.K. Rowling ou une façon pour la Warner - en manque de grosses sorties - de procéder à une opération mercantile de grande envergure ? Les quatre suites déjà annoncées en disent long.
Si
on peut critiquer la décision de Peter Jackson de faire du livre
'The Hobbit' (± 400 pages) trois films ou encore celles de tirer en
longueur les épilogues de célèbres sagas ('The Hunger Games',
'Harry Potter' ou encore 'Twilight'), que dire de 'Fantastic Beasts
and Where to Find Them' ? Le livre(t), long d'une centaine de
pages, se résumait à l'origine à un bestiaire de créatures
magiques.
Après
la vision de ce nouvel épisode dans le monde du sorcier à la
célèbre cicatrice frontale, nous sommes en droit de nous demander
si cette adaptation était vraiment nécessaire.
'Fantastic
Beasts (…)', c'est un
croisement carrément improbable entre Harry Potter et Pokemon. En
d'autres mots, l'affiche du film aurait du porter la mention « Catch
them all » (« Attrapez-les
tous »). En grattant un
peu, nous nous disons que c'est une façon
détournée
pour J.K. Rowling d'étendre l'univers HP sur
grand écran et
par la même occasion de
multiplier les
références aux derniers
chapitres
publiés sur
Pottermore (nous pensons
notamment à Ilvermorny,
l'école rivale de Hogwarts
située aux États-Unis).
Fort
heureusement pour la franchise, des acteurs talentueux (Eddie
Redmayne en tête), des effets spéciaux convaincants (pour la
plupart) ainsi qu'une réalisation convenable sont au rendez-vous.
Mais nous cherchons toujours un éventuel fil rouge.
« Voldemort ? Laissons-le tranquille, le bougre.
Gardons-le au frais pour un prochain épisode. Prenons plutôt un
autre grand mage noir et invitons-le dans une histoire de prime abord
toute gentillette ». C'est certainement ce qui s'est dit en
pré-production. De là à dire que le scénario ne vaut pas un
kopeck… non, nous n'irions pas jusque-là.
Compte
tenu du fait que J.K. Rowling fut fort occupée en 2016 (avec la mise
sur pied de la pièce de théâtre 'Harry Potter and the Cursed
Child' et la publication du script de ladite pièce), nous nous
disons que la romancière a du opérer des choix.
En
témoigne le score du film sur le site Rotten Tomatoes qui est passé de
100 % de critiques positives à seulement 77 à l'heure où nous
écrivons ces lignes. Certes, cela reste correct mais quand on sait
que la Warner n'avait pas le droit à l'erreur au vu d'un bilan à la
baisse avec ses adaptations de l'univers DC comics ('Man of Steel', 'Batman v Superman', 'Suicide Squad'), nous sommes en droit de nous
demander si les « Warner Brothers » n'auraient pas jeté
un sortilège d'Imperium sur les pauvres journalistes Moldus qui
furent les premiers à découvrir le film.
Au
sortir de la projection, nous n'avons qu'une seule envie :
sortir notre baguette magique et prononcer la formule : « oubliettes
».
Note : ★★
Critique :
Goupil
N.B.: Prochaine
épisode le 16 novembre 2018.
Autre critique, autre point de vue: Fantastic Beasts and Where to Find Them
Que la Warner s’obstine à asseoir David Yates sur le siège de metteur en scène relève de l’ineptie, sinon de l’irresponsabilité. Le Britannique nous a quand même commis les plus mauvais épisodes de la très lucrative saga « Harry Potter ». Des producteurs aux anges lorsqu’ils ont appris que J.K. Rowling préparait une nouvelle franchise cinématographique dans l’univers partagé du jeune sorcier à la cicatrice frontale. Non content d’avoir une nouvelle histoire à raconter, la production a donné le poste de scénariste à l’auteure, laquelle affiche un désir de contrôle manifeste. Ne tournons pas autour du pot : c’est une fausse bonne idée. Deux erreurs consécutives qui vont avoir une incidence malheureuse sur la qualité de ce « Fantastic Beasts & Where To Find Them ».
On en veut pour preuve le premier tiers du film qui reprend laborieusement de longues séquences d’exposition. Terriblement lent, faute d’enjeux narratifs, on attend une amorce qui ne vient pas. Il n’y a pas ce coup de fouet qui nous fait entrer dans le récit. Les scènes durent, s’allongent, s’étirent sans que pour autant la narration embraye le pas. Alors, on peut effectivement s’extasier devant le bestiaire imaginé par la romancière et apprécier les effets spéciaux, les formules magiques et autres références bien connues des aficionados, mais ce n’est pas suffisant pour passionner le tout-regardant. Il aurait fallu une réalisation inventive et originale pour combler les carences scénaristiques. Le hic, c’est que Yates a très peu d’idée de mise en image. Tout est dévoilé sans mystère, sans inventivité, sans magie. Un comble pour un monde de sorciers !
Il tentera bien çà et là de faire de l’épate avec des effets d’esbroufe… en vain ! Car le cinéphile n’est pas dupe. L’Anglais réfléchit à aucun de ses plans et s’appuie sur le seul savoir-faire de ses techniciens. Il y a très peu d’ambition visuelle dans ce blockbuster sans âme suintant l’oseille à plein nez. Car c’est bien là que se situe le problème. C’est un métrage de producteur et non de réalisateur. Une simple commande qui ne convoite rien d’autre que le statut de produit commercial censé faire sonner le tiroir-caisse. Sur chaque plan, on hume le parfum pestilentiel du service marketing du studio, lequel se fout de la créativité de l’œuvre comme de l’an quarante. Ainsi, la quête du lucre supplante la recherche artistique avec une facilité écœurante.
Rowling était attendue au tournant en conduisant seule le récit, négligeant par là le métier de scénariste. Mais, comme le dit l’adage, « femme au volant, mort… » Une galéjade, bien sûr. Mais tout de même : qu’est-ce qui lui a pris ? Son script pèche par une intrigue simpliste qui manque de consistance. Une trame terriblement banale qui voit le « magizoologiste » Newt Scamander débarquer dans la Grande Pomme des roaring twenties. Par inadvertance, ce dernier laisse s’échapper des créatures féroces dissimulées dans les recoins magiques de sa valise. Flanqué du sympathique pâtissier Jacob, un « no-maj » (entendez un « moldu »…, bref un « non-sorcier »), le voilà parti retrouver ses « Animaux fantastiques » disséminées dans la nature. Problème : il suscite la méfiance du MACUSA (Magical Congress of USA), l’aréopage de sorciers du pays de l’Oncle Sam.
Si certaines péripéties sont plaisantes, l’ensemble manque de fluidité, de cohérence et même de rythme. On regrette également certaines exagérations : trop de romance à la mords-moi le nœud (une idylle c’est bien, deux amourettes c’est mieux… ou pas !), trop de scènes bancales (séquence WTF en puissance au zoo de New-York notamment), trop d’effets spéciaux (ne pouvait-on pas être plus subtile lors du climax ?) et surtout beaucoup trop long (2h13… avec si peu de matière, seriously ?). Heureusement, l’ensemble est sauvé par une distribution irréprochable où illumine l’oscarisé Eddie Redmayne (The Theory of Everything). Ses acolytes sont impeccables (Katherine Waterstone, Dan Fogler, Alison Sudol) tout comme les mystérieux Colin Farrell, Ezra Miller et Samantha Morton.
Ni totalement mauvais, ni vraiment bon, ce « Fantastic Beasts » est à l’image de la mise en scène de David Yates : bancal. Et dire qu’il a montré son intérêt pour signer les quatre (!) suites… Au secours !
Note: ★★
Critique: Professeur Grant
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